Les délires conspirationnistes
de Nouri al-Maliki
Nouri al-Maliki est mauvais perdant. Elu Premier ministre mai 2006 par un Parlement issu de la mascarade électorale de janvier 2005, il n’accepte pas le nouveau rôle que lui assignent les Américains. Aussi longtemps que le dépouillement des bulletins le plaçait en tête du scrutin, la fraude n’existait pas. Il se disait que ses amis avaient fait du bon travail. Puis, le vent a tourné…
La main invisible des Moudjahidine du Peuple !
Les résultats définitifs correspondent en partie à ce que souhaite la majorité des Irakiens : le refus de la partition, la fin du confessionnalisme et de la main mise iranienne sur les affaires du pays. Alors, Al-Maliki s’accroche au pouvoir. Il reprend l’accusation de ses adversaires de l’Alliance nationale irakienne (ANI), le bloc électoral d’Ammar al-Hakim, affirmant qu’une société informatique américaine a contrôlé les résultats à distance (1), puis délire littéralement en discernant derrière la manipulation… la « main invisible » des Moudjahidine du Peuple iranien (OMPI), principale organisation opposée au régime de Téhéran (2) !
Le site Nahrainnet.net, proche de Moafaq al-Rubaï, ancien conseiller à la Sécurité nationale irakienne, abonde dans le même sens et accuse les réseaux de Nigel Haywood, consul britannique à Bassora (3), d’avoir réduit le nombre des voix pro-Maliki dans cette région, permettant l’élection de trois députés de la liste Allaoui. Al-Rubaï accuse la CIA de « coup d’Etat sans effusion de sang ». Enfin, Ahmed Chalabi assure que l’élection de Iyad Allaoui comme Premier ministre serait anti-constitutionnelle car sa mère est une chiite libanaise (4)…
L’Iran, maître du jeu
La constitution irakienne ayant été rédigée par des juristes américano-israéliens de façon qu’aucune majorité ne soit possible sans marchandages avec des concurrents, le maître du jeu au « second tour » – l’élection du Premier ministre par le Parlement – est l’Iran. Pour connaître les exigences de Téhéran, Jalal Talabani (Président de la République) et Adel Abdul-Mahdi (vice-Président de la République et dirigeant du Conseil suprême islamique) étaient dans le bureau de Mahmoud Ahmadinejad dès samedi dernier, jour de proclamation des résultats.
Notes
(1) Lire : Législatives 2010 en Irak : USA 1 - Iran 0
http://www.france-irak-actualite.com/article-legislatives-2010-en-irak-usa-1-iran-0-47306856.html
La société informatique Nashita a démenti toute implication dans le décompte des voix.
(2) Communiqué du Secrétariat du CNRI (Conseil national de la Résistance iranienne - mars 2010).
(3) Nigel Haywood a été nommé dernièrement Gouverneur des Iles Malouines (Falkland).
(4) La mère d’Iyad Allaoui est effectivement d’origine libanaise, mais elle a été naturalisée Irakienne en 1940. Si l’origine ethnique des dirigeants irakiens actuels était rendue publique, on apprendrait qu’une partie des membres d’Al-Dawa, la quasi-totalité de ceux du Conseil suprême islamique de Ammar al-Hakim et les milices Badr devraient retourner avec armes et bagages en Iran. La Hawza de Nadjaf serait décapitée : l’ayatollah Ali Sistani, né à Mashad (Iran), ayant refusé la nationalité irakienne dont voulait l’honorer le Parlement.