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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


[Série] La pollution des eaux du Tigre en Irak: à Bassora, le Shatt el-Arab empoisonné [4/4]

Publié par Gilles Munier sur 8 Septembre 2023, 07:47am

Catégories : #Irak, #Iran, #Bagdad, #Kurdistan

Dans l’extrême-sud irakien, là où les températures ont dépassé les 50°C cet été, et où la principale source d’eau, le Shatt el-Arab, récolte toutes les pollutions accumulées sur le trajet du Tigre et de l’Euphrate, l’eau y est toxique à bien des égards pour la population. 

Par Marie-Charlotte Roupie, correspondante de RFI à Bagdad (revue de presse - 6 septembre 2023)*

Depuis la corniche flambant neuve de Bassora, malgré la chaleur, difficile d’imaginer piquer une tête dans le Shatt el-Arab.

Les eaux du Tigre et de l’Euphrate se rejoignent à quelques kilomètres en amont. Pétrole, déchets industriels et domestiques, ainsi que les eaux usées de tout le pays s’y retrouvent mélangées.

Badr Mohsen et son ami s’y baignent pourtant et pêchent. « Une partie pourra être vendue, et une autre ne sera d’aucune utilité. Les poissons sont contaminés par la pollution. Ma famille est déjà tombée malade à cause du poisson. Ça donne des diarrhées, des nausées et des maux de tête, parce que les poissons vivent dans une eau contaminée », explique Badr Mohsen.

À écouter aussi (02:36)*

À Bagdad, la santé des habitants en jeu

Le Shatt el-Arab, « une décharge qui collecte tous les déchets »

Le professeur Ali Nasser, chercheur à l’université de Bassora, acquiesce en l’écoutant. Depuis des années, il scrute la composition du fleuve. Armé d’une bouteille en plastique, il prélève de l’eau du Shatt el-Arab.

« Le Shatt el-Arab devient une décharge qui collecte tous les déchets, les drainages agricoles, du nord de l’Irak, et même de la Turquie. Nous avons des maladies qui se diffusent comme les coliques et le choléra », observe-t-il.

Les polluants peuvent aussi être des métaux lourds comme le cadmium, le nickel, le plomb, du manganèse, cancérigènes, neurotoxiques ou sources d’intoxications multiples…

Cercle vicieux

À Bassora, les poisons sont donc nombreux dans l’eau. Dans son laboratoire, Shiamaa Shaker, biologiste basrawi, soumet régulièrement des prélèvements à une batterie de tests. « Quand le niveau des cours d’eau est haut, cela permet une dilution des composants polluants, mais quand les niveaux baissent, cela mène à une augmentation de la concentration de la pollution, et une de ces sources de contamination peut amener le choléra », indique Shiamaa Shaker.

Les autorités irakiennes nous ayant interdit l’accès aux hôpitaux pour ce reportage, nous rentrons à Bagdad, rencontrer la responsable du directorat des maladies infectieuses, Docteur Sinan Ghazi pour évoquer les risques sanitaires.

« Principalement, nous vérifions la présence de la bactérie E. coli qui est une preuve de pollution », souligne Sinan Ghazi. « Elle indique si ce n’est plus possible pour les humains d’utiliser l’eau pour nettoyer ou se laver, car c’est dangereux pour la santé. »

L’Irak est donc entré dans un cercle vicieux. Les Nations Unies estiment que 20 % des ressources en eau du pays auront disparu en 2025. Cette baisse pourrait entraîner une augmentation des risques sanitaires liés à la pollution des eaux. Et ces enjeux sanitaires, le système hospitalier défaillant ne pourra pas y répondre.

*Source : RFI

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