Dans ses « Mémoires » sortis récemment - Decisions Points (Moments décisifs) - l’ancien président G.W. Bush a reconnu avoir commis quelques erreurs, mais avoir autorisé le "simulacre de noyade » pour les terroristes capturés n’en fait pas partie. « Exact » aurait-il dit à propos de cette technique à laquelle a été soumis Khalid Sheikh Mohammed, qui a planifié le 11 septembre. La suffisance de Bush sur le sujet montre combien ses vues et celles de beaucoup à Washington sont déformées sur la question de la torture. Elle est aussi un indice de cette inadéquation des barrières légales qui perdure.
On m’a assuré
que les méthodes d’interrogation
ne constituaient pas des tortures…
Jusqu’à ce que Bush arrive au pouvoir, le "simulacre de noyade » - au cours de laquelle les détenus doivent expérimenter l’impression et la sensation de se noyer - a été considérée comme un crime par les gouvernements US pour au moins 90 ans. On a traduit en justice les soldats américains qui l’avaient utilisée dans les Philippines après la Guerre civile américaine. Le département d’Etat l’avait qualifiée de torture illégale quand des gouvernements étrangers y avaient eu recours. Et, cependant, Bush s’est senti libre d’avouer l’avoir autorisée contre trois chefs d’Al-Qaïda. Parce que les juristes chevronnés de son administration – pour la plupart, des nominations politiques- lui ont fourni des mémorandums secrets déclarant que « la noyade » et d’autres tortures ordinaires étaient légales. « J’ai demandé aux responsables les plus haut placés dans le domaine juridique du gouvernement américain de revoir les méthodes d’interrogation et ils m’ont assuré qu’elles ne constituaient pas des tortures » écrit-il.
En fait, l’une de ces opinions extrêmes a été cassée par le Département de la justice et l’administration a retiré de son menu d’interrogatoires « la noyade » après 2005. Peu après son entrée à la Maison Blanche, le Président Obama a donné l’ordre à tous les interrogateurs gouvernementaux d’appliquer les procédures de l’armée qui l’interdisent. Mais, si l’on en croit ce qu’écrit Bush, le dossier n’est pas clos. Les normes légales régissant le traitement des prisonniers étrangers restent vagues - l’une interdit seulement « les actions qui choquent la conscience ». Bush et ses juristes triés sur le volet ont conclu en secret que cette terminologie permettait la « noyade » des chefs d’Al-Qaïda et il n’y a rien qui puisse empêcher un futur président d’adopter la même attitude.
Il n’y a aucune garantie
que des violations honteuses
des droits de l’homme
ne puissent pas être perpétrées
à nouveau
D’aucuns ont demandé que Bush ou les hauts responsables de son administration soient poursuivis pour avoir autorisé la torture et ils sont furieux contre Obama qui a décidé de ne pas donner suite. Il est peu probable qu’une action en justice contre l’ancien président puisse prospérer même s’il s’agissait d’une décision politique correcte. Ce qui est requis est une action du gouvernement et du Congrès pour bannir les techniques de torture telles que la « noyade » et la privation prolongée de sommeil et définir un cadre légal clair pour les détenus étrangers. En l’absence d’un tel statut, il n’y a aucune garantie que des violations honteuses des droits de l’homme comme celles de Bush ne puissent pas être perpétrées à nouveau.
Traduction: Xavière Jardez
Source : Why George W. Bush can confess to approving torture (Washington Post – 15/11/10)
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/15/AR2010111505961.html