Par Essam Mohamed (revue de presse - Magharebia – 08/4/13)*
Le commissariat de police d'Abou Slim à Tripoli a été visé par une bombe et incendié, jeudi 4 avril, dernier incident en date témoignant des défis sécuritaires posés à l'Etat libyen.
Ce poste de police a été attaqué par des hommes armés qui ont attaché les gardes et libéré deux prisonniers. Trois autres détenus ont refusé de s'enfuir.
Cet incident est intervenu un jour après qu'Abdul Raouf Ramah, habitant de Zintane et reconnu coupable de meurtre, ait été remis à la police à Abou Slim, conformément aux instructions données par le ministre de la Justice de remettre les prisonniers aux autorités judiciaires de l'Etat. Alors qu'il se rendait chez le procureur général, le véhicule de la police a été attaqué par un groupe armé qui a ouvert le feu sur les policiers et les a agressés.
Le colonel de la police Juma al-Meshri a expliqué que ce groupe armé avait attaché sept policiers dans le commissariat, saisi leurs trois fusils et brûlé les dossiers des procès et les citations à comparaître de la police.
Sami al-Mariami, membre du comité de sécurité d'Abou Slim, a ajouté que le commissariat avait été totalement incendié. Il a souligné que le groupe avait versé de l'essence dans le bâtiment et brûlé toutes les citations à comparaître de la police, à l'exception d'une appartenant à Ramah, et de deux Kalashnikovs qui se trouvaient dans un coffre qu'ils n'avaient pas réussi à forcer.
Vendredi par ailleurs, des hommes armés ont ouvert le feu à l'hôpital d'Abou Slim. Les personnels de cet hôpital ont quitté leurs postes après cette attaque, à l'exception des personnes travaillant dans les salles d'opération et d'urgence.
Les attaquants ont tué un homme dans l'unité de soins intensifs, en lui tirant une balle dans la tête et dans les côtes. Ils lui ensuite déchiqueté le côté à l'aide de verre.
Hashem Bashar, président de la branche de Tripoli du Comité suprême de sécurité, a publié un communiqué dans lequel il demande au ministre de la Justice Salah Marghani de présenter clairement les moyens dont dispose son ministère pour prendre le contrôle des établissements pénitentiaires.
Il a expliqué que le ministère n'était pas encore prêt à assumer la surveillance de toutes les prisons par suite des trop nombreuses menaces sécuritaires.
"Bien que deux ans se soient écoulés depuis la déclaration de la libération de la Libye, nous n'avons vu aucune mesure sérieuse ni aucun effort visible de la part du ministre de la Justice, des décideurs ou des membres de l'institution judiciaire au sujet de ces prisons", a-t-il expliqué.
"Le nettoyage de la justice avant sa remise en place et la disparition des symboles de la corruption qu'elle renferme est la demande la plus importante après le succès de la révolution du 17 février", a-t-il ajouté.
Il a également demandé au ministre de la Justice et aux responsables du système judiciaire de traiter avec les révolutionnaires dans un esprit de consultation et de coopération.
"Le plus important pour nous est la manière d'éviter un affrontement entre le gouvernement et les révolutionnaires, et de ne pas exclure ces derniers sous un prétexte de légitimité", a expliqué Mahasen Beshir, un enseignant.
Mais alors même que certains demandent une certaine lenteur dans le rythme des réformes sécuritaires, les attaques se poursuivent contre des installations vitales dans toute la Libye.
Deux oléoducs menant au terminal pétrolier de Zueitina près d'Ajdabiya ont été soufflés par une explosion le 2 avril, selon la National Oil Corporation (NOC) libyenne. Aucune perte humaine n'a été déplorée, selon Abul Qasim Shinghir, président en exercice de la NOC.
Cette explosion a été délibérée et provoquée par un tir de lance-grenade, a expliqué Muftah Saad Bouhriq, commandant de la 1ère brigade de reconnaissance d'Ajdabiya.
Pour sa part, le journaliste Abdelkrim al-Raqie a indiqué que cette perte était "immense et ne devait pas rester impunie".
"S'il s'est agi d'une opération de sabotage, les dommages seront encore plus grands, parce que l'Etat n'a pas encore imposé son contrôle sur les sites importants, en particulier les installations économiques", a-t-il ajouté.
Pour la journaliste Fatima al-Mariami, "on assiste malheureusement à des actes de sabotage à répétition en Libye et cette fois, ils ont visé les oléoducs et les gazoducs de Zueitina."
"Nous n'avons pas vu le gouvernement intérimaire libyen répondre avec fermeté à de telles atteintes aux institutions de l'Etat et aux biens privés", a-t-elle ajouté. "Nous pouvons donc en conclure qu'il en encourage d'autres à mener les mêmes actes de sabotage et de chaos qui affectent en premier lieu les intérêts de la Libye, et ceux des citoyens."
* Les milices illégales, un défi à la sécurité de l'Etat libyen
http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2013/04/08/feature-01
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