Qais Khazali, chef d'Asaib Ahl al-Haq (AAH)
+Commentaire de Gilles Munier : Vers une nouvelle guerre du pétrole en Irak ?
Par Mina Aldroubi (revue de presse : The National – 28/11/18)*
Le Congrès américain a finalisé mardi soir le projet de loi afin de contrecarrer l’influence grandissante en Irak des milices soutenues par l’Iran.
Le projet de loi 2018 nommé « Prévenir une déstabilisation de l’Irak» a pour but de sanctionner les « Iraniens qui menacent la paix ou la stabilité en Irak ou celle du gouvernement irakien ».
Les milices Asaib Ahl Al Haq (AAH) et Harakat Hezbollah Al Nujaba, qui sont financées par le Corps des Gardiens de la révolution islamique, seront ainsi sanctionnées et leurs fonds gelés.
Les deux groupes font partie des Forces de Mobilisation Populaire (FMP) connu en arabe sous le nom de Hachd al-Chaabi, un mouvement qui a soutenu les forces gouvernementales irakiennes dans sa lutte contre l’Etat Islamique. Ils ont été formellement incorporés au sein des forces de sécurité l’an dernier après la défaite des militants extrémistes.
Ce projet de loi exige du président américain qu’il impose des sanctions à «toute personne étrangère qu’il considère comme commettant sciemment un acte de violence dont le but ou les effets seraient de menacer la paix ou la stabilité de l’Irak », ou son gouvernement, ou qui sape la démocratie irakienne ou tout effort du pays pour promouvoir la reconstruction économique ainsi que les réformes politiques et d’assurer une assistance humanitaire à son peuple.
L’AAH a été fondé en 2006 alors que Nujaba est une faction affiliée à l’AAH et à Kataeb Hezbollah, une organisation créée en 2013 et désigné par les Etats-Unis comme étant un groupe terroriste. Le chef de AAH, Qais Khazali a prêté serment d’allégeance au leader suprême iranien Ali Khamenei, mais dément recevoir toute aide de ce pays. Il est soupçonné d’être le cerveau derrière l’enlèvement et l’exécution de 4 soldats américains à Kerbala en 2007.
Le Sénat devra aussi approuver le projet de loi avant qu’il ne soit envoyé à la Maison-Blanche. La loi demande aussi que le président américain identifie les individus et les groupes en Irak qui devraient être inclus dans la liste des organisations terroristes qui tombent sous le coup de cette loi.
Il exige entre autres que le Département d’Etat publie et maintienne à jour la liste des groupes armés qui reçoivent une aide du Corps des Gardiens de la révolution islamique. Il ouvre la voie vers l’imposition de sanctions contre les factions afghanes et pakistanaises qui combattent en Syrie du côté du président Bachar al-Assad, et qui sont partiellement financées par l’Iran.
Téhéran se vante d’être le leader du disant «axe de la résistance », soutenant le gouvernement syrien, les milices chiites en Irak, le Hezbollah au Liban et les rebelles chiites au Yémen que sont les Houtis.
La loi américaine arrive à un moment où Khazali a demandé au gouvernement irakien d’accorder un rôle de garde-frontière plus formel et pérenne aux milices. « Sécuriser les frontières de l’Irak avec la Syrie est à l’heure actuelle une des tâches les plus importantes des Forces de Mobilisation Populaire », a-t-il déclaré samedi.
« La menace de l’Etat Islamique sur Irak durera tant que la Syrie sera instable. Les Forces de Mobilisation Populaire ont prouvé qu’elles étaient les plus à mêmes de faire face à l’EI, et peut-être que les forces armées pourraient leur octroyer certaines fonctions dont celle de la garde des frontières», ajoute-t-il.
Des députés irakiens ont appelé au désarmement des FMP. Ils tiennent les milices pour responsables d’abus généralisés, y compris des exécutions sommaires et du déplacement de populations non chiites. Ils leur reprochent d’avoir prêté allégeance à l’Iran et pas au gouvernement de Bagdad. Ancien commandant du FMP, Hadi al-Amiri, est à la tête du deuxième plus grand groupe politique au parlement.
On estime que les FMP comptent 150 000 membres et comprennent des groupes qui ont combattu l’armée américaine lors de l’invasion de 2003 qui a vu la fin de la dictature de Saddam Hussein, ainsi que des personnes à l’encontre desquelles Washington avait pris des mesures dans le cadre des sanctions contre l’Iran.
*Source : The National
Traduction et Synthèse : Z.E pour France-Irak Actualité
+Commentaire de Gilles Munier : Vers une nouvelle guerre du pétrole en Irak ?
S’il est voté, le projet de loi anti-milices pro-iraniennes finalisé au Congrès américain - majoritairement républicain et pro-israélien - permettrait à Donald Trump de déclarer la guerre à l’Iran sur le sol irakien.
En ordonnant le bombardement des bases d’Asaib Ahl Al Haq (AAH) et d’Harakat Hezbollah Al Nujaba, puis inévitablement celui des autres membres des Hachd al-Chaabi qui se solidariseront automatiquement avec ces dernières, Trump ouvrirait à nouveau les « portes de l’enfer » en Irak.
Le président américain croit peut-être qu’une nouvelle guerre d’Irak lui donnerait l’occasion de s’emparer des puits de pétrole – le « butin » délaissé, selon lui, par Barak Obama - et, d’être réélu en 2020.
Une nouvelle guerre du pétrole en Irak – une guerre anti-chiite cette fois – enflammerait toute la région et au-delà. Qui peut croire que les Etats-Unis en sortiraient vainqueurs?