Par Gilles Munier (Dernière actualisation: 24 /10/12)
L’anonce de la création de l’Armée irakienne libre (AIL), le 19 juillet 2012, n’a pas retenu l’attention des médias occidentaux. La nouvelle a pourtant mis le régime de Bagdad dans tous ses états, car elle serait composée d’anciens militaires - baasistes ou non -, de membres d’organisations de la résistance, des partisans de Tarik al-Hashimi (vice-président de la République réfugié en Turquie, condamné à mort par contumace, en septembre dernier, pour « terrorisme »), et d’anciens combattants Sahwa (forces tribales constituées à l’origine par les Américains pour combattre Al-Qaïda au Pays des deux fleuves dans la province d’Al- Anbar).
L’Armée irakienne libre se veut le pendant de l’Armée syrienne libre (ALS) à qui elle apporte son soutien. Elle s’est donnée pour principal objectif de libérer l’Irak de l’ « emprise safavide », c'est-à-dire de l’occupation iranienne et de ses collaborateurs chiites. Elle serait - mais cela reste à vérifier - dirigée par Taha al-Dulaimi, un médecin sunnite connu pour ses écrits religieux, proche de Harith al-Dari, secrétaire général de l'Association des oulémas musulmans irakiens (AMSI) qui vit en Jordanie depuis novembre 2006, et qui est considéré comme « le leader spirituel de la résistance irakienne ».
Tandis qu’à Bagdad, la presse du régime accusait l’Armée irakienne libre d’être financée par l’ «Doha-Riyad-Ankara », le Premier ministre Nouri al-Maliki déclarait au quotidien ukrainien Kiev, que l’AIL est entraînée par un membre de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple iranien (OMPI)… sa bête noire. De plus, disait-il, l’opération est dirigée clandestinement par Massoud Radjavi en personne, à partir d’Amman !
De son côté, le Parti Baas irakien clandestin a réagit, par la voix de Salah al-Mukhtar – ancien ambassadeur d’Irak en Inde -, en accusant l’AIL d’être «une entreprise établie par le gouvernement fantoche de Maliki pour enflammer les tensions sectaires et aviver une guerre civile entre Irakiens" (1).
Autre son de cloche de la part du cheikh Hamid al-Hayes, qui a aidé les troupes américaines à lutter contre la résistance dans la province d’Al-Anbar : les membres de l’AIL seraient pour partie des militants d’Al-Qaïda au pays des deux fleuves alignés sur les revendications de leurs homologues en Syrie.
A suivre…
(1) http://assurbanipal-banipal.blogspot.fr/2012/09/la-soit-disant-armee-iraqienne-libre.html
Site de l’Armée irakienne libre (AIL) :
http://www.freeiraqiarmy.org/portal1/
Concernant l’Association des oulémas musulmans irakiens (AMSI) et la résistance irakienne, lire :
Résistance irakienne : l’omerta médiatique (mai 2010)
http://0z.fr/MX3pi