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Par franceinfo (revue de presse : 10 juin 2025)*
Parti de Sicile le 1er juin, le voilier a été arraisonné par les autorités israéliennes dans la nuit du 8 au 9 juin. Il devait rejoindre Gaza pour y apporter de l'aide humanitaire, malgré le blocus en cours.
Le Madleen n'aura pas vu Gaza. Le voilier humanitaire de 18 mètres a dû stopper sa route à environ 100 milles nautiques (185 km) de l'enclave palestinienne, après avoir été intercepté dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 juin par les autorités israéliennes.
A son bord, douze militants partis de Sicile (Italie) une semaine plus tôt. Six Français, mais aussi une Allemande, un Brésilien, un Turc, une Suédoise, un Espagnol et un Néerlandais. Ils sont marins, médecin, ingénieur... Franceinfo brosse leurs portraits.
Rima Hassan, eurodéputée, France
L'eurodéputée insoumise était l'un des visages les plus connus du Madleen. A bord, elle a régulièrement documenté sur ses réseaux sociaux les 2 000 km de traversée entre Catane (Sicile) et la bande de Gaza. Elle a notamment fait part de sa frayeur sur X(Nouvelle fenêtre), lorsque des drones ont survolé le voilier en pleine nuit. "Nous resterons mobilisés jusqu'à la dernière minute, jusqu'à ce qu'Israël coupe internet et les réseaux", promettait la parlementaire de 33 ans, qui appelait Emmanuel Macron et le ministère des Affaires étrangères à ouvrir "de toute urgence un corridor maritime pour livrer l’aide humanitaire".
En février, elle avait déjà tenté de se rendre en Israël et dans les Territoires palestiniens aux côtés d'autres députés européens de la délégation pour les relations avec la Palestine. Mais elle avait été refoulée à son arrivée à l'aéroport de Tel-Aviv.
C'est pour son engagement en faveur de la cause palestinienne que Rima Hassan s'est fait connaître sur la scène politique. Une cause qui fait écho à sa propre histoire, celle d'une fille de Palestiniens, née en 1992 dans un camp de réfugiés en Syrie et arrivée en France à l'âge de 10 ans.
Yanis Mhamdi, journaliste, France
Après avoir débuté sa carrière au Liban, Yanis Mhamdi est journaliste-réalisateur pour le média en ligne Blast depuis mars 2023. Il est l'auteur du documentaire Nétanyahou, portrait d'un criminel de guerre, sorti en 2024. Son dernier film, tourné en Cisjordanie, s'intitule Alice au pays des colons. Sorti il y a quelques jours, il est actuellement projeté dans les salles, dont celle de l'Institut du monde arabe le 24 juin.
Le dernier tweet de Yanis Mhamdi a été posté un peu avant l'interception du bateau par Israël. "Je suis journaliste et mon arrestation par l'armée israélienne est imminente. J'appelle tous les journalistes à se mobiliser", écrivait-il alors sur X(Nouvelle fenêtre).
Sur son site(Nouvelle fenêtre), la rédaction de Blast rappelle que son journaliste "n'était là-bas que pour faire son travail de reporter, couvrant une actualité tendue". "Il cherchait pacifiquement à informer le public d’une initiative visant à établir un lien avec Gaza, où un blocus alimentaire organisé par l’armée israélienne a pour but avéré aujourd'hui d’exterminer une partie de la population gazaouie".
Omar Faiad, journaliste, France
Omar Faiad était le deuxième journaliste de l'équipage. Lui travaille pour la chaîne Al Jazeera, où il présente plusieurs émissions. Il était monté à bord du Madleen pour "documenter cette initiative humanitaire pacifique", écrit Reporters sans frontières (RSF)(Nouvelle fenêtre).
Baptiste André, médecin, France
Baptiste André est médecin-interne à l'hôpital de la Timone, à Marseille. Agé de 35 ans, il s'est engagé à bord "pour prendre soin de la santé de l'équipage". "J'essaie de faire en sorte de gérer l'angoisse, a-t-il raconté à France 3(Nouvelle fenêtre). Notre action est politique. On cherche à briser ce siège et à ouvrir la voie à d'autres navires."
Pascal Maurieras, ingénieur, France
Originaire lui aussi de la cité phocéenne, Pascal Maurieras est ingénieur en informatique. Marin amateur, c'est aussi pour ses capacités à la barre qu'il a embarqué. "Ma mission, c'est de tenir mes quarts", explique-t-il à France 3(Nouvelle fenêtre). Au total, trois marins effectuaient des rotations toutes les quatre heures.
Ce n'est pas la première fois que ce militant CGT tente de rallier Gaza par les eaux. En 2018, il avait embarqué dans l'un des deux bateaux de la coalition Freedom Flotilla pour rejoindre l'enclave palestinienne, la soute remplie de produits alimentaires et médicaux. Le navire n'était pas arrivé à destination, détourné déjà par les autorités israéliennes.
Reva Seifert-Viard, militant écologiste, France
Reva Seifert-Viard est le sixième Français à avoir pris la mer depuis le port de Catane. Le militant écologiste s'était fait connaître, début 2024, pour être resté perché 39 jours dans un arbre voué à être coupé sur le chantier de l'autoroute A69 dans le Tarn. "La grève de la faim, la grève de la soif, tout comme grimper dans les arbres" font partie de son "engagement extrême", confiait-il à ICI(Nouvelle fenêtre) (à partir de 9 minutes).
S'il est monté à bord du Madleen, c'est pour "sortir de la léthargie, de cette anxiété d'observer ces massacres de loin. Je ne cautionne pas cette inhumanité de l'ordre de l'infâme et de l'horreur", assurait-il à Actu Landes(Nouvelle fenêtre).
Yasemin Acar, activiste, Allemagne
Yasmin Acar est un nom connu outre-Rhin. Cette activiste allemande de 37 ans, née de parents kurdes, est une fervente défenseure de la cause palestinienne. Elle est d'ailleurs à l'origine de nombreuses manifestations, à Berlin notamment.
Militante depuis ses 15 ans, elle se bat pour le respect des droits humains. Lors de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, "elle a contribué à mobiliser 15 000 bénévoles et créé Berlin Arrival Support [un collectif d'aide aux réfugiés]. Durant cette période, elle a conseillé le Sénat de Berlin sur la gestion des réfugiés", détaille le site Refuge World Wide(Nouvelle fenêtre).
Huseyin Suayb Ordu, militant, Turquie
Né en Turquie, Huseyin Suayb Ordu réside aujourd'hui en Allemagne, où il est travailleur indépendant. Diplômé en théologie, il est engagé dans l'humanitaire depuis 2017. En février 2023, il s'est notamment porté volontaire pour aider les victimes du séisme qui a touché la région turque d'Antioche. "En voyant les corps des enfants morts dans ce tremblement de terre, j'ai réalisé à quel point l'humanité est proche de la souffrance", explique-t-il, dans des propos rapportés par la chaîne turque TGRT Haber(Nouvelle fenêtre). "A Gaza, cette souffrance est vécue quotidiennement. Les enfants se réveillent chaque matin avec le bruit des bombes."
Sergio Toribio, marin, Espagne
Originaire de La Rioja, région du nord de l'Espagne, Sergio Toribio fait partie des marins qui ont pris la barre du Madleen. Ingénieur naval de métier, il en était même le responsable de l'entretien mécanique. Depuis six ans, il est engagé aux côtés de différentes ONG, dont Marine Protection, Sea Watch et SOS Humanity, pour porter secours aux migrants en Méditerranée. "A chaque fois que je traversais une période difficile, terrible, le militantisme m'a redonné goût à la vie. Pour moi, c'était un pont. Je l'ai toujours porté en moi", a-t-il déclaré au journal La Rioja(Nouvelle fenêtre).
Ce n'est pas la première fois qu'il est confronté à une situation à risque : en 2021, il a été condamné au Danemark pour avoir participé à une manifestation contre le massacre des baleines aux îles Féroé, dans le cadre d'une action organisée par Sea Shepherd. "Je le referai", avait-il alors assuré.
Greta Thunberg, militante pour le climat, Suède
C'est une figure de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais ces derniers mois, Greta Thunberg se mobilise pour un autre combat : la cause palestinienne. La militante suédoise de 22 ans qualifie les attaques israéliennes sur la bande de Gaza de "génocide" et s'affiche régulièrement dans des manifestations.
Keffieh sur la tête, elle s'est par exemple invitée de façon surprise à un rassemblement propalestinien à Leipzig (Allemagne), début 2024. Elle appelait alors à élever la voix contre l'oppression, l'impérialisme, la guerre et toutes les formes de discrimination et de racisme. "Nous ne devrions jamais permettre à quiconque de nous faire taire", avait-elle lancé.
Marco Van Rennes, marin, Pays-Bas
Peu d'éléments ont filtré sur Marco Van Rennes, si ce n'est qu'il est étudiant, et qu'il a lui aussi tenu la barre du Madleen. "Marco a rejoint la Flottille car il sait que ce qu'il se passe à Gaza est inacceptable, raconte sa sœur, Katja, sur Instagram(Nouvelle fenêtre). C'est la seule manière de changer les choses car notre gouvernement ne fait rien."
Thiago Avila, activiste pour le climat, Brésil
Originaire de Brasilia, Thiago Avila est un militant pour la justice climatique. Son engagement remonte à 2006, lors d'un voyage en Bolivie, où il a assisté à la victoire à la présidentielle d'Evo Morales. A 38 ans, il s'est déjà présenté à deux reprises (en 2018, puis en 2022) aux élections fédérales sous les couleurs du PSOL (le Parti socialisme et liberté), mais n'a jamais été élu. Celui qui se définit comme une "petite fourmi révolutionnaire" est le fondateur de Bem Viver ("Bien vivre"), un mouvement qui prône une vie en harmonie avec la nature et sans exploitation.
En mai, il avait déjà survécu à une attaque de drone contre un autre navire humanitaire au large de Malte cette fois. "Malgré son choc, il avait décidé de rejoindre la nouvelle expédition. L'objectif, disait-il, n'était pas seulement d'apporter du riz et du lait maternisé, mais de briser symboliquement le siège et d'attirer l'attention internationale sur la crise humanitaire", rapporte le site brésilien Noticias(Nouvelle fenêtre). Il a partagé sur son compte Instagram(Nouvelle fenêtre) son expérience à bord du Madleen.
*Source : franceinfo