Par Philip Giraldi* (revue de presse : The American Conservative – 19/12/11)
Les Américains devraient se faire du souci à propos des événements en Syrie, surtout s’ils envisagent de déclencher, comme en Libye, une guerre qui ne dira pas son nom, mais qui sera bien plus terrible encore. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a d’ailleurs appelé au changement de régime et prédit une guerre, il y a quelques semaines. Et, cela est plus que probable si le régime de Bachar al-Assad, laïc et nationaliste, continue de mettre face à face les sunnites contre les chiites, et contre les Alaouites… Les chrétiens syriens seront quant à eux pris entre deux feux. L’ironie du sort veut que de nombreux chrétiens à Damas sont des Irakiens qui ont fui l’Irak après avoir fait l’expérience de la guerre de libération de leur pays.
L’Otan est déjà engagé clandestinement dans le conflit en Syrie avec pour fondé de pouvoir des Etats-Unis, la Turquie. Le ministre des Affaires étrangères turc a admis, publiquement, que son pays était prêt à envahir dès qu’un accord serait trouvé avec les alliés occidentaux. L’intervention se ferait sur des principes humanitaires, pour défendre la population civile, ce même principe de « responsabilité de protéger » invoqué dans l’affaire libyenne. Des sources turques suggèrent que cette intervention prendrait la forme d’une zone-tampon le long de la frontière turco-syrienne et ensuite s’étendrait … Alep, la ville la plus grande de Syrie et la plus cosmopolite serait la cerise sur le gâteau pour les forces de libération.
Des avions de l’OTAN à Iskenderun
Des avions de guerre de l’Otan, sans signe de reconnaissance, sont arrivés sur les bases militaires turques près de Iskenderun à la frontière syrienne, déchargeant des armes provenant des arsenaux de Kadhafi ainsi que des volontaires du Conseil National de Transition libyen qui savent comment lancer des volontaires contre des soldats entraînés, comme ils l’ont montré avec l’armée de Kadhafi. Iskenderun est aussi le siège de l’Armée Syrienne Libre, le bras armé du Conseil National Syrien. Les forces spéciales françaises et britanniques entraînent les rebelles syriens tandis que la CIA et les unités des Forces Spéciales US fournissent le matériel de communication et le renseignement afin que les rebelles évitent les grosses concentrations de soldats syriens.
Les analystes de la CIA sont sceptiques quant à la marche vers la guerre. Les rapports des Nations unies faisant état de 3500 morts tués par les forces militaires syriennes proviennent d’informations des rebelles et non jamais été corroborées. La CIA refuse de les prendre en considération. De la même manière, les défections en masse de soldats et les batailles féroces entre déserteurs et soldats loyaux sont une pure fabrication, car, de source indépendante, peu de soldats ont déserté. Les déclarations du gouvernement syrien selon lesquelles il a été attaqué par des rebelles armés, entraînés et financés par des gouvernements étrangers sont plus proches de la vérité.
Aux Etats-Unis, de nombreux amis d’Israël sont dans les fourgons du changement de régime, persuadés qu’une Syrie affaiblie, divisée par la guerre civile, ne présente aucun danger pour Tel-Aviv (…).
Traduction : Xavière Jardez - Sous-titre: AFI-Flash
* Philip Giraldi est ancien officier de la CIA. Il dirige le Council for the National Interest (Conseil pour l’Intérêt National), une fondation chargée de promouvoir la politique américaine au Proche-Orient en dehors de toutes pressions étrangères, donc y compris – et surtout - israéliennes.
http://www.theamericanconservative.com/blog/nato-vs-syria/
« U.S. Congress controlled by AIPAC »: Philip Giraldi au Congrès des Etats-Unis (vidéo : 2’35)