Muntadhar al-Zaïdi, candidat vedette aux élections législatives du 12 mai
Par Gilles Munier/
Les élections législatives qui vont se dérouler le 12 mai prochain seront-elles plus crédibles que les précédentes qui étaient de véritables mascarades ? Il faut l’espérer, même si des centaines de milliers d’Irakiens sont toujours parqués dans des camps ou en exil, notamment les habitants de Mossoul et des villages de la province de Ninive.
Selon toute probabilité, l’Alliance de la conquête, la liste conduite par Hadi al-Amiri – leader des Hachd al-Chaabi - devrait arriver en tête, mais rien ne dit que Haïdar al-Abadi – l’actuel Premier ministre, chouchou des Occidentaux, qui dirige l’Alliance pour la victoire – ne parvienne à se maintenir au pouvoir suite à des accords électoraux avec certains de ses concurrents chiites ou sunnites. Il faudrait alors s'attendre à un pourrissement du régime.
Hadi al-Amiri me semble être le seul candidat Premier ministre capable de lutter avec fermeté contre la corruption qui gangrène l’Irak depuis 2003. Le retour de Nouri al-Maliki au pouvoir, autre possibilité, est des plus improbables. Heureusement, car ce serait catastrophique pour le pays.
Les "marcheurs" de Moqtada al-Sadr...
Faute de sondages crédibles, l’inconnu demeure concernant les résultats qu’obtiendra La marche pour les réformes (Sa'iroun), la liste patronnée par Moqtada al-Sadr, comprend Istiqama (droiture en arabe), un regroupement de technocrates et, à la surprise générale: le Parti communiste irakien (PCI). On peut se demander si Raed Fahmi, son secrétaire général formé en France, ayant suivi la campagne d'Emmanuel Macron, n'est pas à l'origine du nom donné à la liste !
Manifestation du PCI à Bagdad
Un des candidats vedettes de la liste est Muntadhar al-Zaïdi, mondialement connu pour avoir lancé ses chaussures, en 2008, en direction de George W. Bush (cf vidéo ci-dessous). Arrêté et torturé, condamné à 3 ans de prison, mais libéré un an plus tard grâce à une remise de peine, il se présente comme candidat anti-corruption.
Désunis depuis la reconquête de Kirkouk, les Kurdes seront moins représentés, d’autant que Massoud Barzani appelle au boycott des élections dans la province pétrolière, "occupée" - selon les nationalistes kurdes - par les troupes gouvernementales et les Hachd al-Chaabi. Cela devrait favoriser les Turkmènes - sous représentés – qui obtiendraient plus de sièges au Parlement.
Une grâce exceptionnelle pour Sultan Hachem?
Toujours sous le coup des ravages causés par la guerre contre l’Etat islamique(EI) et incapables de s’entendre, les sunnites risquent d’être une nouvelle fois les grands perdants des législatives.
Le Parti Baas clandestin d’Izzat Ibrahim al-Douri, désormais dans la coalition anti-iranienne du prince saoudien MBS, a également appelé au boycott du scrutin, et l'EI menacé de mort ceux qui se rendraient aux urnes.
Sans doute pour glaner des suffrages parmi les nostalgiques de l’ancien régime, Salim Al-Jabouri – président sunnite du Parlement – a sollicité une « grâce exceptionnelle », pour raison de santé, qui permettrait la libération de Sultan Hachem Ahmad, mossoulien de 74 ans, ministre de la Défense sous Saddam Hussein, condamné à mort en 2007. Le chef kurde Jalal Talabani, devenu président de la République, avait refusé de ratifier la sentence.
En attendant les résultats des marchandages post électoraux qui peuvent retarder l’élection du futur Premier ministre: Wait and see, diraient les anglo-saxons…