Par Adnan Abdul Razzaq (revue de presse : ISM-France - 5 septembre 2024)*
Les conséquences de l’opération Déluge d’Al-Aqsa pour Israël et son économie se font sentir ; de plus, la confiance en la sécurité et le sentiment de supériorité qui ont disparu le matin du 7 octobre mettront probablement des années à revenir, si jamais ils reviennent. La prétendue infaillibilité des services de sécurité israéliens s’est révélée être une imposture et de nombreuses entreprises ont réagi en retirant leurs capitaux d’un pays qui restera fondamentalement instable tant que l’occupation illégale se poursuivra.
En outre, environ un demi-million d’Israéliens, des juifs venus du monde entier à cause des promesses de stabilité, de prospérité et de la « Terre promise », ont fui, entravant l’afflux de migrants dont l’État d’occupation a besoin pour survivre. Le gouvernement israélien est conscient du danger de l’immigration inverse, ayant falsifié l’histoire et donné envie aux juifs de faire leur « Aliyah » au cours des 70 dernières années en leur proposant des logements, des emplois et des aides financières. L’Etat hébreu a déchargé le fardeau du coût de la guerre en cours contre les Palestiniens de Gaza – plus de 60 milliards de dollars, et ce n’est pas fini – sur les citoyens israéliens. Les observateurs savent que les impôts n’ont pas été augmentés pour couvrir ce coût, à part quelques petites hausses ici et là, et qu’Israël a essayé de combler les déficits budgétaires causés par son isolement de la Turquie et d’autres partenaires commerciaux, en séduisant et en traitant avec les pays arabes voisins qui ont multiplié leurs relations avec l’Etat d’occupation, même pendant le génocide des Palestiniens de Gaza.
Les responsables au pouvoir en Israël savent que le déclin de la population juive et la croissance de la population palestinienne au sein même de l’Etat d’occupation, ainsi qu’en Cisjordanie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza occupées, constituent une menace démographique pour « l’Etat juif ».
Malgré toutes les offres alléchantes faites aux immigrants, la population israélienne est toujours inférieure à 10 millions, selon le dernier recensement. Ce que diront ceux qui fuient Israël, et l’influence que cela aura sur les juifs envisageant de s’installer dans l’Etat colonial de peuplement, ne peuvent qu’accélerer le mouvement.
En d’autres termes, le gouvernement israélien doit penser à de nouveaux moyens de tromperie et de séduction pour attirer les immigrants juifs, restaurer la confiance dans la « Terre promise » et dissiper les craintes qui poussent les juifs à repartir dans leurs pays d’origine. Le régime d’extrême-droite en Israël, quant à lui, préfère maintenir le conflit ouvert et rejeter toute solution qui rendrait justice aux propriétaires à qui on a volé la terre – les Palestiniens – et reconnaîtrait leur État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.
La loi fondamentale du retour d’Israël de 1950 donne aux juifs nés n’importe où dans le monde le droit de s’installer en Israël et d’obtenir immédiatement la citoyenneté.
On leur promet des biens immobiliers dans les colonies construites – illégalement, selon le droit international – dans les territoires palestiniens occupés. Selon le journal Globes, le régime israélien a annoncé des exonérations fiscales sur les logements pour les nouveaux immigrants à partir de ce mois-ci, reconnaissant à la fois que les offres existantes ne sont pas suffisantes et qu’il est nécessaire d’inverser la tendance migratoire de tant de personnes quittant Israël, ainsi que la fuite des investisseurs.
Les nouveaux immigrants ne paieront pas d’impôt sur les maisons d’une valeur inférieure à deux millions de shekels (487.000 €). Les impôts augmentent de 0,5 à 5 % si le prix de la maison dépasse deux millions de shekels, et n’atteignent que 8 % si le prix dépasse six millions de shekels. Cette offre alléchante s’ajoute à la réduction stipulée par les lois fiscales lors de l’achat d’un bien immobilier d’investissement.
Je pense qu’il est raisonnable de suggérer que toute personne dotée d’une conscience, qui voit les meurtres, l’injustice et le potentiel d’une guerre régionale, réfléchisse à deux fois avant d’émigrer en Israël. Les gens normaux et décents qui ont du capital sont les bienvenus dans d’autres pays stables où la justice sociale est la norme, alors pourquoi choisir de s’installer en Israël ?
Le nombre de migrants en Israël a diminué de plus de moitié entre le 7 octobre et le 29 novembre de l’année dernière, selon les statistiques fournies par l’Autorité israélienne de l’Immigration. Le Times of Israel a rapporté qu’un demi-million de personnes ont quitté l’État d’occupation et ne sont pas revenues, ce qui confirme l’érosion de la confiance et le déclin de la population qui effraie le régime de Tel-Aviv. Les prophéties sur la « malédiction de la huitième décennie » pèsent de plus en plus sur l’État d’apartheid d’Israël.
*Source : ISM-France
Cet article a été publié pour la première fois en arabe sur Al-Araby Al-Jadeed le 29 août 2024. L’article en anglais est paru sur Middle East Monitor / Traduction MR