Communiqué de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix – 28 novembre 2024)*
La diplomatie française a publié ce 27 novembre un communiqué aux effets criminels dans lequel elle prétend éhontément que des “immunités s’appliquent au Premier ministre Netanyahou et aux autres ministres concernés” car Israël n’est pas signataire du Traité de Rome. Elle annonce ainsi qu’elle ne mettra pas en œuvre les mandats d’arrêts de la CPI à l’encontre de B. Netanyahou et Y. Gallant.
Selon le journal israélien de gauche Haaretz, il s’agit du résultat d’un marchandage entre les États-Unis, la France et Israël, pour obtenir du gouvernement israélien la signature formelle d’un cessez-le-feu avec le Liban. Dans cet accord, les États-Unis s’engageraient également à livrer à Israël des armes qu’ils lui refusaient jusque-là. 22,76 milliards d’euros d’armes livrées par les États-Unis sur l’année écoulée : ce n’était visiblement pas assez. Autrement dit, en échange d’une signature par Israël d’un cessez-le-feu au Liban, les États-Unis et la France ont offert impunité et armes pour dire à Netanyahou « OK terminez le travail à Gaza. »
Cette annonce est juridiquement, politiquement et moralement inacceptable :
- Elle met la France une nouvelle fois en rupture complète avec le Droit international. La jurisprudence de la CPI est constante : il n’y a aucune espèce d’immunité pour les dirigeants d’État non-signataires du traité de Rome.
- La France garantit l’immunité aux criminels de guerre israéliens, malgré le mandat d’arrêt de la CPI, renforçant encore leur impunité en plein génocide, les encourageant à le poursuivre.
- Après plus d’un an de massacres quotidiens, le gouvernement génocidaire est le principal partenaire de la France pour “la paix et la sécurité” et rien n’est envisagé pour nouer le moindre partenariat avec le gouvernement de Gaza. Le communiqué affirme en effet que “la France entend continuer à travailler en étroite collaboration avec le Premier ministre Netanyahou et les autres autorités israéliennes pour parvenir à la paix et à la sécurité pour tous au Moyen-Orient.”
- Elle utilise sans vergogne le vocabulaire de la collaboration avec les autorités israéliennes, pourtant si connoté.
- En renforçant l’idée qu’Israël et ses dirigeants sont intouchables, immunisés quoi qu’ils fassent et quoi qu’en dise le Droit international, la France nourrit les préjugés antisémites qui font d’Israël une exception en tant que prétendu « État des Juifs ».
- La France n’a eu aucun rôle réel dans les négociations, Macron a accédé à la demande d’immunité formulée par les dirigeants israéliens uniquement pour avoir son nom en bas de l’accord.
Cette décision des autorités françaises n’est malheureusement pas une surprise. Seule une mobilisation populaire massive partout dans le monde peut contraindre les États partenaires du génocide en cours à prendre la seule décision conforme au droit et à la justice : de sanctionner fortement Israël jusqu’à ce qu’il respecte le Droit international, à commencer par un cessez-le-feu immédiat. C’est tout le sens de l’engagement de l’UJFP dans les mobilisations et dans la campagne BDS.
*Source : La Coordination nationale de l’UJFP