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dans la presse arabe ou anglo-saxonne.
Barzani: Il est temps maintenant de redessiner des frontières avec un Etat kurde indépendant
Publié par Gilles Munier
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14 Mars 2016, 17:59pm
Par Zhelwan Z.Wali (revue de presse : Rudaw.net – 13/3/16)*
ERBIL, Région du Kurdistan – Pour le président kurde, Massoud Barzani, l’heure est venue pour les dirigeants du monde de repenser les frontières du Moyen-Orient et pour les Kurdes d’avoir leur Etat dans la région.
Au cours d’un entretien avec Philadelphia Media Network [Philly], agence de presse américaine, Barzani a évoqué un certain nombre de problèmes qui affectent, actuellement, la région, à savoir l’émergence de groupes terroristes comme l’Etat islamique, l’échec des Etats nations que sont l’Irak et la Syrie et la possibilité d’un Etat kurde.
« Un coup d’œil au Moyen-Orient et vous voyez que les vieilles frontières n’existent que sur le papier. Il y a déjà eu un remodelage de cette région, » au vu « des nouvelles réalités sur le terrain ».
«Un Sunnistan », une des voies d’avenir pour cette région
Barzani pense que l’émergence des groupes terroristes confessionnels au Moyen-Orient était inévitable car « le renversement de Saddam Hussein a engendré la guerre confessionnelle entre sunnites et chiites (et) a brisé ce pays ».
Quand l’EI s’est emparé de Mossoul et d’un tiers de l’Irak à l’été 2014, l’Irak fut partagé, argumente Barzani qui voit dans « un Sunnistan » une des voies d’avenir pour cette région. Il en est de même pour la Syrie, ajoute-t-il, car « la brutalité de la réponse du régime à des manifestations pacifiques a déchiré le pays, selon des lignes confessionnelles ». Aussi, « je pense que l’unité de la Syrie sera difficile à refaire ».
C’est le conflit religieux qui « a ouvert la voie à l’établissement de l’EI dans des zones sunnites des deux côtés de la frontière syro-irakienne ». « Le massacre va continuer » étant donné la composition ethnique et confessionnelle de l’Irak et de la Syrie.
« L’indépendance est notre droit »
Barzani a prédit la survenance d’un Etat kurde. « Quant aux Kurdes, ils ont rêvé d’indépendance depuis 1923, depuis le Traité de Lausanne entre les alliés de la 1ère guerre mondiale et la Turquie post-ottomane ». « Ce document est revenu sur la promesse faite de fonder un Etat kurde sur les restes de l’empire ottoman pour permettre à ce groupe non-arabe de posséder son propre territoire ».
Le 10 mars, Barzani a, au cours d’une réunion du Parti Démocratique du Kurdistan, déclaré que les Kurdes ne verseront leur sang que pour un prochain Etat kurde. « Si nous versons notre sang cette fois, ce ne sera que pour l’indépendance que nous devons réaliser et tout ce sang versé jusqu’à présent l’a été pour rien », a-t-il souligné. « L’indépendance est notre droit car nous avons œuvré pour cela et n’abandonnerons jamais »
« Notre stratégie et notre priorité seront pour les Kurdes irakiens seulement ».
En janvier, Barzani a annoncé aux partis politiques kurdes qu’un referendum sur l’indépendance du Kurdistan aurait lieu avant l’élection présidentielle US de novembre. Il a assuré qu’un Kurdistan indépendant apporterait la stabilité dans la région.
A la question de savoir si le concept d’Etat concernerait aussi les zones kurdes de l’Iran, de la Turquie et de la Syrie, il a répondu : « je pense que chaque portion du Kurdistan a, au cours des cent dernières années, eu un statut spécial, notre stratégie et notre priorité seront pour les Kurdes irakiens seulement ».
Etant donné la ligne politique des Etats-Unis sur l’unité de l’Irak, ceux-ci n’ont ni soutenu ni approuvé la création d’un Etat pour les Kurdes irakiens, mais Barzani espère qu’ils ne s’opposeront pas à cette idée. « S’ils ne sont pas contre, ne s’y opposent pas, nous leur serons reconnaissants ».