Par Gilles Munier
Englué dans le procès « Pétrole contre nourriture », je n’ai pas réagi comme j’aurais dû le faire à l’arrestation et à l’emprisonnement, le 23 janvier dernier, du journaliste Nadir Dendoune, qui était en reportage à Bagdad pour Le Monde Diplomatique.
Les autorités irakiennes lui reprochent d’avoir photographié - sans autorisation - une usine de traitement des eaux dans le quartier de Dora. L’accusation est risible car ce site dit « sensible » a été filmé, photographié – ouvertement ou secrètement - sous toutes les coutures avant, pendant et après l’invasion américaine de 2003.
Aujourd’hui, la première démarche d’un attaché de presse sollicité par un journaliste, est d’aller voir sur Internet qui il est, ce qu’il a écrit et pour quels médias. Il a donc appris que Nadir Dendoune est l’auteur du « Journal d’un pacifiste : Bouclier humain à Bagdad » - paru en janvier 2005 – où il raconte son séjour dans l’usine de Dora pour empêcher l’aviation américaine de la bombarder. Sa demande de visa est alors remontée au plus haut niveau des services secrets irakiens. Il y a fort à croire que ces derniers n’ont donné leur feu vert à leur ambassadeur à Paris que pour le piéger et se venger de son engagement militant passé.
Avec Michel Grimard – ancien président du Mouvement chrétien Vème République – empêtré comme moi dans le procès « Pétrole contre nourriture », nous demandons au Quai d’Orsay de s’inquiéter de cette nouvelle atteinte portée par le régime d’Al-Maliki à la liberté de la presse et d’exiger la libération immédiate de Nadir Dendoune.
Il faut savoir qu’en Irak (Kurdistan compris), plus de 370 journalistes ont été tués depuis 2003, dont certains sous la torture dans des prisons secrètes.