Revue de presse : Human Rights Watch (25 septembre 2023)*
Les Irakiens ayant subi des abus en détention de la part des forces américaines ne savent toujours pas exactement comment obtenir compensation
- Le gouvernement des États-Unis semble avoir échoué à apporter une compensation ou une autre forme de réparation aux Irakiens ayant subi des tortures et d’autres abus de la part des forces américaines à Abou Ghraib et dans d’autres prisons gérées par les États-Unis en Irak il y a vingt ans.
- Les Irakiens torturés par des agents des États-Unis ne savent toujours pas exactement comment ils pourraient obtenir une réparation ou une reconnaissance de la part du gouvernement américain, alors que les effets de la torture sont une réalité quotidienne pour de nombreux survivants irakiens et leurs familles.
- En août 2022, le Pentagone a publié un plan d’action destiné à réduire les dommages infligés aux civils au cours des opérations militaires américaines, mais celui-ci ne prévoit aucun moyen de recevoir une compensation pour les cas d’abus subis par les civils par le passé.
(Bagdad) – Vingt ans après l’émergence de preuves indiquant que les forces américaines ont maltraité des détenus à la prison d’Abou Ghraib et dans d’autres centres de détention qu’elles géraient en Irak, le gouvernement des États-Unis n’a apparemment toujours pas fourni d’indemnisation ou une autre forme de réparation aux Irakiens y ayant subi des tortures et d’autres abus, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Après leur invasion de l’Irak en 2003, les États-Unis et les alliés de leur coalition ont détenu environ 100 000 Irakiens entre 2003 et 2009. Human Rights Watch et d’autres organisations ont documenté la torture et les autres mauvais traitements infligés par les forces américaines en Irak. Cela fait des années que des survivants des abus se manifestent pour livrer leur récit de la façon dont on les a traités, mais ils ont reçu peu de reconnaissance et aucune réparation de la part du gouvernement des États-Unis. L’interdiction de la torture est absolue dans le droit national des États-Unis, les Conventions de Genève de 1949, la Convention contre la torture des Nations Unies ainsi que le droit international coutumier.
« Vingt ans après, les Irakiens qui ont été torturés par des agents des États-Unis n’ont toujours aucun moyen clair de porter plainte ou de recevoir une forme de réparation ou de reconnaissance, quelle qu’elle soit, de la part du gouvernement américain », a déclaré Sarah Yager, directrice du bureau de Washington de Human Rights Watch. « Les responsables américains ont indiqué qu’ils préféraient tourner la page de la torture, mais les effets à long terme des tortures constituent toujours une réalité quotidienne pour de nombreux Irakiens et pour leur famille. »
Taleb Al Majli, un Irakien qui a décrit avoir été torturé par les forces américaines lors de sa détention à la prison d'Abou Ghraib (novembre 2003 – mars 2005), photographié à son domicile de Bagdad en 2023. Les États-Unis ont fini par le libérer sans inculpation en mars 2003. © 2023 Human Rights Watch
Entre avril et juillet 2023, Human Rights Watch a mené des entretiens avec Taleb al-Majli, autrefois détenu à la prison d’Abou Ghraib, ainsi qu’avec trois perses ayant eu connaissance de sa détention et de l’état dans lequel il se trouvait après sa libération, mais qui ont préféré demeurer anonymes. Human Rights Watch a également échangé avec un ancien juge-avocat américain qui était en poste à Bagdad en 2003, un ancien membre du Haut-Commissariat irakien aux droits humains ainsi qu’avec des représentants de trois organisations non gouvernementales travaillant sur la torture. Enfin Human Rights Watch a consulté des récits et rapports médiatiques et non gouvernementaux, ainsi que des documents du gouvernement américain, notamment des enquêtes du département de la Défense des États-Unis sur les abus présumés infligés aux détenus.
En mai, Al-Majli a déclaré à Human Rights Watch que les forces américaines lui avaient fait subir des tortures et d’autres mauvais traitements, y compris physiques, psychologiques et des humiliations sexuelles, alors qu’elles le maintenaient en détention à la prison d’Abou Ghraib entre novembre 2003 et mars 2005.
Il a affirmé être un des hommes que l’on voit sur une photo prise à Abou Ghraib et largement partagée depuis, figurant un groupe de prisonniers nus et masqués, empilés les uns sur les autres pour former une pyramide humaine, tandis que deux militaires américains sourient derrière eux. « Deux militaires américains, un homme et une femme, nous ont ordonné de nous déshabiller entièrement », a témoigné al-Majli. « Puis ils nous ont entassés les uns sur les autres. J’en faisais partie. » …(…)…
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