Par Gilles Munier
Le Premier ministre Nouri al-Maliki élimine un à un ses opposants sunnites en les accusant d’être des « terroristes ». Tariq al-Hachemi, vice-Président de la République, s’est enfui de justesse pour éviter l’arrestation et a été, depuis, condamné à mort par contumace à cinq reprises. Ses gardes du corps et certains de ses collaborateurs sont emprisonnés. Torturés pour leur extorquer des aveux, ils ont été déférés devant un tribunal qui les a condamné à la peine capitale.
Nouri al-Maliki s’en prend maintenant à Rafaï al-Essawi, son ministre sunnite des Finances - originaire de la province d’Al-Anbar - qui l’accuse d’instaurer un régime dictatorial en Irak. Il faut savoir, qu’outre sa fonction de Premier ministre, Maliki est aussi chef du parti al-Dawa et – de facto - commandant en chef des forces armées, ministre de la Défense, ministre de l’Intérieur, chef des services de renseignement, président du Conseil national de sécurité et enfin chef des Forces Dijla, un corps militaire formé dans la perspective d’une nouvelle guerre arabo-kurde !
Le peuple veut renverser le régime
L’arrestation de Tariq al-Hachemi avait été programmée pour le départ officiel des troupes américaines, l’opération montée contre Rafaï al-Essawi a été lancée juste après le départ de Jalal Talabani – Président de la République – dans le coma, dans un hôpital d’Allemagne. Le scénario est identique : arrestation de 150 collaborateurs et gardes du corps de l’intéressé sous prétexte d’« activités terroristes ». Sauf que cette fois, des milliers de manifestants sont descendus dans les rue de Ramadi – chef lieu de la province d’Al-Anbar – pour protester et crier, comme l’ont faits les contestataires des « révolutions arabes » : « Ach-chaab yourid isqât al-nizâm » (le peuple veut renverser le régime). Le drapeau du temps de Saddam Hussein a été brandi. L’autoroute Bagdad - Amman ou Damas est coupée par des dizaines de milliers d’Irakiens en colère *.
Outre les questions de politique intérieure, les parties en conflit se démarquent sur l’aide à apporter au régime syrien ou à son opposition armée. Nouri al-Maliki est l’allié de Bachar al-Assad, tandis que la plupart des chefs des tribus d’Al-Anbar et des alentours de Samarra soutiennent plutôt le Front al-Nosra.
* Vidéo d’Al-Jazeera (2’9)
http://www.aljazeera.com/news/europe/2012/12/2012122875346526845.html