Le président français Emmanuel Macron (G) et le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi (D) au palais présidentiel à Bagdad en 2021. (Archives)
Revue de presse : PressTv (11/7/22)*
L'Irak occupe une place particulière aux yeux du président Macron. Au point que lorsque les pays de la région, dont l'Iran, envoient une délégation en Irak au niveau de ministre, le Président s'y déplace en personne. Mais pourquoi?
Macron s'est rendu deux fois en Irak au cours des deux dernières années. La première fois, c'était en octobre 2020 puis un an plus tard, en septembre 2021 où il a visité le pays en marge de la "Conférence de coopération et de partenariat de Bagdad". La chose intéressante à noter est la présence de 9 pays de la région plus la France, seule partie otano-européenne. Et puis si certains des pays présents à la conférence (dont l'Iran) ont participé au niveau des ministres des Affaires étrangères, la France, elle, a envoyé son président.
Immédiatement après la conférence, Macron s'est rendu dans trois villes sensibles d'Irak. D'abord, à Kazemein pour rencontrer des chiites irakiens, puis à Mossoul, ville sunnite, pour délivrer son message aux sunnites et chrétiens d'Irak en visitant la mosquée "Al-Nuri" et l'église de cette ville. Et enfin, à Erbil où il a rencontré les dirigeants kurdes de la région.
L'argent français en Irak
L'intérêt de la France pour l'Irak peut s'expliquer d'au moins deux manières. La première concerne les interactions et les activités commerciales et économiques de la France en Irak. Avec la fin de la guerre et de Daech, l'Irak est désormais prêt à s'engager sur la voie de la croissance et du développement et a ouvert la voie aux investissements étrangers. Parallèlement à la visite présidentielle de 2021, la société française "Total" a signé un contrat d'une valeur de 27 milliards de dollars pour la découverte, l'extraction et le développement des gisements de pétrole et de gaz irakiens, ainsi que l'exploitation de l'énergie solaire à Bassorah dans le sud. Bien qu'en février 2018, l'Irak a signé des accords préliminaires d'extraction de pétrole et de gaz avec la Chine.
En fait, cette grande affaire était une sorte de victoire, quoique temporaire, de la politique de Paris sur la politique de Pékin. Désormais, en plus de travailler dans le champ pétrolier et gazier irakien, Total s'apprête à construire un oléoduc qui reliera Bassorah au port jordanien d'Aqaba. Et puis le groupe français CMA CGM qui est la troisième plus grande entreprise de transport au monde, continue de gérer le port de "Um Qasr" dans le sud de l'Irak, et de là sont transportées de grandes cargaisons sous pavillon français vers différentes parties du monde. Ainsi, en termes d'industries pétrolières et gazières (énergies fossiles), les intérêts économiques de la France en Irak sont très importants. Mais l'Irak n'est pas que du pétrole et du gaz pour la France.
En décembre 2019, la compagnie aérienne française "ADP" a conclu des accords initiaux avec les autorités irakiennes pour réparer et moderniser l'aéroport de Mossoul. L'infrastructure aéroportuaire de cette ville a été détruite après l'attaque des forces de Daech en 2010. La société française a lancé des études préliminaires pour redémarrer et mettre à niveau les infrastructures de cet aéroport et s'est même engagée à y mettre en œuvre les normes internationales.
Cet accord a été conclu alors que la Turquie était bien désireuse de remporter ce contrat et était disposée à réaliser ce projet à un prix inférieur.
Outre ces gros contrats, un certain nombre d'entreprises françaises de défense et militaires attendent également l'autorisation d'entrer en Irak. Par exemple, des responsables du Conseil international de défense, l'organisme qui exporte la science, la formation et l'assistance technique militaire pour le compte du ministère français des Armées, qui ont récemment rencontré leurs homologues irakiens et leur ont présenté d'importantes propositions commerciales.
En effet, avec la perspective du lent retrait des forces américaines d'Irak, la France renforce sa présence dans ce pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Cette action est menée avec le soutien des États-Unis et de l'Angleterre et dans l'objectif de servir plutôt que les intérêts français, ceux de l'axe US/OTAN. Mais il y a plus : la présence française en Irak vise aussi à empêcher l'influence chinoise dans la région. La Chine avait bien signé un accord stratégique à long terme pour le développement économique et commercial des relations bilatérales. Aujourd'hui, l'"Initiative une Ceinture une Route" a traversé l'Afrique de l'ouest puis de l'est pour arriver au Moyen-Orient.
Par conséquent, il est naturel que l'Occident se préoccupe de cette question et essaie de maintenir sa position au moins en Irak.
D'où le mystérieux intérêt de Macron pour la Mésopotamie. En Europe, l'axe US/OTAN a choisi la manière kamikaze pour empêcher via l'Ukraine l'avancée de la route en soi. Au Moyen-Orient où la Résistance a neutralisé l'Amérique, c'est derrière le masque de l'amitié que l'Occident avance.
*Source : Press TV