Par Gilles Munier (Afrique Asie - novembre 2011)
Prenant pour argent comptant les déclarations de BHL sur le souhait du nouveau régime libyen d’établir des relations avec Israël, David Gerbi, juif d’origine
libyenne résidant à Rome, avait obtenu, en septembre, l’accord de Mustapha Abdeljalil, président du CNT, de rénover la synagogue désaffectée Dar al-Bishi, à Tripoli. Selon le Wall Street
Journal (3/10/11), Gerbi était soutenu par des dirigeants de la communauté berbère.
Début octobre, le CNT l’a informé que son projet était prématuré, mais ne lui a pas demandé de l’abandonner. Il a alors démoli le mur qui obstruait l’entrée de la
synagogue. Mais après avoir prié, alors qu’il commençait de nettoyer les gravats, une foule en colère s’est attroupée devant l’édifice, scandant des slogans hostiles. Pour les habitants du
quartier, l’initiative prise par Gerbi était une provocation sioniste. Un cheikh lui a conseillé de déguerpir au plus vite, sinon il risquait d’être lynché. Mustapha Abdeljalil, penaud, a dû
ensuite déclarer qu’il n’avait pas donné son feu vert à Gerbi.
Les juifs libyens, estimés à 40 000 à la fin de la Seconde guerre mondiale, se sont pour la plupart installés en Israël en 1948 et après la guerre de juin 1967,
c'est-à-dire avant la chute de la monarchie. Leurs descendants, environ 200 000, réclament des compensations à l’Etat libyen.