Par la rédaction de Gnet News (revue de presse - 17/2/22)*
Cela fait 33 ans, jour pour jour, que la première germe de l’union maghrébine était semée, laquelle est restée, depuis, inféconde. Un anniversaire qui sera célébrée, ce jeudi 17 février 2022, par des paroles en l’air et des promesses vidées de toute substance.
Baptisé traité constitutif de Marrakech, le pacte fondateur de l’Union du Maghreb arabe (UMA) a été signé le 17 février 1989 dans la ville marocaine, par l’ancien Roi du Maroc, Hassan II, l’ex-président tunisien, Zine el-Abidine Ben Ali, l’ex-président algérien, Chadli Ben Jadid, l’ancien colonel libyen, Mouammar Kadhafi, et l’ancien président mauritanien, Mouaouia Ould Sidi Ahmed Taya.
Les quatre premiers dirigeants sont décédés après avoir connu une fin de règne et des destins différents.
Le 5ème vit depuis une vingtaine d’années à Doha, Qatar, depuis sa destitution en 2005.
Entretemps, l’intégration maghrébine que les peuples de la région appellent de leurs vœux est restée au point mort, elle est même en train de reculer, transformant les quelques structures maghrébines déjà en place en coquille vide.
En effet, les conflits qui secouent le Maghreb bloquent le processus d’intégration régionale, et empêchent l’avènement de cet espace politique, économique, social, académique…commun.
Avec des pays qui se tournent le dos, l’absence de toute concertation sur les problèmes majeurs de la région et les affaires de l’heure, hormis des initiatives timides dans un cadre bilatéral, et faute de libre circulation des biens et personnes…les attributs élémentaire d’un groupement maghrébin font, inexorablement, défaut.
Algérie et Maroc : Les frères ennemis
Des facteurs structurels et chroniques, et d’autres conjoncturels font que ce rassemblement régional ait du plomb dans l’aile. En prime le sempiternel conflit du Sahara occidental, source d’une rupture entre le Maroc et l’Algérie depuis des décennies, et à l’origine de la fermeture de leurs frontières terrestres.
Les rapports entre les deux pays voisins ne cessent de se crisper, notamment depuis la décision du Maroc de normaliser ses relations avec l’Etat hébreu, et d’instaurer des relations diplomatiques avec Israël. Une démarche surprenante qui a changé la donne, et fait craindre une déstabilisation de la région. Alger a, d’ailleurs, dénoncé, à maintes reprises, des actes hostiles de la part de son voisin marocain, chose que Rabat dément en bloc.
L’autre frein à la construction maghrébine, a trait au chaos et l’affrontement fratricide dans lesquels, est plongé la Libye, depuis la chute de l’ancien colonel Kadhafi. Le pays peine à retrouver le chemin de la stabilité et de la sécurité ; les tentatives de réconciliation entre les factions rivales sont encore vaines.
La Tunisie, elle, s’enlise de jour en jour dans une crise économique et financière sans précédent, et risque de sombrer dans les pires scénarios. Le destin du pays et sa survie financière restent tributaires d’un hypothétique accord avec le fonds monétaire international. Sans compter l’embrouillamini politique qui fait que le pays soit voué à des lendemains incertains.
Autant de frictions et de difficultés qui étouffent dans l’œuf tout espoir de voir l’espace maghrébin prendre corps, et toute volonté de voir les pays maghrébins mettre la main dans la main et resserrer les rangs pour donner naissance à cette union tant souhaitée, et à un marché commun pour plus de 100 millions d’habitants, à même de consolider les échanges inter-maghrébins, de renforcer la complémentarité régionale et de faire en sorte que les pays de la région parlent d’une seule voix concertée, au reste du monde. Laquelle sera, le cas échéant, forte et audible, contrairement à ce qui est le cas, dans la situation actuelle.
Ce ne semble pas, hélas, être demain la veille, malgré les déclarations officielles emphatiques qui louent les vertus d’un Maghreb uni, proclamant l’attachement des pouvoirs en place à ce projet régional, plein de promesses…la réalité reste toute autre et en total décalage avec le discours. Avec toujours le même pincement au cœur : Le non-Maghreb coute à la région -2% de croissance.
*Source : GnetNews (Tunisie)