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- En 2024 déjà, le salon Icube proposait à la vente, des biens issus de terres colonisées en Cisjordanie
Par Feïza Ben Mohamed (revue de presse : Anadolu – 11 mars 2025)*
Se présentant comme « le plus grand évènement immobilier israélien en France en 2025 », le salon Icube, 88ème édition, a ouvert ses portes à Paris le dimanche 9 mars.
Malgré les polémiques qui ont éclaté en 2024 lors des précédentes éditions qui se sont tenues à Nice et à Paris, les organisateurs ont choisi de maintenir l’évènement.
Lors de la 87ème édition, le magazine indépendant Blast, révélait que comme le redoutaient les critiques de ce salon, Icube proposait des bien situés dans une colonie spoliée aux Palestiniens en Cisjordanie.
Face à la banalisation de la colonisation, de nombreuses figures politiques et civiles de la lutte palestinienne, dénoncent à nouveau la tenue d’un tel évènement promotionnel.
Dans un entretien à Anadolu, Sarah, qui s’était mobilisée contre ce salon en juin dernier à Nice, déplore « l’inertie des pouvoirs publics qui permettent à des promoteurs de la colonisation, de développer leurs business dans des terres volées ».
« Je ne comprends pas pourquoi la France qui, pourtant, diffuse régulièrement des communiqués de presse pour dénoncer la colonisation et dire son indignation quant à des crimes commis par des colons, autorise, sur son sol, des évènements qui promeuvent la colonisation, qui rappelons-le, ne se fait jamais pacifiquement », grince la jeune femme.
Et de poursuivre: « Ceux qui organisent ce salon ont du sang sur les mains, mais ceux qui lui permettent de se tenir en restant silencieux et passifs, en ont aussi. On ne peut pas accepter, dans notre pays, qu’un salon se tienne alors même qu’il piétine le droit international ».
Parmi les personnalités politiques à avoir communiqué sur le sujet, le député LFI (La France Insoumise), Thomas Portes, a appelé, sur ses réseaux sociaux, à investir « pacifiquement le salon pour dénoncer la colonisation et l’argent fait sur le sang des palestiniens assassinés par Israël ».
« En plein Paris, on va donc à nouveau avoir l’apologie de la colonisation des terres palestiniennes. Salon de la honte. Ne laissez pas faire. Mobilisez-vous », a-t-il lancé à ses abonnés sans manquer de rappeler que des biens issus de la colonisation avaient déjà été proposés à la vente lors des précédentes éditions.
Camille Stineau, journaliste pour Blast, dont l’enquête révélant la vente de biens spoliés aux palestiniens lors de l’édition qui s’est tenue en 2024 à Paris, dresse le même constat que l’élu de Seine-Saint-Denis.
« Les autorités françaises ne peuvent plus faire comme si elles ne savaient rien. Elles savent que, lors de la précédente édition, étaient vendus des biens sur des terres volées. Il est de leur responsabilité d’interdire le salon pour éviter une récidive » a-t-elle commenté sur le réseau social X à la veille de l’évènement.
Elle note, par ailleurs, que le salon Icube « bénéficie du parrainage de l’Agence Juive pour Israël, une organisation, très active dans la colonisation de la Cisjordanie » et qui a, elle-même, « un programme qui consiste à organiser des déménagements collectifs de citoyens français vers des colonies situées en territoire palestinien, sur des terres volées ».
Mais au-delà du silence des autorités françaises, certaines procédures interrogent sur leur nature et leur finalité. En septembre dernier, l’infirmière Imane Maarifi, revenue de Gaza quelques mois plus tôt après une mission humanitaire, a été placée en garde à vue suite à un appel passé au Salon Hoche, qui accueille le Salon Icube à Paris.
Dans un entretien à Anadolu, elle expliquait alors avoir été cueillie à son domicile avant d’être placée en garde à vue pour répondre à diverses questions relatives, notamment, à son engagement pour le peuple palestinien.
« Ils m’ont demandé quand est-ce-que j’avais été à Gaza, avec qui, avec quelle organisation et ce que j’avais fait là-bas. J’ai dit que j’ai travaillé, que j’étais infirmière », relatait Imane Maarifi.
Et d’indiquer: « Ensuite ils m’ont demandé ce que je disais à mes enfants de mon engagement, comment ils le prenaient, comment je leur parlais du conflit. J’ai répondu et ils m’ont directement demandé si j’avais menacé les organisateurs du salon, j’ai dit que non et que j’avais l’enregistrement de l’appel ».
Les autorités ont ensuite procédé « à la fouille » du téléphone de la jeune femme et l’ont exploré « de fond en combles » jusqu’aux messages privés contenus sur les diverses applications et ont enregistré les numéros de téléphones de tous les membres du groupe de soignants « blouses blanches pour Gaza ».
Pour tenter de faire réagir la justice, Thomas Portes a saisi, début février, le parquet de Paris afin de signaler, en vertu de l’article 430 du code de procédure pénale, la vente de biens implantés sur des terres palestiniennes, au salon Icube.
Pour l’heure, les autorités n’ont pas fait de commentaires quant aux éventuelles suites qui pourraient être données à cette affaire éminemment politique.
*Source : Anadolu