Par Gilles Munier
A la suite de la visite du roi Juan Carlos à Rabat, son homologue marocain Mohamed VI a gracié 48 prisonniers espagnols condamnés pour des délits de droit commun. Parmi eux, un certain « Daniel Galvan Fina »*, pédophile condamné en 2011 à 30 ans de prison pour le viol de 11 mineures de 3 à 15 ans. Dès cette annonce, des milliers de Marocains sont descendus dans les rues de Rabat, Tanger, Tétouan et Agadir pour manifester leur colère.
Le ministère de la Justice avait informé le Cabinet royal du pédigrée de l’individu, mais au Maroc, on ne discute pas une décision du roi. Le ministère a donc justifié l’ « extradition » en déclarant qu’elle entrait dans le «cadre des relations stratégiques » et des échanges de « bons procédés » entre pays amis.
« Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, que Dieu L'assiste », comme disent mécaniquement ses partisans, a fait savoir qu’il n’avait pas été informé « de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné», et n’a bien sûr présenté aucune excuse aux familles des victimes du pédophile, ni aux Marocains violemment réprimés lors des manifestations que sa décision a suscité. Un « Commandeur des croyants », çà ne commet jamais d’erreurs et ne s’excuse pas ! Il n’empêche qu’avec cette bévue l’image du roi et de son gouvernement « islamiste » en a pris un coup.
Le tollé allant grandissant, Mohamed VI a finalement « retiré » la grâce qu’il avait accordé, mais trop tard : l’espion pédophile avait quitté le pays sans demander son reste ! De nouveaux sit-in sont prévus dans tout le pays.
C’est paraît-il sur l’insistance du Centro Nacional de Inteligencia (CNI), le service secret espagnole, que le nom du pédophile a été ajouté sur la liste des prisonniers à libérer. « Daniel Galvan Fina » ne serait pas un « professeur à la retraite de l’université de Murcie », mais un ancien opposant irakien, récompensé de sa contribution au renversement de Saddam Hussein par l’octroi d’une nouvelle identité… Selon la presse espagnole, il serait né à Bassora, et aurait été exfiltré après la chute de Bagdad par les troupes espagnoles déployées au centre de l’Irak, aux alentours de Diwaniya.
* D'abord appelé "Daniel GalvanVina" par la presse marocaine
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