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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Affaire Hariri: l'interview fabriquée de Zouhair Siddiq

Publié par Gilles Munier sur 21 Avril 2010, 17:09pm

Catégories : #Liban

Affaire Hariri :

l’interview fabriquée

de Zouhair Siddiq*

 

Lors de sa libération, le général Jamil Sayyed, ancien directeur de la Sûreté générale libanaise, incarcéré pendant 4 ans – avec trois autres officiers – à la suite des déclarations de Zouhair Siddiq l’accusant d’être impliqués dans l’assassinat de Rafic Hariri, avait demandé à la justice libanaise l’extradition de l’escroc « pour qu’il soit jugé au Liban avec ses complices, notamment le procureur général près la cour de cassation Saïd Mirza, le commandant Wissam Hassan, le journalistes Farès Khachan, le conseiller Hani Mahmoud et d’autres qui ont participé au crime de fabrication de faux témoins ». Il aurait pu ajouter le nom du juge Detlev Mehlis, connu pour étouffer les coups tordus des services secrets occidentaux ou israéliens (1).

 

Selon le général Sayyed, Siddiq serait toujours dans les Emirats Arabes Unis (EAU). L’interview accordée au quotidien koweitien As-Siyassa aurait pour but d’empêcher son extradition vers la Syrie (où on lui poserait les bonnes questions). Ce rebondissement lui permettrait d’être convoqué à La Haye par le Tribunal Spécial Libanais (TSL) et de le protéger, ainsi que ses complices. Ceux qui ont fabriqué ce faux témoin, dit le général Sayyed, « ont préparé l’interview en y ajoutant l’élément nouveau désormais à la mode, de l’accusation contre le Hezbollah ». On va voir si le TSL va tomber dans le panneau, alors que son porte-parole avait déclaré, en 2009, l’individu pas crédible et ses déclarations sans intérêt.

 

Arrêté en France en 2005,  Zuhair Siddiq avait été libéré en 2006 et logé aux frais de l’Etat à Chatou (Yvelines) jusqu’en mars 2008, puis « disparu ». Le député socialiste Gérard Bapt – président du groupe d’amitié France-Syrie – s’en était étonné. Il avait interrogé Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, et Rachida Dati, ministre de la Justice, pour leur demander comment un « témoin clé », faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international et d’une demande d’extradition de la part du gouvernement libanais, avait pu aussi facilement disparaître. La France, disait-on, n’avait pas assumé ses engagements internationaux « au motif qu’il n’était pas possible d’extrader un prévenu vers un pays qui applique encore la peine de mort ». Un peu court, comme justification…

 

Le général Sayyed fait également remarquer que la remise par le Cabinet de Nicolas Sarkozy – alors ministre le l’Intérieur - du faux passeport tchèque ayant permis à Siddiq de quitter la France, est également un élément nouveau. Jusque là, c’est Jacques Chirac qui faisait figure d’accusé.

 

* Lire : Affaire Hariri : faux passeport, made in France

http://www.france-irak-actualite.com/article-affaire-hariri-faux-passeport-made-in-france-48492160.html

 

Note :

Archive : AFI Flash (n°60 – 17 juillet 2006)

 

DETLEV MEHLIS :

« Mossad : connais pas ! »

 

L’enquête du juge Detlev Mehlis sur l’assassinat de Rafic Hariri ressemble à celle qu’il a menée après l’attentat à la bombe dans la discothèque La Belle, le 5 avril 1986, à Berlin Ouest. Dans les deux cas, il s’est refusé à envisager la moindre implication du Mossad dans l’affaire.

 

Le « complot libyen »

A Berlin, l’attentat avait provoqué la mort de deux GI’s et d’une femme turque, et fait plus de 200 blessés, dont 79 Américains. Le Président Ronald Reagan avait aussitôt affirmé que les Etats-Unis avaient intercepté deux messages prouvant la culpabilité de la Libye et lancé l'Opération Eldorado Canyon. Le 15 avril, Tripoli et Benghazi étaient bombardées. On dénombrait 41 tués - dont la fille adoptive du Président Khadafi - et plus de 220 blessés.  

 

Detlev Mehlis avait accrédité, sans la moindre preuve, la thèse du « complot libyen » comme il l’a fait au Liban avec celle de la « piste syrienne ». Pendant quinze ans, il a instruit à charge pour justifier a posteriori l’agression américaine et cacher l’implication de services secrets occidentaux – et israélien -  dans l’attentat. Les informations mettant en doute ses accusations sont accablantes.

 

En 1990, dans « Mossad. Un agent des services secrets israéliens parle », le colonel Victor Ostrosvky, révèle que les messages cités par Ronald Reagan sont l’œuvre du Mossad qui a installé un émetteur Trojan dans un immeuble situé près de la caserne Bab al-Aziziyyah, résidence et bureau du Président Kadhafi. Dès la fin mars 1986, les services d’écoute américains avaient déchiffré des instructions données à des terroristes, croyant qu’elles émanaient des services secrets libyens !

 

Des terroristes liés au Mossad

Le 25 août 1998, une contre enquête du magazine d’investigation Frontal, diffusée sur la chaîne allemande de télévision ZDF révélait que les terroristes arabes inculpés par Mehlis étaient des informateurs de la CIA, du BND allemand ou du Mossad. Le juge était au courant de ces liens, mais n'en avait tiré aucune conclusion et n'en a jamais fait état.

 

Frontal apprend qu'il est allé à Malte: proposer à Musbah Eter - un des terroristes en fuite, ancien fonctionnaire de l'Ambassade de Libye à Berlin-Est - de respecter  son immunité diplomatique à condition qu’il accuse un Palestinien du nom de Yasser Chraidi, chauffeur de l’ambassade, d’être le cerveau de l’attentat. La trace de Musbah Eter, qui a accepté la proposition de Mehlis, a été retrouvée plus tard en Norvège, où il s’est réfugié en 1990. Dans son interview, il refuse de dire pour quel service secret il a travaillé. Son avocat, Odd Devland, raconte alors qu’à son arrivée à Bergen, son client était présenté par les médias comme un danger pour la sécurité du pays, mais qu’une intervention du Mossad a miraculeusement arrangé la situation. Musbah Eter a même obtenu sa naturalisation.

 

Le rôle joué par le Mossad et certains services occidentaux dans l'attentat de Berlin-Est explique sans doute pourquoi le 18 novembre 1997 le tribunal allemand n'a condamné les terroristes qu'à des peines de 12 à 14 ans d'internement, alors que la prison à vie était réclamée. Selon Frontal qui a eu accès aux synthèses finales du KGB et de la Stasi sur cette affaire, l’attentat a été commis en réalité – moyennant finances occidentales - par un autre groupe, composé de « terroristes professionnels » dirigés par un certain « Mahmoud » Abou Jaber. Musbah Eter et ses complices étaient des coupables parfaits, là pour brouiller les pistes remontant  aux auteurs et aux commanditaires de l’opération.

                                                                                                                                                                           GM

 

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