Par Gilles Munier/
La libération de la région de Sinjar – le pays yézidi – de la mainmise kurde est quasiment passée inaperçue, éclipsée par la reconquête de Kirkouk par l’armée gouvernementale et les Hachd al-Chaabi.
A Sinjar, les forces yézidies – théoriquement pro-Barzani – ont tout simplement refusé de combattre leurs frères de l’unité yézidie des Hachd venue reprendre en main le territoire.
Il faut savoir que Massoud Barzani n’a pas la cote dans la région. Tout le monde se souvient qu’il a donné l’ordre à ses peshmerga de se retirer en août 2014 et livré les Yézidis aux djihadistes de l’Etat islamique. Dans les semaines précédant les massacres, le GRK avait fait la sourde oreille aux appels à l’aide des Yézidis, refusant de leur donner des armes.
Le Sinjar est revendiqué par le GRK comme faisant partie du Kurdistan, mais lors de mes voyages dans cette région à la fin des années 90, je n’ai rencontré aucun Yézidi se disant kurde, même quand il en parlait la langue. Tous se déclaraient Yézidis – ou Ezidis – un point c’est tout. Je ne pense pas qu’un référendum organisé dans cette région soit favorable à son annexion dans la Kurdistan irakien.
Après la reconquête de Sinjar par les troupes gouvernementales, le GRK a annoncé la dissolution des Forces de défenses du Sinjar et des Forces de défense Ezidikhan, deux milices dirigées par des cousins plus ou moins concurrents : Qasim Shesho et Haïdar Shesho (ancien de l’UPK de Talabani). Au total environ 13 000 miliciens yézidis licenciés qui vont grossir le nombre des opposants au clan Barzani.
Les Yézidis parviendront-ils à prendre en main leur avenir ? Ils jouent la carte du fédéralisme. Ils s’organisent autour du Baba Cheikh Khurto Hajji Ismail, leur chef spirituel, afin d’obtenir de Bagdad la reconnaissance de leur identité et des droits fondamentaux qui vont avec; et ils demandent au gouvernement de faciliter le retour des déplacés. Pour ce faire, le Baba Cheikh vient d’être reçu par le Premier ministre Haïdar al-Abadi. Une première…