Par Gilles Munier/
En mai dernier, en Iran, j’ai assisté aux derniers jours de la campagne pour l’élection présidentielle à Kermanshah, Paveh (Kurdistan) et Téhéran. Etaient en lice : Hassan Rohani – président sortant, mollah dit modéré – et Ebrahim Raïssi, descendant du prophète Muhammad, considéré comme conservateur.
Rohani avait à son actif la levée des sanctions internationales liées au programme nucléaire iranien et donc la promesse d’une amélioration de la situation économique.
De Raïssi, je savais qu’il dirige Astan Quds Razavi, une des grandes organisations caritatives du monde musulman, et le sanctuaire de l’imam Reza (8ème imam chiite), à Machhad.
Raïssi me semblait, de par sa sensibilité et ses activités en faveur des plus pauvres, le plus apte à répondre aux besoins de réforme de l’économie iranienne, de faire pencher la balance en faveur de ce qu’on appelle les « déshérités ».
Hassan Rohani a été réélu au premier tour avec 57% des votes exprimés. Ses promesses électorales ne se sont évidemment pas matérialisées.
Comme il fallait s’y attendre, la désillusion des « déshérités » et des jeunes au chômage a fini par exploser. Ces derniers jours, on a assisté en quelque sorte au second tour de l’élection présidentielle sous la forme de manifestations de rues. Et des opposants de tous poils, manipulés par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou Israël – comme les Moudjahidine du Peuple ou le PJAK - en ont profité pour surfer sur le mécontentement d’une partie de la population et faire déraper les manifestations.
Comme il fallait aussi s’y attendre, les médias occidentaux ont donné à ces événements un écho disproportionné, laissé croire que l’heure du changement de régime était venue. C’était méconnaitre les réalités du pays.
Cela dit, on voit mal comment Rohani peut redresser la barre. Sans changement radical et surtout rapide de sa politique économique et sociale d’autres explosions de « ras-le-bol » sont à prévoir.