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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


L’autre front : la mise au pas des Russes et des Chinois

Publié par Gilles Munier sur 28 Octobre 2014, 21:57pm

Catégories : #Russie

L’autre front : la mise au pas des Russes et des Chinois

Chronique de Chérif Abdedaïm (revue de presse : La Nouvelle République - 28/10/14)*

Pendant que les bombardements se succèdent en Irak et en Syrie, la plupart des médias occidentaux taisent l’autre guerre qui, pour l’instant demeure assez froide, pour n’être perceptible que par une minorité d’observateurs avertis. Il s’agit bien sûr, pour les américains, de mettre au pas les russes et les chinois afin d’asseoir leur hégémonie mondiale.

L’enjeu profond pour les états-uniens est d’une double nature. D’une part, s’assurer la disposition exclusive des ressources naturelles mondiales (pétrole, gaz, minerais, diamants, etc…), notamment celles recelées en quantités quasiment inépuisables par les vastes territoires russes et chinois, tout en s’appropriant les débouchés futurs que constituent ces gigantesques marchés. D’autre part, faire en sorte qu’aucun facteur politique ou national sérieux émanant de ces régions ou d’ailleurs ne vienne à l’avenir perturber la réalisation de ces plans audacieux.

La réorganisation mondiale en cours s’efforce avant tout d’effacer toute trace des deux grandes révolutions du 20ème siècle. Pour rattraper le temps perdu depuis 1917 et consolider sa domination sur des concurrents éventuels encore trop faibles, l’Amérique met les bouchées doubles.

Il y a un siècle, Lénine estimait que « l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme ». La mondialisation sera-t-elle le stade suprême de l’impérialisme ?…Un des moyens utilisés par l’Occident pour affaiblir la Russie consiste à s’en prendre à ses voisins et alliés potentiels, de préférence à ceux de l’ancienne URSS que Moscou rêve – paraît-il – de récupérer pour reconstituer son Empire disparu. Le plus gros de ces voisins est bien sûr l’Ukraine.

Dans la crise qui secoue la région russe, la collaboration Moscou-Kiev semble avoir porté ses fruits. Elle est bien sûr à sens unique, comme dans tous les cas où collaboration est synonyme de soumission. Seul Porochenko en profite, tandis que Poutine l’aide à réaliser pas à pas son «plan de paix ». Apparemment, Poutine ferait n’importe quoi pour obtenir la levée des « sanctions » occidentales. Résultat : l’aide militaire russe ne passe plus, la résistance est paralysée et le troisième volet de la trahison de Minsk est en préparation. On ignore ce qu’il contiendra, peut-être la dissolution des milices populaires et le retour de l’administration de Kiev dans le Donbass.

Cela dit, si les desseins hégémoniques américains se dessinent sans ambages ; il semble que russes et chinois ne prennent pas au sérieux cette menace, nous dit Paul Craig Roberts : «Pour autant que je sache, ni le gouvernement russe ni le gouvernement chinois ne prennent au sérieux la menace représentée par Washington. La prétention américaine d’exercer son hégémonie sur le monde [(rétention ouvertement affichée par Obama dans son discours arrogant et agressif devant l’Assemblée générale de l’ONU) leur paraît trop outrancière pour être vraie. Et pourtant, elle est bel et bien réelle. »

« Comme la Russie et la Chine refusent de prendre la menace américaine au sérieux, elles n’y répondent pas de manière appropriée en prenant des mesures susceptibles de mettre fin à la menace sans qu’il soit nécessaire de recourir à la guerre. Par exemple, le gouvernement russe pourrait très probablement causer l’effondrement de l’OTAN en répliquant de la manière suivante aux sanctions imposées par Washington et l’UE : il lui suffirait d’informer les gouvernements européens que la Russie ne vend plus de gaz naturel aux pays de l’OTAN. Au lieu d’user de cette arme de rétorsion, la Russie a stupidement permis aux pays de l’UE de stocker d’immenses quantités de gaz qui permettront à leur population et à leur industrie de passer l’hiver sans encombre. La Russie a-t-elle bradé ses intérêts nationaux pour de l’argent ?… »

Dans ce sens, les soi-disant négociations énergétiques en cours entre Moscou et Kiev sous l’égide de l’UE, montrent que la Russie est disposée à céder sur toute la ligne. Elle continuera probablement de fournir du gaz à l’Ukraine en se contentant de vagues promesses pour ce qui est du règlement des futures livraisons et du remboursement de la dette d’au moins 5 milliards de dollars accumulée jusqu’à présent. On sait que le premier souci de Poutine est de ne pas nuire à l’économie ukrainienne. Pour Paul Craig Roberts : « Malheureusement, la Russie est infestée d’économistes formés en Occident et représentant les intérêts occidentaux, pas les intérêts russes (…) Face à cette extraordinaire faiblesse du gouvernement de Moscou, Obama sait qu’il peut aller à la tribune de l’ONU pour y raconter les pires mensonges sur le compte de la Russie, sans le moindre risque pour les USA et l’Europe. L’inaction russe alimente la démonisation de la Russie…La Chine, elle non plus, ne fait rien, alors qu’elle aurait de multiples possibilités de déstabiliser Washington dans le domaine financier… » Ainsi, ajoute Paul Craig : « En choisissant de rester passives, la Russie et la Chine permettent aux USA de les attaquer. La semaine dernière, Washington a mobilisé des milliers d’agents de prétendues ONG dans les rues de Moscou afin d’y dénoncer « la guerre de Poutine contre l’Ukraine » (Même chose, à plus grande échelle encore, dans les rues de Hong Kong où vient d’être lancée la nouvelle « révolution colorée », le Tienanmen 2.0…) Stupidement, la Russie a permis aux capitaux étrangers d’acheter ses journaux, avec pour résultat que les lecteurs russes y lisent continuellement des attaques contre Poutine et le gouvernement russe… »

De ce fait, « L’incapacité des gouvernements russes et chinois de repousser la menace hégémonique américaine contre leur souveraineté, accroît le risque d’une guerre nucléaire. Si la Russie et la Chine entrent trop tard dans le jeu américain, la seule alternative qui leur restera sera : soit la guerre, soit la soumission à l’hégémonie de Washington. Comme il n’existe aucune possibilité pour les USA et l’OTAN d’occuper militairement la Russie et la Chine, la guerre ne pourra être que nucléaire… »

Nul ne sait quel choix feront les dirigeants chinois ; tout dépendra de la suite qu’ils donneront au « Tienanmen » de Hong Kong. Pour ce qui est de Poutine, on se demande encore où le mènerait la stratégie actuelle.

Photo : Vladimir Poutine et Xi Jinping

*http://cherif.eljazeir.com/2014/10/28/chronique-lautre-front/

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