Revue de presse : Nouvelle Aube (7 novembre 2024)*
Le 13 novembre prochain, doit se tenir, à Paris, un gala organisé par l'association "Israël is forever" et auquel participera, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances.
L'évènement, qui se déroulera dans un lieu privé et tenu secret, fait l'objet d'un recours déposé mercredi par l'association EuroPalestine, devant le tribunal administratif de Paris pour tenter de le faire interdire.
Si EuroPalestine organise jeudi matin une conférence de presse, l'audience aura lieu à 15 heures 30 devant le siège de la juridiction administrative. Une manifestation est également prévue dans la soirée au Trocadéro, pour réclamer l'interdiction du gala.
Dans une interview à Anadolu, Maître Rafik Chekkat, l'un des avocats à l'origine du recours, est revenu sur les enjeux de cette procédure dont il considère qu'elle ne revêt pas seulement "un caractère moral mais se base sur le droit".
Il explique qu'il entend, par ce recours, contester "l'absence d'arrêté d'interdiction de l'évènement par l'autorité préfectorale alors même que le risque de trouble à l'ordre public est très important".
Et au-delà des troubles qui pourraient être provoqués en raison d'un fort mouvement de contestation quant à la tenue, en France, d'un tel évènement, l'avocat souligne que ce sont surtout le déroulé, les invités et la teneur des propos qui pourraient y être tenus qui relèvent de potentiels troubles.
Maître Rafik Chekkat fait observer que "presque toutes les activités de l'association Israël is forever tombent sous le coup de la loi". Et de poursuivre:
Cette organisation se livre à la promotion et au financement de la colonisation en Cisjordanie, promeut l'acquisition de terres par la force, et organise même des départs depuis la France vers Israël.
Sa présidente, l'avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri connue pour avoir ouvertement appelé à bloquer l'aide humanitaire à Gaza, fait en effet l'objet d'un signalement à la justice, effectué en mars dernier par le député LFI (La France Insoumise), Thomas Portes, pour avoir notamment appelé à "raser Gaza", qualifiant les Gazaouis de "voisins barbares" tout en défendant la colonisation et en prônant une "émigration en masse des Arabes de Gaza".
Le ministre israélien des Finances et ardent défenseur de la colonisation, Bezalel Smotrich, participera lui aussi au gala, aux côtés de cette sulfureuse organisatrice.
L'avocat Rafik Chekkat rappelle à son propos qu'il a déjà tenu, y compris lors d'un précédent évènement à Paris "des propos qui sont des atteintes caractérisées à des règles de droit international et de droit français".
Il existe selon lui "un risque d'apologie de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité" et de grandes inquiétudes sur "l'affectation des sommes qui vont être levées et qui vont servir à l'armée israélienne".
"Ce n'est même pas de la morale, c'est du droit pur et simple" martèle l'avocat en rappelant que Smotrich s'est régulièrement illustré par des déclarations outrancières à l'encontre de la population palestinienne. Il estimait récemment que "laisser mourir de faim" les habitants de Gaza pourrait être "justifié et moral", provoquant une indignation générale.
Ce recours intervient donc alors que le gouvernement français a été interpellé mardi par la présidente du groupe LFI à l'Assemblée Nationale, Mathilde Panot, qui considère que "la place du ministre Smotrich n'est pas dans un gala, mais dans un tribunal international" et que "la France se déshonore" en autorisant sa participation.
Le Premier ministre français Michel Barnier lui a de son côté répondu que "les autorités françaises ne sont d'aucune manière associées à cet éventuel déplacement" et qu'il "n'y aura aucune forme de contact gouvernemental avec lui".
"Je vais aller plus loin. Nous avons condamné dans les termes les plus clairs les propos irresponsables et inacceptables qu'il a tenus notamment lors d'une précédente visite en France pour un événement similaire. La France est résolument opposée aux positions exprimées par ce ministre et par tous les groupes dont il est proche", a-t-il poursuivi en rappelant que des sanctions ont déjà été prises par Paris à l'encontre de colons notamment en Cisjordanie.
Le 25 octobre dernier, interrogé par Anadolu, le Quai d'Orsay avait fait savoir que "Monsieur Smotrich a toute possibilité de venir participer à un gala à Paris".
*Source : Nouvelle Aube (Yeni Safaq)