Par Claude Léostic (revue de presse : Agence Media Palestine.fr - 22 juin 2015)*
Rappel : Le blocus illégal de la bande de Gaza, mis en place par Israël en 2007 et renforcé par l’Egypte, au sud, depuis la prise du pouvoir par les militaires en 2014, emprisonne et étrangle 1.8 million de Palestiniens dans 380 km², dont une vaste superficie couverte des ruines dues aux attaques militaires récurrentes menées par l’armée israélienne, l’une des plus puissantes au monde. Les Gazaouis n’ont aucun contrôle sur leur espace terrestre, aérien et maritime.
La situation sanitaire et humanitaire de la bande de Gaza est dangereuse et inacceptable. La sécurité alimentaire de la population – qui vit à 80% de l’aide internationale- n’est pas assurée. Les infrastructures sont détruites, y compris des hôpitaux. La centrale électrique, maintes fois bombardée et privée de fuel, ne suffit pas à approvisionner villes, villages et camps de réfugiés, tandis que l’eau potable manque cruellement. La station d’épuration, régulièrement visée aussi, manque également de carburant, le système d’évacuation des eaux est en miettes, aussi les eaux usées se déversent dans les rues, le sol et la mer, créant un risque sanitaire majeur.
La reconstruction promise par les donateurs après les massacres et les dévastations de l’été 2014 et confiée aux Nations unies, au détriment de la société civile palestinienne, se fait attendre, l’argent n’arrive pas, les matériaux n’entrent pas. Des dizaines de milliers de personnes n’ont toujours pas de logement.
La circulation des personnes et des marchandises vers et hors de Gaza est quasi impossible, avec de graves répercussions sur la santé et l’éducation. L’industrie est en ruine, la pêche et l’agriculture lourdement entravées, sans compter les risques constants d’attaques et autres violences sur les fermiers et les pêcheurs.
Les droits élémentaires des Palestiniens de Gaza sont violés par le blocus qui est une punition collective de la population après l’élection – voulue et contrôlée par la « communauté internationale »- qui a porté le Hamas aux affaires en 2006.
Si de nombreuses déclarations internationales condamnent le blocus et en demandent la levée, aucune action n’a été menée à cet effet, assurant l’impunité d’Israël, aussi ce sont les peuples, des citoyens qui ont pris en charge l’exigence de la levée du blocus.
Les flottilles : Plusieurs flottilles ont été organisées depuis 2008. L’événement le plus marquant a été l’attaque sanglante contre la flottille 2010, attaquée de nuit en eaux internationales par des commandos aéroportés israéliens. Le Mavi Marmara, navire turc, a été particulièrement ciblé et l’attaque israélienne a fait 10 morts, tous civils bien sûr. Par cet acte de piraterie criminel, le message du gouvernement israélien était clair : pas de solidarité avec les Palestiniens de Gaza, le blocus demeurera (en 2011 la libération lors d’un échange de prisonniers du tankiste israélien détenu à Gaza, prétexte posé au blocus, n’y changea rien).
La détermination du mouvement international de soutien à Gaza n’a pas faibli devant la menace : en 2011 la Flottille de la Liberté II dont le mouvement de solidarité français était partie prenante active, a tenté d’atteindre Gaza. Attaqué en haute mer, le bateau français, le Dignité, a été arraisonné, volé, les personnes à bord kidnappées, amenées de force en Israël puis expulsées après une courte détention. D’autres initiatives ont suivi, bateau canadien, bateau « juif » dont les militants venus de différents pays, dont Israël, ont subi la violence de la soldatesque israélienne. Puis ce fut l’Estelle, navire suédois qui fit escale en France en 2012 et l’Arche de Gaza en 2013, projet innovant pour briser le blocus à partir de Gaza, opportunément détruit par un missile israélien en juillet 2014 !
Alors après toutes ces tentatives, contrées à chaque fois par un acte israélien criminel, on aurait pu renoncer. Mais l’important est de montrer à quel point ce blocus est mortifère et aussi immoral qu’illégal. De faire savoir au monde qu’Israël est un Etat qui viole constamment le droit international. Et bien sûr d’assurer les Palestiniens, de Gaza dans ce cas précis, que notre solidarité reste intacte, renforcée même par ces intimidations et ces crimes que nous voulons dénoncer et mettre au grand jour.
Protéger la flottille III : C’est pourquoi une troisième flottille est en route vers Gaza. Un bateau a quitté la Suède il y a quelques semaines et après plusieurs escales en France, Espagne, Portugal et Italie – qui ont été l’occasion de rassemblements militants, d’événements politiques et festifs, d’information aux médias, aux élus et au public- il va rejoindre 3 autres navires en Méditerranée pour voguer ensemble vers Gaza. A bord, outre les militants et les équipages, des personnalités comme l’ancien président tunisien Moncef Marzouki, un député israélien Basel Ghattas, des élus, des députés des parlements algérien, espagnol, grec et jordanien, des universitaires, des sportifs, une religieuse espagnole, Teresa Forcade, et des médias de différents pays (1).
Tous ces braves savent les risques que l’on court à s’opposer à la puissance coloniale agressive d’Israël mais pour eux l’impératif de solidarité et de justice, l’exigence du droit priment sur l’inquiétude inévitable.
A nous de les protéger en faisant savoir le plus largement possible que cette action est pacifique, qu’elle est citoyenne et internationaliste, qu’elle doit attirer l’adhésion de tous, notamment des Etats qui se réclament de ces valeurs de droit et de justice.
Alertons les médias, les politiques, nos élus, tous nos réseaux. Demandons à nos autorités de faire pression pour qu’Israël, qui a menacé d’empêcher les bateaux d’arriver à Gaza, port de la Palestine, ne fasse pas encore acte violent de piraterie en haute mer. La Flottille doit passer, le blocus doit tomber !
- Les médias présents sont, à ce jour : Al Jazeera English, Al Jazeera Arabic, Euro News, Maori TV-New Zealand, Al Quds TV, Russia Today TV et Mayadeen TV de même que plusieurs journalistes indépendants.
*Contre le blocus illégal, en route pour Gaza
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