Revue de presse : Middle East Eye (23/1/23)*
La justice algérienne reproche notamment à l’association de travailler sur la question des droits humains avec d’autres instances et organisations internationalement reconnues
La Ligue Algérienne de Défense des Droits Humains (LADDH) a annoncé Dimanche 22 Janvier 2023 qu’elle a été dissoute à son insu par les autorités algériennes lors d’un procès tenu en son absence, des faits révoltants et un acharnement continu.
Dans un communiqué publié en français sur son site, la LADDH estime que, comme d’autres organisations, elle paye son engagement pour la démocratie, les libertés et les droits humains. « Comme pour d’autres organisations, la question de la conformité avec la loi sur les associations a toujours fait objet de blocage et d’instrumentalisation de la part des pouvoirs publics. Cet acharnement continu prend, avec cette dernière décision, une proportion d’une extrême gravité », écrit la LADDH, disant avoir été déclarée coupable de s’occuper des droits humains.
Vendredi 20 Janvier 2023, la LADDH avait annoncé qu’elle avait appris sa dissolution, par un document anonyme publié sur les réseaux sociaux, par une décision de justice du 29 septembre 2022 et qu’elle allait vérifier cette information, qu’elle a confirmé, Dimanche 22 Janvier 2023.
Cette dissolution fait suite à une requête du ministère algérien de l’intérieur auprès du tribunal administratif d’Alger du 4 mai 2022. Le tribunal a statué le 29 juin 2022 en faveur de cette requête.
Selon la LADDH, l’Organisation Non Gouvernementale (ONG) n’a été à aucun moment informée de cette procédure en cours.
La justice algérienne lui reproche de travailler sur la question des droits humains avec d’autres instances et organisations internationalement reconnues et de militer pour les droits des migrants et pour les droits des travailleurs, ce qui est révoltant, écrit-elle.
Fondée en 1985 par un groupe d’opposants, de militants des droits humains et d’avocats, dont Ali Yahia Abdenour qui en deviendra une des plus importantes figures, la LADDH n’a été reconnue officiellement qu’après l’ouverture démocratique de 1989.
L’ONG s’est distinguée lors des années 1990 et des violences terroristes par la défense des droits humains et sa lutte contre les exactions aussi bien celles commises par les autorités que par les groupes islamistes armés.
Depuis les années 2000, des dissensions sont apparues entre les différents leaders de l’organisation, aboutissant à l’éclatement de l’ONG en cinq entités différentes. Cette instabilité organique et légale a permis aux autorités de faire peser contre la LADDH l’épée de Damoclès de la non-conformité aux lois, atteste une source proche de la LADDH.
La LADDH a annoncé Dimanche 22 Janvier 2023 qu’elle étudiera ce jugement et qu’elle fera valoir ses droits en usant de tous les moyens légaux et légitimes disponibles.
*Source : Middle East Eye (en français)