Un instant de nostalgie
Par Isabelle Tremoulet (19 octobre 2023)
L’Histoire poursuit son chemin. Quoi qu’il en soit les blessures sans fin, les morts, les haines ne permettront jamais de revenir en arrière. Il faudra beaucoup de bonne volonté pour que la Libye invente un avenir heureux pour son peuple.
A l’approche du 20 octobre, date anniversaire de la mort, ou plutôt de l’assassinat, de Mouammar KADHAFI, une pointe de nostalgie peut frapper les Occidentaux qui ont connu la Libye de l’intérieur et qui se sont sincèrement intéressés à la Jamahiriya.
Il y eut certes des voyageurs occidentaux motivés par l’aventure dans le Sahara libyen, par la découverte des vestiges du passé dont des gravures rupestres, des villages touareg, de l’artisanat arabo-berbère et par tant d’autres merveilles dont regorgeait la Libye. Mais peu d’entre eux se sont également penchés sur l’originalité de la Jamahiriya.
Quel n’était pas l’étonnement des personnes qui se rendaient pour la première fois en terre libyenne pour une conférence en constatant à quel point elles pouvaient s’exprimer ouvertement et librement lors des interventions et des débats ! Les participants étaient accueillis avec générosité et respect par des personnes soucieuses de leur faire connaître leur pays et son fonctionnement. Et s’il y avait des « cafouillages », ils faisaient partie du charme d’un séjour en Libye.
On peut se laisser aller à imaginer le développement économique, social, politique de la Libye s’il n’y avait pas eu l’intervention de la France et de ceux qui l’ont suivie. Comment la population, qui se retrouve sous le joug des milices et des trafiquants de tout ordre, vivrait-elle actuellement ? Est-ce que la Libye serait un rempart efficace contre la mort par noyade en Méditerranée de milliers de migrants notamment subsahariens ? Est-ce que les projets de réformes politiques auraient abouti ? Y aurait-il eu l’adoption d’une réelle Constitution ? Est-ce que le projet de développer un grand parc hôtelier se serait réalisé ? La Libye serait-elle toujours un Etat ?
Douze années pour se souvenir mais il n’y a toujours pas de tombe.