par Gilles Munier
Depuis la fin de la Première guerre mondiale, le nombre des Turcomans (1) en Irak a été constamment minorée. Ils sont aujourd’hui - selon les dirigeants de cette communauté - entre deux et trois millions, répartis sur un territoire qu’ils appellent Turkmeneli, et qui s’étend en diagonal du sud de la Région autonome du Kurdistan près de la frontière syrienne, jusqu’à celle avec l’Iran. Des Turcomans, relativement nombreux, résident à Bagdad et à Erbil, ville turcomane octroyée aux Kurdes.
L’agression de l’Irak par les Etats-Unis a eu pour conséquence la réactivation du plan « Grand Kurdistan » avec Kirkouk pour capitale et le nettoyage ethnique des villages turcomans par les peshmergas. Leurs revendications identitaires réveillées, les Turcomans sont - comme les Arabes et certains Assyriens - en résistance ouverte contre l’occupant et ses alliés.
Les fils de la louve blanche
L’origine des Turcomans irakiens – anciens nomades venus d’Asie centrale - est entourée de légendes. Une des plus anciennes leur donne pour ancêtres – comme aux autres peuples turcs - les fils d’une louve blanche (2). Selon cette légende, une louve aurait recueilli et élevé un enfant, seul survivant du génocide d’un peuple appelé Hionh-nu. Plus tard, le jeune homme se serait uni à l’animal pour donner naissance à dix garçons. Devenus adultes, les enfants se seraient mariés à des femmes de peuples de la région. Leur descendance constitue les tribus connues sous le nom d’Oghouzes (3).
Selon une autre légende, les peuples turcs descendraient d’Oghuz Khan surnommé « le Père des Turkmènes ». Il aurait eu six fils de ses deux épouses, puis vingt-quatre petits enfants qui sont les ancêtres des différentes tribus Oghouzes. Les musulmans turcs expliquent la conversion rapide de ces dernières à l’islam par la filiation d’Oghuz Khan avec Abraham.
Originaires du royaume de Touran, selon ces légendes (4), les Turcomans s’installèrent en Mésopotamie, en Perse et en Anatolie, bien avant la conquête de l’empire byzantin par les Turcs en 1453. Ils y jouèrent partout un rôle essentiel jusqu’à la disparition de l’Empire ottoman.
La défense de l’islam et de l’Irak
Les premiers Turcomans sont arrivés en Irak au 7ème siècle. La première vague comprenait 4 000 guerriers et leur famille, originaires de la région de Boukhara en Asie centrale. Ils avaient été recrutés par Oubeydullah Bin Ziyad, gouverneur omeyyade de Bassora, qui appréciait leur courage au combat et leur habilité au tir à l’arc. Un second contingent les rejoignit pour protéger Wasit, la capitale de l’Irak fondée en 702 par Al Hajjaj ben Yusuf, demeuré dans les mémoires comme un des plus terribles dirigeants que l’Irak ait connu (5).
Les califes abbassides Abou Jaffar Al-Mansour (754-777), Haroun Al-Rachid (786 - 809) et Al-Maamoun (813-833) firent également appel à eux, et en plus grand nombre, pour constituer l’élite de leurs armées.
En 835, 40 000 Turcomans s’installèrent à Samarra, nouvelle capitale bâtie par le calife Al-Mu’tasim, pour fuir les troubles incessants qui secouaient Bagdad. A la mort de ce dernier, ils se fixèrent au sud de Kirkouk.
La seconde vague turcomane pénétra en Irak à partir de 1055 derrière Tugrul Bey « le Prince Epervier », chef des Turcomans seljoukides (6) qui libéra Bagdad de la domination bouyide (7). Tout en maintenant pour la forme le califat, il fonda une dynastie qui règnera sur l’Irak jusqu’à ce que le calife Al-Nasir s’en débarrasse en 1225.
L’atabeg turcoman – prince gouverneur - de Mossoul Imad ad-Din Zengi (1127-1146) conquit Alep et participa au djihad contre les Croisés. Après sa mort, son fils Nour-Eddine envoya en Egypte Salah-Eddine Al Ayoubi (Saladin), un des ses officiers kurdes. Il y prendra le pouvoir en 1169, renversera la dynastie fatimide, et reprendra Jérusalem aux Croisés le 2 octobre 1187. Au cours des 12ème et 13ème siècles, d’autres atabegs turcomans, à Erbil et Kirkouk, dirigeaient des Etats quasi indépendants.
La prise de Bagdad par les Mongols en 1258 mit fin au califat abbasside. Ibn Al-Alkami, le vizir d’Al Mouta’sim, le dernier calife, qui soutenait ces derniers dans l’espoir de voir accéder au trône un descendant de l’Imam Ali, fut nommé vizir du nouveau gouverneur d’Irak par Houlagou Khan. Il est l’archétype du « traître chiite » pour les Irakiens qui comparent son rôle à celui joué par les groupes chiites pro-iraniens dans l’agression américaine contre l’Irak, le renversement de Saddam Hussein, et leur collaboration avec les forces d’occupation.
La dynastie mongole Ilkhanide se maintint jusqu’en 1334, date à laquelle le général Hassan Burzug Al-Jalairi s’empare du pouvoir tout en continuant à considérer les Mongols comme les souverains légitimes du pays. Les Jalairides s’y maintiendront jusqu’en 1410. Sous leur règne, l’Irak fut envahi en 1474 par les Moutons Noirs (Qara-Koyunlu), une tribu turcomane venue de Van en Anatolie. Ils prirent Mossoul. En 1393, Timour–le-Boiteux (Tamerlan), prince turcoman de Samarcande, envahit à son tour le pays, détruisant Tikrit, Mossoul, puis Bagdad en 1401. Il permit aux Moutons Blancs (Aq-Koyunlu) - ennemis héréditaires des Moutons Noirs - de consolider leur implantation de Diyarbakir au nord de l’Irak. Les Moutons Noirs revinrent à la charge en Irak en prenant Bagdad en 1410, mais en furent expulsés en 1467 par les Moutons Blancs.
La troisième vague turcomane arriva sous l’Empire Ottoman, notamment avec la prise de Bagdad par Soliman le Magnifique en 1534, puis de Mourad IV qui mit les Perses safavides en déroute en 1638.
Les Turcomans irakiens sont principalement les descendants des deux premières vagues d’implantation. Ils se répartissent entre sunnites de rite hanafite, et chiites. On compte également parmi eux, notamment à Kirkouk, une petite communauté chrétienne qui résidait dans la citadelle, non loin du tombeau du prophète Daniel. Les Turcomans chiites qui seraient entre 30 et 40% se divisent en diverses sectes : les duodécimains majoritaires, les alévis, les qizilbaschs, mais aussi Ahl-al-Haqq, ou Disciples de la Vérité, des soufis qui déifient quasiment l’Imam Ali. Les Shabaks irakiens, autre minorité d’origine turque, seraient des Mongols « turquifiés » ou d‘anciens qizilbachs constituant les troupes d’élite d’Ismaïl 1er, le fondateur de la dynastie safavide perse.
Manipulations des statistiques ethniques
La situation des Turcomans changea du tout au tout à partir de la conquête de l’Irak par les Anglais. Ayant pris Bagdad, les Britanniques n’avaient plus qu’un objectif : s’emparer de la province de Mossoul - riche en pétrole - revendiquée par les Turcs comme faisant partie de leur territoire, et qui avait été attribuée secrètement à la France par les accords Sykes-Picot en 1916. Ils accusaient les Turcomans de pactiser avec l’ennemi ottoman (8), et plus tard de servir les visées expansionnistes de Mustafa Kemal Pacha qui avait mis fin au sultanat en 1922 (9). La Turquie avait envoyé à Rawanduz, au Kurdistan, un détachement militaire commandé par le Major Shefik Ozdemir pour aider les Turcomans et les Kurdes à résister à l’occupation britannique (10).
Malgré l’abandon des prétentions françaises sur Mossoul en 1920 (11) et l’obligation faite à la Turquie d’oublier ses revendications turques sur les wilayet de Mossoul et de Kirkouk lors de la Conférence de Lausanne en 1923, les Britanniques – qui voyaient des complots turcs et… français partout - placèrent la communauté turcomane sous haute surveillance. Afin de convaincre la Société des Nations (SDN) d’accepter l’annexion de la région de Mossoul à l’Irak en 1925, les services de renseignement anglais, suivis par les médias de l’époque, réduirent les Turcomans… à 2% de la population (12).
Depuis le mandat britannique, les recensements en Irak ont minoré le nombre des Turcomans, si ce n’est tout simplement oublié. Celui de 1957, le seul ayant permis aux Irakiens d’indiquer leur langue, donne 567 000 Turcomans sur une population de 6 300 000 habitants. Le «World Factbook 2007» de la CIA (13), référence des journalistes et des hommes politiques déférents, estime toujours que les « Turcomans, Assyriens et autres » ne sont que 5% en Irak (14). Paul Bremer s’est appuyé sur ce pourcentage pour ne leur octroyer qu’un seul représentant au CPA (Autorité provisoire de la coalition).
En 2004, des chercheurs turcomans, se basant sur le nombre d’habitants en Irak enregistré depuis 1921 et sur le pourcentage des naissances, affirmait au contraire qu’ils sont entre 2 500 000 et 3 200 0000 (15) soit entre 13 et 16% de la population ; 85% d’entre eux vivent dans les régions de Kirkouk, Erbil et Tel Afar. Ces chiffres ne sont pas vérifiables dans les circonstances actuelles : environ 5 millions d’Irakiens ont été forcés de changer de région ou sont réfugiés à l’étranger.
Pour faire accepter leur main mise sur l’Irak dans les frontières dessinées en fonction de leurs intérêts géopolitiques et économiques, et pour réduire les risques de conflits intérieurs, les Britanniques font accepter en 1925 une constitution qui autorise l’enseignement du Turcoman, son utilisation dans l’administration, et la publication de journaux dans cette langue. Leur objectif est également de remplir les conditions posées par la SDN pour accepter l’adhésion de l’Irak. En 1933, un an après son acceptation, les écoles turcomanes seront fermées et les arrestations et les déportations reprendront.
« Correction d’identité »
Le 14 juillet 1958, après le renversement de la monarchie par le Général Abdul Karim Kassem et le retour de Mustapha Barzani d’URSS où il était réfugié, la situation des Turcomans se détériora sérieusement. Le chef kurde exige Kirkouk et les régions peuplées de Turcomans. Exactement un an plus tard, à Kirkouk, en pleine célébration de la révolution, les milices communistes et kurdes massacrèrent 120 intellectuels et responsables politiques turcomans. La Turquie réagit en massant des troupes à la frontière irakienne tandis que l’armée soviétique se mobilise en Georgie et en Arménie pour répondre à une éventuelle intervention turque. Kassem calme le jeu en arrêtant les auteurs du massacre, en autorisant l’émission de programmes en turcoman sur radio Bagdad et la création d’un club turcoman à Bagdad.
Il faudra attendre la Révolution baasiste de juillet 1968, pour que soient enfin reconnus les droits ethniques et culturels des Turcomans (16). En novembre 1970, un décret du CCR (Conseil de Commandement de la Révolution) autorise l’enseignement en turcoman dans les écoles primaires. Une direction turcomane est créée au ministère de l’Education nationale. Le ministère de la Culture et de l’Information finance la publication d’une revue mensuelle et augmente le nombre d’émissions radio en turkmène. Une fédération des auteurs turcomans est constituée. Le ministère des Affaires religieuses prend en charge les besoins des institutions religieuses de la communauté.
Les Turcomans, qui n’ont jamais réclamé de région autonome, ni prit les armes contre la République irakienne, furent choqués trois ans plus tard que la Constitution provisoire ne mentionne pas leur existence. Leur situation se détériora: les combats avec les rebelles kurdes de Mustapha Barzani dans les années 70, puis la destruction des villages kurdes frontaliers pendant la guerre avec l’Iran, poussèrent vers la plaine de Kirkouk des milliers de montagnards à la recherche de travail et de terres à cultiver. La campagne d’arabisation, les « corrections d’identité » obligeant les Turcomans à s’identifier seulement comme Arabe ou Kurde (17), l’implantation d’Arabes chiites venus du sud à la place des Turcomans chiites expulsés vers l’Iran en raison de leurs affinités avec le régime khomeyniste, provoquèrent des rancoeurs qui déstabilisèrent un peu plus la région.
Pour l’intégrité et l’indépendance de l’Irak
Aujourd’hui, les Turcomans expulsés sont revenus avec la Brigade Badr, et les déplacés venus du sud soutiennent Moqtada Sadr ou la résistance. Les pershmergas ayant pris soin – dès le 10 avril 2003, lendemain de la chute de Bagdad - de voler ou de détruire les registres d’Etat civil et les plans du cadastre, des dizaines de milliers de Kurdes, pas tous Irakiens, présentent des documents falsifiés attestant qu’ils sont d’anciens habitants du gouvernorat de Kirkouk. L’Asayish, la milice du PDK de Barzani et le Dazgay Zaniary, celle de l’UPK de Talabani convainquent les Turcomans et les Arabes de quitter les lieux, à coup d’enlèvements et de confiscation de terre ou de maisons. Les récalcitrants sont arrêtés par le Parastin - le moukbabarat kurde – torturés ou assassinés dans ses prisons secrètes. Ces « mauvais traitements » ont été condamnés par le HCR et le CICR, sans résultat (18).
Le Front turcoman irakien (19), principale organisation les représentant, ne réclame pas la création d’un Etat turcoman. Il est opposé à la partition de l’Irak et milite pour le rétablissement de la souveraineté du pays. On rencontre néanmoins parmi les Turcomans des groupuscules soutenant l’Iran au nom d’une sorte de pan-chiisme ou jouant la carte de l’annexion dans le « Grand Kurdistan ». Lors des « élections législatives » de décembre 2005, les pro-iraniens ont voté pour l’Alliance irakienne unifiée d’Abdul-Aziz Al-Hakim et les pro-kurdes pour l’Alliance Kurde qui comprend un Parti de la confrérie turcomane. Ils ont participé, avec plus de 8500 soldats US et peshmergas, au siège et au massacre de Tel Afar en 2005.
Certains dirigeants turcomans, qui comparent les régimes qui se sont succédé depuis 1958, reconnaissent en Saddam Hussein le président qui a favorisé le plus l’octroi de droits aux minorités nationales. Ils regrettent que leur mise en application ne soit pas parvenue à terme. Ils disent que les Turcomans ont toujours été otages de la situation au Kurdistan. Bagdad qui avait déjà fort à faire avec les rébellions kurdes - soutenues par les Etats-Unis, le Chah d’Iran puis l’ayatollah Khomeiny – ne voulait pas s’embarrasser d’un nouveau front à Kirkouk.
Les Turcomans savent qu’ils n’ont rien à attendre des Américains, des chiites pro-iraniens et encore moins des Kurdes. Les Turcs – présentés comme leurs protecteurs - se taisent, ou presque. George Bush leur fait payer leur refus de laisser transiter les troupes d’invasion américaines en Irak. En juillet 2003, pour humilier la Turquie, les Forces spéciales US ont arrêté les membres de la mission militaire turque à Soulimaniya et les ont emmenés à Bagdad menottés, la tête couverte d’un sac comme de vulgaires terroristes (20). Depuis, Bush ferme les yeux sur les exactions des milices kurdes en territoire turcoman et la CIA soutient indirectement le PKK (21).
Les Turcomans veulent être reconnus demain comme un des trois principaux groupes ethniques irakiens. Ils demandent la création d’un Etat multiculturel où leur langue serait une des langues officielles du pays. La paix civile en Irak, disent-ils, passe l’indemnisation des victimes du nettoyage ethnique et par l’organisation d’un recensement permettant une juste représentation de la population irakienne dans les institutions du pays.
(31 mai 2007)
Notes:
(1) Les Turcomans sont également appelés Turkmènes. Bien qu’ayant des ancêtres communs, ne pas les confondre avec les habitants du Turkménistan. Saparmourat Niazov (1995 – 2006), ancien président de ce pays qui faisait partie de l’URSS, s’était fait surnommer Turkmenbachi, le « Père des Turkmènes ». Il est l’auteur de Ruhnama (Livre de l’Ame) où il raconte l’histoire de ce peuple.
(2) Le loup est une des figures emblématique de la mythologie turque. Il symbolisait pour les tribus nomades la liberté, le courage et l’intelligence. Le signe dit du loup - index et auriculaire dressés, les autres doigts repliés – popularisé par Les Loups gris, organisation nationaliste turque, est devenu un référent identitaire pour beaucoup de turcophones - des Balkans à l’Asie centrale - quels que soient leurs engagements politiques. Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie actuelle, avait fait graver un loup blanc sur la monnaie et les timbres.
(3) On traduit généralement « Oghouze » ou « Oghuz » par « tribu ». Ce nom serait composé de deux mots turcs : « ok » qui veut dire « flèche » et « uz » : « tribu. ». Les Oghouzes ont inventé une écriture de type runique dont on a retrouvé la trace sur une stèle découverte dans la vallée de l’Orkhon, en Mongolie. Chamanistes à l’origine, ils se sont convertis à l’islam à partir du 10ème siècle.
(4) Les Jeunes Turcs d’Enver Pacha rêvaient de constituer un Etat touranien regroupant tous les peuples turcs. Après l’effondrement de l’Union soviétique, une conférence s’est tenue à Ankara pour jeter les bases d’une union économique des pays turcophones. Elle réunissait l’Azerbaïdjan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan.
(5) Le Général omeyyade Al Hajjaj ben Yusuf, chargé d’éliminer les opposants au califat omeyyade, n’hésitera pas à détruire un partie de la Kaaba pour vaincre Abdallah Ibn Zoubayr – fils de Zoubeir, compagnon du Prophète mort à la Bataille du Chameauen 656 près de Bassora - qui s’était proclamé calife. Orateur hors pair, Al Hajjaj est connu pour avoir dit aux Irakiens qu’il accusait d’être des « hommes de révoltes et de perfidie» : « Par Dieu, je n’aperçois que têtes levées vers moi, cous tendus, têtes arrivées à maturité et bonnes à trancher. Si vous marchez droit, tout ira bien ; si vous prenez des chemins détournés, vous me trouverez en embuscade. Je ne pardonnerai aucune erreur, je ne tiendrai compte d’aucune excuse. Si je promets, je tiens. Si je rase, j’écorche. Plus de rassemblements, plus de bavardages inutiles. »
(6) Tribu originaire des bords de la mer d’Aral, les Turcomans seljoukides, convertis à l’islam sunnite, conquirent le Khorasan au 10ème siècle. Tugrul Bey est le petit fils de Seljouk, fondateur de la dynastie.
(7) Dynastie chiite originaire des bords de la mer Caspienne (945-1055). Les frères bouyides prirent le pouvoir à Bagdad après avoir jeté en prison et fait crever les yeux au calife Al-Moustakfi qui les avait appelés à l’aide pour rétablir l’ordre menacé par des généraux turcs.
(8) En juillet 1921, les Turcomans de Kirkouk avaient refusé l’instauration d’un royaume hachémite et leurs dirigeants avaient boycotté le sacre de Fayçal 1er.
(9) Le futur Atatürk – Père des Turcs – considérait la signature de l’armistice de Moudros (31 octobre 1918), comme une trahison du sultan Mehmed V. Ce dernier avait pris la succession d’Addul Hamid II, déposé par les Jeunes Turcs (Turkmens, Turkmeneli and the Musul Region, par Orhan Ketene).
(10) Pour Mustafa Kemal, la frontière sud de la Turquie était, faute de mieux, la ligne Alep- Kirkouk derrière laquelle étaient retranchées les troupes ottomanes lors de l’armistice de Moudros.
(10) Il y demeura jusqu’en avril 1923 après un retournement des tribus kurdes qui n’auraient pas accepté la décision du Parlement turc de mettre fin à l’Empire ottoman et d’exiler le sultan.
(11) La conversation entre Georges Clemenceau et Lloyd George qui règle l’affaire de Mossoul est célèbre. Dans son journal, à la date du 11 décembre 1920, Maurice Hankey, secrétaire du gouvernement britannique, écrit : « Clemenceau et Foch ont traversé [la mer] après l’armistice, et on leur a donné une grande réception militaire et publique. Lloyd George et Clemenceau ont été conduits à l’ambassade de France... Quand ils furent seuls... Clemenceau dit : "Bien. De quoi devons-nous discuter ?" "De la Mésopotamie et de la Palestine", lui répondit Lloyd George. "Dites-moi ce que vous voulez", demanda Clemenceau. "Je veux Mossoul", dit Lloyd George. "Vous l’aurez", répond Clemenceau. "Rien d’autre ?" "Si, je veux aussi Jérusalem", ajoute Lloyd George. "Vous l’aurez", dit Clemenceau… ». (Henry Laurens, La Question de Palestine – Tome 1 « L’invention de la Terre sainte, Ed. Fayard -1999).
(12) Exemple de manipulation: alors que la Turquie estimait le nombre des Turcomans dans le wilayet de Mossoul à 146 000 et les Arabes à 43 210, les Anglais ont inversé la tendance en les comptant respectivement 65 095 et 185 763 ! (Endangered community: the turcoman identity in Iraq, par H. Tarik Oguzlu (Journal of muslim minority affairs, 2/10/04)
(13) CIA: The world factbook 2007
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/iz.html#Geo
(14) Communauté et minorité, par Marc de Chalvron (France 24 TV). Pour lui, qui cite la CIA en 2006, le pourcentage des Turcomans en Irak est de 3%. C’est plus que Carol Migdalovitz – spécialiste du Proche-Orient !– qui dans CRS Report for Congress du 31/10/02 affirme qu’ils sont 1,4% de la population, selon… « des sources ».
http://www.france24.com/france24Public/fr/dossiers/Monde-arabe/Minorites-061202.html
http://www.fas.org/man/crs/RS21336.pdf
(15) Leur répartition serait approximativement la suivante : Province de Mossoul : 450 000 - Province d’Erbil : 215 000 - Province de Kirkouk : 700 000 - Province de Salaheddine : 300 000 - Province de Diyala : 220 000 - Ville de Bagdad : 300 000. (Endangered community: the turcoman identity in Iraq, par H. Tarik Oguzlu (Journal of muslim minority affairs, 2/10/04)
(16) Rapport de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (Nations unies – 11/2/99)
(17) Selon la constitution de 1990, la nation irakienne est composée de deux peuples, l’arabe et le kurde.
(18) Irak : contexte actuel dans la région du Kurdistan irakien (République française: Commission de recours des réfugiés, 16/12/05)
(19) Le Front Turcoman Irakien, fondé en 1995, qui regroupe une vingtaine d’organisations politiques et culturelles, est régulièrement la cible des peshmergas du PDK de Massoud Barzani. Son drapeau consiste en un croissant de lune blanc sur fond bleu ciel et six étoiles symbolisant les six Etats constitués au cours des siècles par les Turcomans en Irak.
(20) Début juillet 2003, 12 militaires turcs – selon Abdullah Gul, ministre des Affaires étrangères – ont été arrêté par un commando de 10 à 150 membres des Forces spéciales américaines et accusés d’ « activités suspectes », notamment de préparer un attentat contre le gouverneur kurde de Kirkouk. Ils furent interrogés pendant 48 heures à Bagdad, puis relâchés sans explication ni excuse quelques jours plus tard, à la demande de Dick Cheney inquiet des répercussions de cet événement en Turquie. Un film à succès : « La vallée des loups – Irak » a été tiré de cet événement.
(21) Le Parti pour une Vie Libre au Kurdistan (PJAK) est une branche du PKK basée au Kurdistan irakien. Il est soutenu par la CIA dans le cadre de son plan de déstabilisation de l’Iran via les minorités ethniques.
Autre source : Guide de l’Irak, par Gilles Munier (Jean Picollec Ed. - 2000)