Avec le boucher de Ryad, pour Macron c’est « business as usual »
Revue de presse : Chronique de Palestine (1/12/18)*
Selon des responsables de l’Élysée, Macron a transmis vendredi un message « très ferme » [quelle rigolade – NdT] au prince saoudien à propos du meurtre du chroniqueur du Washington Post, Jamal Khashoggi, en octobre, ainsi que de la guerre en cours au Yémen.
Macron aurait déclaré que l’Europe insisterait pour que des experts internationaux participent à l’enquête sur l’assassinat de Khashoggi, a rapporté l’agence de presse Reuters.
Un échange crypté entre les deux vendredi a été capturé sur une vidéo et partagé par la Gazette saoudienne de langue anglaise.
Dans la vidéo, on peut entendre le prince Mohammed, également connu sous le nom de MBS, qui dit au dirigeant français de ne pas s’inquiéter, ce à quoi il répond: « Je suis inquiet ».
Macron dit ensuite à MBS: « Tu ne m’écoutes jamais », ce à quoi le prince répond: « J’écouterai, bien sûr. »
MbS: « Ne t’inquiète pas »
Macron: « Je m’inquiète. Je suis inquiet … »
MbS: « Il m’a dit. Je vous remercie. »
Macron: « Je ne veux pas … »
MbS: « Non »
Macron: « Tu ne m’écoutes jamais »
MbS: « J’écouterai, bien sûr »
Macron: Inaudible
MbS: « C’est bon, je peux m’en occuper »
Macron: “Je suis un homme de parole”
La vidéo : un Macron tout mielleux et obséquieux s’humilie honteusement devant le psychopathe et criminel en chef MBS (30 novemnre 2018):
Le contexte de l’échange n’est pas clair, mais les dirigeants occidentaux, dont Macron et la première ministre britannique Theresa May, ont juré de questionner le prince saoudien à la suite du meurtre de Khashoggi, disparu [assassiné par étouffement après avoir été torturé, puis ensuite démembré] au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre.
Plusieurs États, y compris les États-Unis et le Canada, ont déjà imposé des sanctions aux agents saoudiens impliqués dans le meurtre, mais de fortes suspicions subsistent quant au rôle du prince héritier saoudien dans l’assassinat [la CIA a établi que MBS était le commanditaire direct du meurtre].
La France a également imposé des sanctions, notamment des interdictions de voyager à 18 citoyens saoudiens liés au meurtre. Les responsables français ont également déclaré que davantage de sanctions pourraient suivre en fonction des résultats d’une enquête.
L’Arabie saoudite rejette toute idée selon laquelle MBS aurait eu connaissance de l’opération visant à tuer Khashoggi, mais la Turquie a toujours laissé entendre qu’un haut niveau de la participation saoudienne était impliqué, sans accuser aucun roi saoudien de haut rang.
L’assassinat de Khashoggi a provoqué l’indignation dans les États occidentaux et les gouvernements traditionnellement alliés à l’Arabie saoudite se sont retrouvés confrontés à des difficultés pour sanctionner le royaume avec le risque de détériorer les liens et de mettre en péril les contrats commerciaux et militaires.
Le président américain Donald Trump a prévenu que les États-Unis risquaient de perdre des milliards de dollars s’il prenait des mesures punitives à l’encontre de Riyad.
Le G20 est la première participation du prince Mohammed à une réunion de dirigeants occidentaux depuis l’assassinat de Khashoggi.
Source et traduction : Chronique de Palestine
Version originale : Al Jazeera