Photo : médias résistance
Par Abdel Bari Atwan (revue de presse : Chronique de Palestine – 5 novembre 2024)*
Malgré les morts et les destructions infligées à la population civile, « Israël » est mis en échec au Liban.
Samedi, la radio israélienne a annoncé que l’armée était sur le point d’achever la première phase de sa mission au Liban après deux mois et a laissé entendre qu’elle pourrait bientôt se retirer, tandis que les combattants du Hezbollah pilonnaient des sites militaires stratégiques et des villes palestiniennes occupées en Galilée avec 80 salves de missiles.
Cela signifie deux choses :
D’une part, l’aveu d’une défaite sur le front libanais en raison de la férocité de la résistance, tant le long de la frontière que de l’autre côté, malgré la sauvagerie des bombardements impitoyables d’Israël sur le pays.
Et d’autre part, l’existence d’un différend croissant entre l’establishment militaire et le gouvernement de Benjamin Netanyahu en raison du nombre croissant de victimes et des pertes économiques, militaires et de sécurité subies. Les généraux font pression pour que la guerre prenne fin rapidement et que des solutions politiques soient trouvées.
Netanyahu ne veut ni l’un ni l’autre, car il sait que l’arrêt des combats au Liban et à Gaza signifierait sa fin.
Le nouveau commandement militaire du Hezbollah a intensifié les opérations militaires contre l’occupation ces derniers jours, remportant des succès majeurs sur tous les fronts.
Cette escalade intervient à l’approche des élections présidentielles américaines et de la promesse du dirigeant iranien Ali Khamenei d’apporter une réponse douloureuse aux attaques lancées par Israël et son allié américain contre l’Iran et les groupes alliés de l’axe de la résistance.
Cette réponse devrait intervenir après les élections américaines.
Un rapide décompte des pertes militaires israéliennes depuis le début de l’opération terrestre au Liban il y a un mois, basé sur les dernières informations de la salle d’opérations du Hezbollah, comprend ce qui suit :
- Les pertes militaires israéliennes dépassent les 100 morts et 900 blessés, dont beaucoup grièvement.
- Une cinquantaine de chars, de véhicules de transport de troupes et de bulldozers ont été détruits.
- Des frappes de missiles contre des cibles clés, notamment jusqu’à la chambre à coucher de Netanyahu à Césarée, la base de la brigade Golani à Binyamin, tuant ou blessant 70 personnes, et le QG de Galiot de l’unité 8200 et des agences de renseignement du Mossad, près de Tel-Aviv.
- 170 drones « suicides » lancés contre des cibles à l’intérieur d’Israël, dont la plupart ont échappé à l’interception des défenses aériennes israéliennes.
- Les forces d’invasion israéliennes n’ont pas réussi à pénétrer au-delà de la zone frontalière immédiate ou à prendre le contrôle de villes ou de villages voisins, en raison de la fermeté et de la préparation de la résistance à repousser les tentatives d’incursion.
- L’extension du champ d’application des frappes de missiles des cibles purement militaires aux cibles économiques, comme l’attaque de jeudi dernier qui a tué sept « civils », dont quatre travailleurs thaïlandais.
Les combattants du Hezbollah ont réussi à déjouer les plans militaires des généraux israéliens tout en instillant la peur dans l’opinion publique. Jamais autant de sirènes d’alerte aérienne n’ont retenti quotidiennement dans autant d’endroits du nord de la Palestine occupée, de la Galilée et de Tel-Aviv.
Tout porte à croire que le Hezbollah est en mesure d’atteindre toute cible israélienne de son choix avec ses drones et ses missiles.
Le même jour, une vidéo montre une autre attaque du Hezbollah visant avec des drones d’assaut les bases de Shraga, Ramat David et Palmachim appartenant à l’armée d’occupation israélienne.
Le Hezbollah et ses structures politiques et militaires ont rapidement surmonté la crise provoquée par les attaques de bipeurs et l’assassinat de ses dirigeants. Tous les postes de direction vacants ont été pourvus, de jeunes commandants ayant rejoint les vétérans.
En outre, ils n’ont pas reculé d’un seul millimètre par rapport à l’héritage du martyr Hassan Nasrallah, ni par rapport à l’exécution de sa volonté exprimée dans son dernier discours : avant tout, maintenir l’unité des fronts et ne jamais abandonner la résistance palestinienne à Gaza.
Ce engagement solennel a entraîné l’assassinat de Nasrallah.
La loyauté de son successeur Naim Qasem et sa promesse de l’exécuter, ainsi que son refus de désengager le Liban de Gaza comme l’exige une cinquième colonne libanaise, sont probablement ce qui a incité le ministre israélien de la guerre Yoav Gallant à menacer de le tuer lui aussi, dans un tweet décrivant sa nomination à la tête du Hezbollah comme « temporaire ».
Mais c’est Israël et son entreprise criminelle dont les jours sont comptés.
Les guerres d’anéantissement qu’il mène contre Gaza et le Liban ne sont pas un signe de force, mais le dernier souffle d’une insouciance délirante. Ce qui se passera après les élections américaines de mardi pourrait être différent de ce qui s’est passé avant.
Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai al-Yaoum. Il est l’auteur de L’histoire secrète d’al-Qaïda, de ses mémoires, A Country of Words, et d’Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
Source et Traduction : Chronique de Palestine
Version originale : 3 novembre 2024 – Raï al-Yaoum
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