Israël tente de prouver la présence d’usines de fabrication de missiles du Hezbollah à Beyrouth
Par Elijah J. Magnier (revue de presse : ejmagnier.com – 4/10/20)*
Traduction : Daniel G.
Comme la guerre conventionnelle n’a pas réussi à vaincre le Hezbollah libanais, Israël et les USA ont adopté de nouvelles tactiques dans l’art de la guerre tout en évitant un conflit ouvert aux yeux du public. Ces nouvelles tactiques, qui n’excluent pas la guerre traditionnelle, comprennent une série de guerres ou d’actions reposant sur des formations irrégulières, des actes terroristes, le chaos, les sanctions, les plates-formes électroniques, la guerre médiatique, la propagande, les fausses nouvelles, la division de la société, la politique visant à réduire à la famine et l’engagement de l’ennemi de l’intérieur, afin d’affaiblir le Hezbollah avant de l’attaquer et de l’achever. Il s’agit d’une « guerre de 5e génération », d’une guerre hybride contre le Hezbollah.
Les Nations unies ont livré un message d’Israël au Hezbollah selon lequel le meurtre de tout soldat ou officier israélien pousserait Israël à frapper dix cibles et centres du Hezbollah dans différentes régions du Liban. Israël a fourni les cartes, les bureaux et les lieux qu’il a l’intention de prendre pour cibles, selon une source bien informée qui connaît bien la question.
Le Hezbollah a répondu à ce message en affirmant que le bombardement de dix cibles au Liban déclenchera une réaction immédiate contre dix cibles militaires israéliennes parmi les centres de commandement et de contrôle et d’autres bureaux affiliés au gouvernement israélien. D’après le message, des missiles de précision seront lancés contre Israël sans avertissement préalable.
Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, avait annoncé qu’il tuerait un soldat israélien en riposte à l’assassinat par Israël d’un membre du Hezbollah en Syrie lors d’un raid visant un centre des forces conjointes aux environs de Damas. Depuis ce jour de juillet 2020, les jets israéliens n’ont frappé aucune cible liée au commandement iranien en Syrie. De plus, l’armée israélienne a été sommée de se terrer dans ses casernes pour éviter de déclencher le processus de représailles annoncé par le Hezbollah.
Le commandant de la Région Nord de l’armée israélienne, le général de division Amir Baram, a déclaré que « Israël souhaite vivement ne pas être entraîné dans une guerre à grande échelle contre le Hezbollah. Il s’agit fondamentalement d’une guerre que les deux parties souhaitent éviter ».
Les dirigeants israéliens ne brandissent plus la menace de ramener le Liban à l’âge de pierre en bombardant et en détruisant toute son infrastructure et des villes et villages au complet comme ils l’ont fait lors de la guerre de 2006. Cela s’explique par le fait que le Hezbollah est parvenu à imposer un équilibre de la dissuasion en se dotant de missiles pouvant frapper avec précision n’importe quelle cible n’importe où en Israël avec une puissance destructrice massive, ce qu’a reconnu Israël.
C’en est donc fait de la théorie avancée par les opposants du Hezbollah au Liban voulant que ce soit la communauté internationale qui devrait protéger le Liban plutôt qu’une organisation locale fortement armée, selon laquelle « le Liban est fort en raison de sa faiblesse et de son incapacité à se défendre ». En fait, l’équilibre de la dissuasion a forcé Israël et son allié américain à renoncer à l’utilisation de la force militaire, sans nécessairement abandonner le projet d’affaiblir ou de vaincre le Hezbollah. C’est ce qui a poussé cette alliance stratégique (USA et Israël) à s’orienter vers une « guerre douce et hybride ». Cette nouvelle approche ouvre des possibilités en vue d’une frappe militaire contre le Hezbollah pour le vaincre le moment venu. Mais pour y parvenir, il faut que le Hezbollah s’affaiblisse, perde ses alliés, ses partisans et la société qui assurent sa protection, et ne parvienne pas à livrer cette guerre hybride.
Lors de la deuxième guerre israélienne contre le Liban en 2006, Israël n’a pas atteint ses objectifs parce que ses services du renseignement n’ont pas su voir les capacités de missiles du Hezbollah et sa résilience. La première surprise est survenue dans le Wadi Al-Hujair avec les missiles antichars de type Kornet, puis avec des missiles sol-sol (lorsque la corvette de classe Saar-5 a été touchée). Le Hezbollah possédait aussi les capacités électroniques nécessaires pour contrecarrer les drones israéliens et d’autres de ses moyens, ce qui lui a permis d’être au courant d’un grand nombre d’opérations et de tirs sur des cibles qui se préparaient dans la banque d’objectifs d’Israël. Israël a modifié sa protection électronique avec une technologie plus avancée depuis. Cependant, la guerre électronique se poursuit : c’est une bataille permanente marquée par des mesures et des contre-mesures de part et d’autre.
Source : ejmagnier.com