Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine -24/2/22)*
Maintenant qu’Israël a dévoilé sa traîtrise, la Russie va-t-elle enfin cesser de tolérer ses attaques contre la Syrie ?
J’espère que Vladimir Poutine était à l’écoute lorsque le ministre israélien des affaires étrangères Yair Lapid a déclaré à la télévision qu’Israël se rangerait du côté des États-Unis dans toute guerre entre la Russie et l’Ukraine, et resterait toujours en phase avec ses alliés stratégiques américains.
Le président russe a été jusqu’à présent l’un des plus grands défenseurs de cet État occupant raciste, fermant totalement les yeux sur ses attaques agressives répétées contre la Syrie, l’annexion de territoires palestiniens, le sabordage de la solution à deux États, le massacre d’innocents palestiniens et le renforcement du siège impitoyable sur deux millions de personnes dans la bande de Gaza – dont la majorité est pro-russe.
La plupart des Arabes – à l’exception des dirigeants clients des États-Unis qui ont normalisé leurs relations avec l’État occupant – considèrent la Russie comme un allié stratégique. Ils soutiennent son alliance avec la Chine, qui vise à mettre fin à l’hégémonie mondiale des États-Unis à l’origine de toutes les guerres qui les menacent et dévastent leurs pays.
La Russie traite Israël comme un ami sur lequel on peut compter dans les moments difficiles… C’est pourquoi elle l’a autorisé à effectuer plus de 300 raids aériens et de missiles sur la Syrie au cours des cinq dernières années, dont récemment le port de Lattaquié, à seulement 50 km de la base aérienne russe de Hmeimim.
La Russie a toujours eu l’habitude de se référer au million d’Israéliens d’origine russe qui ont émigré ces dernières années dans les territoires palestiniens usurpés comme prétexte pour être indulgente envers Israël et fermer les yeux sur ses attaques contre des cibles militaires et civiles en Syrie, qui ont tué et mutilé des centaines de personnes, principalement des civils.
La position prise par le ministre israélien des affaires étrangères – et futur premier ministre – démontre l’échec et la naïveté de cette position. Elle appelle à repenser toute la gamme des politiques russes accommodantes à l’égard de cet ami supposé qui a tourné le dos à Moscou et pris ouvertement le parti de son adversaire à un moment extrêmement délicat.
La Russie et Poutine devraient retourner la carte du million d’Israéliens russes – dont la plupart ne sont pas juifs ou reconnus comme tels – contre cet État raciste qui affiche son hostilité envers leur patrie et soutient ses ennemis.
Lorsque le service arabe de RT a reçu un colonel russe pour expliquer pourquoi la Russie ne répondait pas aux attaques israéliennes sur la Syrie, ou ne permettait pas à l’armée syrienne d’utiliser ses missiles S-300 pour les repousser, il a répondu : “Nous ne sommes pas dans un état d’hostilité avec Israël. Nous ne sommes pas allés en Syrie pour le combattre, mais pour combattre les terroristes.”
Cet expert, ou le porte-parole de son gouvernement, devrait maintenant nous dire s’ils pensent que les remarques de Lapid ne constituent pas un aveu de la soumission d’Israël aux États-Unis, ou que déclarer qu’Israël se tiendra aux côtés des ennemis de la Russie dans n’importe quelle guerre ne constitue pas une déclaration d’hostilité.
Nous espérons que la réponse ne se fera pas trop attendre.
Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
Source et Traduction : Chronique de Palestine
Version originale : 23 février 2022 – Raï al-Yaoum