Revue de presse : El Watan (29/6/17)*
Pénurie d’eau, coupures d’électricité et incursions israéliennes - Selon l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme basé à Genève, les deux millions d’habitants de la bande de Gaza vivent l’une de leurs pires crises depuis l’imposition du blocus israélien en 2006.
Après plus de dix ans de blocus imposé par Israël avec la complicité de l’Egypte, la situation sécuritaire et humanitaire ne fait qu’empirer à Ghaza. Au niveau sécuritaire, l’armée israélienne multiplie ses agressions contre les habitants de l’enclave palestinienne. Le secteur de la pêche, qui permet à des milliers de familles de vivre, est l’un des plus ciblés.
En plus des restrictions qui leur sont imposées (ils n’ont plus le droit d’aller au-delà de 6 milles), les pêcheurs subissent quotidiennement des tirs de patrouilleurs de la marine de guerre israélienne, faisant souvent des blessés et parfois des morts, cela en plus des dégâts causés à leurs embarcations.
Les agressions israéliennes dans la bande de Gaza peuvent aussi prendre l’aspect de raids aériens, comme ceux menés lundi à l’aube, lorsque des avions de chasse ont bombardé plusieurs positions de la résistance palestinienne. Intenses, les bombardements israéliens ont lieu généralement près de zones habitées, ce qui entraîne une grande peur, particulièrement chez les enfants en bas âge. Mais on ne peut évoquer la situation sécuritaire dans la bande de Gaza sans parler des incursions presque quotidiennes de chars, de blindés et de bulldozers de l’armée israélienne.
Des incursions dont les buts sont divers, dévastation des terres agricoles, provocation des résistants dont les positions ne sont pas très loin de la frontière, terroriser les habitants vivant dans ces zones, et surtout imposer une sorte de «no man’s land» large parfois de plusieurs centaines de mètres où toute personne qui s’y aventure se fait abattre froidement.
Ces incursions s’accompagnent souvent de tirs anarchiques sur les habitations proches. Une incursion de plusieurs chars et bulldozers a eu lieu hier matin à l’est du camp de réfugiés d’El Bureij, au centre de la bande de Gaza. Les chars israéliens ont tout dévasté sur leur passage.
Une des pires crises depuis 2006
Sur le plan humanitaire, la situation est des plus alarmantes. Le plus grand problème à Gaza ce sont les longues coupures d’électricité. Elles menacent non seulement les citoyens, mais également des secteurs stratégiques tels que la santé, l’eau potable, le réseau des eaux usées et l’industrie.
Après la réduction, il y a près d’une semaine, des livraisons d’électricité par Israël de 120 mégawatts à 80 mégawatts environ et malgré le redémarrage de la seule centrale de production d’électricité dans le territoire grâce à du gasoil égyptien, le courant électrique n’est disponible que 4 heures par jour. A plein régime, la centrale de Gaza fournit 120 mégawatts, mais actuellement elle ne fait que compenser les 40 mégawatts israéliens manquants. La bande de Gaza a besoin d’au moins 500 mégawatts pour garantir de l’électricité durant les 24 heures.
Avec les grosses chaleurs de ces jours d’été, dans une région où la densité de la population est parmi les plus élevées au monde, la vie devient presque impossible sans électricité, surtout pour les enfants qui sont les plus vulnérables. A côté de la crise énergétique, la fermeture des points de passage par Israël et celle quasi permanente du terminal de Rafah à la frontière avec l’Egypte, en plus de la réduction de 30% des salaires des employés de l’Autorité palestinienne ont créé une situation dramatique pour des centaines de milliers de citoyens devenus dépendants des aides humanitaires.
Cette situation a gravement endommagé le secteur économique déjà en situation de récession, a alerté mardi l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme basé à Genève. Selon cet organisme, les deux millions d’habitants de la bande de Gaza vivent l’une de leurs pires crises depuis l’imposition du blocus israélien en 2006. Le secteur vital le plus touché par le blocus est celui de la santé. La même source indique que 170 médicaments manquent complètement dans les entrepôts centraux de Gaza. Cela représente 33% des médicaments répertoriés comme essentiels.
Ce n’est pas tout : 37 variétés de médicaments anticancéreux sur 67 sont introuvables, ce qui veut dire que 70% des services rendus aux cancéreux ne le sont plus. Le déficit en matériel médical consommable a atteint les 40%. Selon l’Office des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 1000 malades ont besoin de soins à l’étranger mensuellement pour manque de structures spécialisées.
50% des demandes de transfert de malades pour des soins sont refusés par les autorités israéliennes et 20 000 citoyens, pour la plupart des cas humanitaires, sont inscrits sur les listes pour sortir par le terminal de Rafah. Durant les premiers mois de l’année 2017, le taux de chômage a atteint 43,2%, contre 18,7% seulement en Cisjordanie occupée. 38,8% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Malgré tous ces chiffres alarmants, la communauté internationale reste les bras croisés.
*Source : El Watan