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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Avertissement à Israël & aux États-Unis : Le Yémen n'est pas la Syrie

Publié par Gilles Munier sur 11 Janvier 2025, 09:05am

Catégories : #Yémen, #Israêl, #Gaza

Photo: The Cradle

Par Mohammed Moqeibel (7 janvier 2025)*

Le Yémen, longtemps considéré comme la victime d'agressions extérieures, est en train de réécrire les règles d'engagement en Asie occidentale. En ciblant Israël et les navires américano-britanniques avec une précision sans faille, Ansarallah a placé ses adversaires dans une mauvaise posture.

Depuis le lancement de l'opération Al-Aqsa Flood en octobre 2023, les forces armées yéménites alignées sur Ansarallah se sont imposées comme une figure centrale de l'Axe de la Résistance par leur soutien indéfectible à Gaza.

Les frappes quasi-quotidiennes de missiles et de drones visant Israël, ainsi que les perturbations des routes commerciales maritimes liées aux intérêts de Tel-Aviv, ont compliqué les stratégies de l'État d'occupation et de son bailleur de fonds américain.

Dans une nouvelle démonstration audacieuse de ses nouvelles capacités militaires, le Yémen a récemment revendiqué avoir abattu un chasseur américain F-18 et déjoué une offensive américaine en prenant pour cible le porte-avions USS Harry S. Truman, l'obligeant à se mettre en sécurité à plus de 1 500 kilomètres de là. Cette opération extraordinaire a non seulement mis en évidence les faiblesses majeures de la défense navale américaine, mais elle a également démontré les prouesses militaires grandissantes de Sanaa et ses incessants défis.

À la lumière de ces développements, la question demeure : comment Israël et les États-Unis peuvent-ils faire face au formidable front créé par le Yémen ?

Les frappes aériennes suffiront-elles à dissuader le Yémen ?

La coalition américano-britannique a lancé plus de 700 frappes aériennes sur le Yémen depuis le début de l'année, visant prétendument des sites de stockage d'armes et ripostant aux attaques des forces yéménites contre des navires de commerce liés à Israël.

Malgré ces opérations, les frappes militaires yéménites n'ont fait que s'intensifier, tant en fréquence qu'en puissance de feu, frappant des navires liés à Israël, ainsi que les territoires occupés eux-mêmes, avec des missiles et des drones de fabrication nationale. Ce constat confirme la faiblesse des opérations aériennes occidentales.

Israël, qui a largement misé sur les offensives américaines et britanniques pour éviter une confrontation directe avec les forces armées yéménites, a récemment bombardé les infrastructures civiles du pays, déjà affaiblies, pour tenter de sauver la face. Les dernières frappes aériennes israéliennes, qui ont eu lieu le 2 janvier, ont visé plusieurs provinces yéménites, ainsi que l'aéroport international de Sanaa.

Le porte-parole d'Ansarallah, Mohammad Abdul Salam, a commenté les frappes aériennes en ces termes:

“Si l'ennemi sioniste pense que ses crimes empêcheront le Yémen de soutenir Gaza, il se berce d'illusions”.

Malgré les espoirs grandissants de leurs adversaires de réussir une percée à Sanaa grâce aux frappes aériennes des États-Unis et d'Israël, les faits démontrent l'absence d'impact significatif : entre 2015 et 2023, le Yémen a subi plus d'un quart de million de frappes aériennes documentées lancées par la coalition saoudo-émiratie soutenue par les États-Unis, faisant du Yémen l'un des pays les plus bombardés de l'histoire.

L'idée même de cibler les dirigeants d'Ansarallah avec des frappes aériennes, à l'instar des opérations d'assassinat menées contre d'autres dirigeants de la Résistance en Asie occidentale, paraît tout aussi peu réaliste.

Le Yémen n'est pas la Syrie : pas de comparaison hasardeuse

Il semble qu'il soit venu à l'idée des décideurs politiques de reproduire la guerre civile de Syrie au Yémen, avec l'implication de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et, désormais, d'Israël. L'ancien ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a critiqué la stratégie d'Israël, préconisant des attaques contre des infrastructures énergétiques situées sous la juridiction du gouvernement de facto de Sanaa et finançant des factions anti-Ansarallah.

Il a insisté sur la nécessité de s'engager avec le gouvernement yéménite internationalement reconnu à Aden, déclarant :

“Les Houthis devraient se préoccuper du Yémen, et non des attaques contre Israël”.

De même, la diplomatie américaine s'est efforcée de mobiliser les alliés régionaux. Des représentants américains ont rencontré des dirigeants yéménites, saoudiens et émiratis à Riyad pour discuter de stratégies destinées à affaiblir Ansarallah.

Les tambours de guerre sont désormais constants. Hamid al-Ahmar, un éminent dirigeant du parti Islah, a annoncé la chute imminente d'Ansarallah, s'appuyant sur les expériences régionales, notamment en Syrie, où la bataille pour renverser le gouvernement a été longue et acharnée.

Le général de division Saghir bin Aziz, chef de l'armée yéménite fidèle à la coalition saoudo-émiratie, affirme également que le Yémen se préparerait à une bataille pour mettre fin à la domination des Houthis.

Dans le même temps, ces développements coïncident avec des mobilisations militaires sur la côte ouest par les forces restées fidèles au gouvernement basé à Aden, soutenu par les États-Unis.

En réponse, de nombreuses tribus yéménites ont déclaré leur allégeance à Ansarallah, annonçant une mobilisation tribale dans plusieurs provinces yéménites pour faire face à toute agression contre le Yémen.

Contrairement à l'ancien gouvernement syrien de Bachar el-Assad, Ansarallah est sorti de ces années de guerre grandi et soudé, développant des capacités militaires sophistiquées sur le champ de bataille, devenant notamment le premier acteur non étatique à déployer des missiles hypersoniques. La capacité d'Ansarallah à menacer directement les intérêts américains et israéliens - en plus des cibles saoudiennes et émiraties - le différencie de la dynamique du conflit syrien.

Les tentatives visant à déclencher des conflits internes ou à organiser des offensives à grande échelle au Yémen risquent de se solder par un échec, Ansarallah ayant démontré sa capacité à mobiliser le soutien des tribus et à lancer des contre-attaques dévastatrices.

Les efforts déployés pour rallier les forces loyales au gouvernement yéménite soutenu par l'Arabie saoudite, telles que celles dirigées par Tariq Saleh sur la côte occidentale, se heurtent à des obstacles de taille.

La région côtière occidentale, assimilable à un axe stratégique pour le Yémen, revêt une importance considérable.

Sa conquête pourrait ouvrir la voie à des offensives plus larges, mais les positions fortifiées et la préparation militaire d'Ansarallah rendent ces ambitions extrêmement périlleuses. Contrairement à Damas, Sanaa est protégée par une force populaire rompue au combat qui a toujours surpassé ses adversaires.

Le point de vue de Sanaa sur l'escalade

Pour le gouvernement de Sanaa, l'implication croissante des États-Unis et d'Israël témoigne de tentatives désespérées de déstabilisation du Yémen. Abdul Malik al-Houthi, le chef d'Ansarallah, a qualifié ces efforts de “ridicules et insensés”, affirmant que les YAF sont tout à fait préparés à faire face à toute escalade.

Dans un message publié sur X, Hussein al-Azzi, une personnalité politique de premier plan, a noté que des régions clés comme Marib penchent de plus en plus vers Ansarallah en raison de la corruption généralisée au sein des factions et des zones rivales. De telles évolutions laissent entrevoir des possibilités pour Ansarallah de reconquérir de nouveaux territoires avec un minimum de résistance.

Les défections au sein des forces alliées à la coalition compliquent encore les calculs des États-Unis et d'Israël. Plus de 100 soldats et officiers ont récemment rejoint Ansarallah, témoignant de fractures internes au sein de la coalition dirigée par l'Occident.

Entre-temps, Mohammed Ali al-Houthi, chef du Comité révolutionnaire suprême, a conseillé à l'Arabie saoudite de “contenir les Américains”, menaçant de prendre des mesures de rétorsion contre les intérêts américains si l'agression devait se poursuivre. Il a affirmé qu'il n'y aurait plus de ligne rouge si la situation venait à s'aggraver.

De même, le porte-parole d'Ansarallah, Mohammed al-Bukhaiti, a répondu aux menaces d'assassinat israéliennes en avertissant que son organisation est en mesure de cibler les dirigeants américains, britanniques et israéliens.

“Nous assurons aux Américains, aux Britanniques et à l'entité sioniste que nous disposons à notre tour de la capacité et de l'audace nécessaires pour cibler les dirigeants américains, britanniques et israéliens, que ce soit sur le plan militaire ou politique. S'ils souhaitent transformer cette guerre en une guerre d'assassinats de dirigeants, alors nous leur disons : bienvenue”.

Un Yémen combatif qui remodèle la Résistance

La participation du Yémen à la guerre contre Israël a redéfini l'équilibre des forces dans la région. Malgré les frappes aériennes incessantes, les blocus économiques et l'isolement diplomatique, Ansarallah s'est imposé comme une force redoutable, inébranlable dans son soutien à Gaza et sa résistance aux interventions étrangères.

À chaque frappe de missile ou de drone, le Yémen envoie un message clair : il ne cédera pas aux pressions des puissances mondiales. Alors que le conflit s'intensifie, la résilience du Yémen témoigne de sa détermination sans faille et définit un nouveau cap pour l'ensemble de l'Axe de la Résistance. Elle démontre que les tactiques de résistance “respectueuses” sont inefficaces lorsqu'il s'agit de lutter contre des adversaires vicieux et sans foi ni loi, à l'instar des États-Unis et d'Israël.

Le Yémen, marqué par des années d'adversité, ne se contente pas de résister : il s'affirme comme un acteur central de l'Axe de résistance en Asie occidentale, succédant à la Syrie en tant qu'État arabe faisant partie intégrante de l'alliance régionale.

Face à une agression croissante, la force et la détermination du Yémen en ont fait une force que ni Israël, ni les États-Unis, ni leurs alliés dans la région ne peuvent se permettre de sous-estimer.

*Source : The Cradle

Traduction: Spirit Of Free Speech

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