Revue de presse : ONU Info (14 mars 2023)
Alors que le conflit passe le cap des 12 ans et que les tremblements de terre aggravent les difficultés économiques en Syrie, la moitié de la population syrienne est actuellement confrontée à la faim, a alerté mardi le Programme alimentaire mondial (PAM).
Selon l’agence onusienne plus de 12 millions de personnes, soit plus de 50 % de la population dans le pays, sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire, dont près de 3 millions qui risquent de sombrer dans la faim.
De plus, des données récentes montrent que la malnutrition est en hausse, alors que les taux de retard de croissance et de malnutrition maternelle atteignent des niveaux jamais vus auparavant. Les taux de retard de croissance chez les enfants ont atteint ainsi 28 % dans certaines régions du pays et la prévalence de la malnutrition maternelle est de 25 % dans le nord-est de la Syrie.
« Bombardements, déplacements, isolement, sécheresse, effondrement économique, et maintenant des tremblements de terre d’une ampleur stupéfiante. Les Syriens sont remarquablement résistants, mais il y a des limites à ce que les gens peuvent supporter », a déclaré dans un communiqué, Kenn Crossley, le Représentant du PAM en Syrie, avant de s’exclamer : « À quel moment le monde doit-il dire qu’il en a assez ? »
La Syrie, qui était autrefois autosuffisant en matière de production alimentaire, se classe désormais parmi les six pays où l’insécurité alimentaire est la plus élevée au monde, avec une forte dépendance à l’égard des importations de denrées alimentaires.
Les infrastructures endommagées, le coût élevé du carburant et les conditions de sécheresse ont réduit la production de blé de la Syrie de 75 %.
Comme pour aggraver les choses, les tremblements de terre du 6 février sont survenus alors que les prix des denrées alimentaires en Syrie étaient déjà en train de monter en flèche. Après des années d’inflation et de dévaluation monétaire, les prix des denrées alimentaires et des carburants n’ont jamais été aussi élevés depuis dix ans.
La sélection de produits alimentaires standard que le PAM utilise pour suivre l’inflation alimentaire a presque doublé en 12 mois. Elle est 13 fois plus chère qu’il y a trois ans et « la trajectoire ascendante devrait se poursuivre », a ajouté le PAM.
Sur le terrain, les récents tremblements de terre ont mis en évidence le besoin urgent d’une aide humanitaire accrue en Syrie, non seulement pour les personnes touchées par les tremblements de terre, mais aussi pour celles qui étaient déjà confrontées à la flambée des prix des denrées alimentaires, à une crise des carburants et à des chocs climatiques consécutifs.
Ces chiffres préoccupants interviennent alors que le salaire mensuel moyen dans ce pays du Moyen-Orient couvre actuellement environ un quart des besoins alimentaires d’une famille. Selon l’Agence onusienne, une telle situation souligne le besoin urgent d’une aide humanitaire accrue.
Le PAM risque de devoir réduire l’aide en Syrie
Face aux besoins, le PAM fournit une aide alimentaire à 5,5 millions de personnes dans tout le pays, sous forme de distributions de vivres, de programmes de nutrition, de repas scolaires, d’aide en espèces et de soutien aux moyens de subsistance, à la résilience et aux filets de sécurité sociale.
Depuis que le tremblement de terre a frappé le nord de la Syrie, le PAM est venu en aide à 1,7 million de personnes touchées par le séisme, y compris des personnes qui bénéficiaient déjà d’une aide alimentaire mensuelle.
Mais la pénurie de fonds dont souffre le PAM en Syrie menace de réduire l’aide, au moment même où les gens en ont le plus besoin. Le PAM a besoin d’urgence d’un minimum de 450 millions de dollars pour continuer à aider plus de 5,5 millions de personnes en Syrie jusqu’à la fin de l’année 2023.
Cela comprend 150 millions de dollars pour soutenir 800.000 personnes touchées par le tremblement de terre pendant six mois. Faute de ressources suffisantes, le PAM devra réduire considérablement le nombre de bénéficiaires qu’il sert à partir de juillet, laissant des millions de personnes en grande difficulté sans assistance alimentaire.
« Le monde nous a oubliés. C’est ce que nous disent de nombreux Syriens, et cela nous rappelle brutalement que nous devons faire plus », a fait valoir Corinne Fleischer, la Directrice régionale du PAM pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe de l’Est.
« Nous avons besoin de ces fonds pour continuer à fournir de la nourriture à des millions de familles, jusqu’à ce que les Syriens puissent à nouveau se nourrir eux-mêmes », a souligné Mme Fleischer.
*Source : ONU Info