Revue de presse : Cactus (18/12/21)*
Au cours d'un voyage d'étude, les signataires de ce texte ont pu constater les conséquences désastreuses de l'embargo imposé à la République Arabe Syrienne par les États-Unis et l'Union européenne.
Pour avoir visité les villes principales de Syrie, nous pouvons témoigner que l'embargo a pour effet de poursuivre la guerre sur le plan économique. C'est pourquoi nous appelons à la levée immédiate de la loi "César" qui n'a d'autre but que d'asphyxier financièrement le gouvernement syrien. Ceci afin d'empêcher toute reconstruction en détruisant la société civile syrienne dans le but d'imposer un changement de régime. L'inefficacité de ces sanctions, destinées à séparer le président du peuple qui l'aime, est assurée !
La Syrie, pourtant détentrice d'importantes ressources pétrolières, voit celle-ci confisquées par les forces américaines occupant les zones de production. Il en résulte une pénurie énergétique permanente, qui se traduit par des fournitures d'électricité intermittentes. La vie quotidienne des Syriens en est gravement perturbée.
Si officiellement, ces sanctions américaines et européennes ne concernent pas les aides humanitaires, leurs conséquences sont néanmoins dramatiques, car aucune banque ou entreprise n'ose exporter des équipements pour les hôpitaux ou des médicaments vers la Syrie par crainte de sanctions des États-Unis. Ceux-ci pratiquent en effet l'extraterritorialité juridique qui pénalise lourdement toutes relations avec les états sous embargo. Enfin, cette situation comporte aussi le risque - connu et calculé par les promoteurs de l'embargo - de créer à terme des troubles civils plus ou moins graves.
Le démantèlement de la Syrie, qui n'a pu être obtenu par les moyens militaires et les actions terroristes, pourrait l'être ainsi en réactivant des antagonismes communautaires qui ressurgiraient à l'occasion de pénuries économiques graves.
Aujourd'hui, l'État syrien est parvenu au miracle de réaliser l'unité nationale autour d'un idéal de vie commun sous couvert d'une stricte laïcité.
Cette réussite exceptionnelle, politique et sociétale, doit être préservée. En premier lieu par la levée en urgence d'un blocus légalement injustifié et moralement condamnable.
Notre diagnostic a été établi par la visite des villes suivantes :
- Damas, la ville du jasmin. Peu d'éclairage public fonctionnel. Les lumières existantes sont produites par les commerçants, grâce à des groupes électrogènes. Les banlieues Nord et Sud ont été totalement détruites, après d'âpres combats entre l'armée arabe syrienne loyale, épaulée par la Russie et l'Iran, qui a légitimement défendu l'intégrité du territoire de la Syrie, contre des terroristes d'al-Qaïda, de Daesh, des djihadistes proches des frères musulmans et des rebelles de l'armée syrienne libre soutenus par la coalition extérieure internationale, déterminés à provoquer un changement de régime. De nombreux réfugiés couchent dans des tentes au milieu des décombres.
- Alep, ville martyre, détruite à 70 %. Les souks séculaires du 14e siècle entièrement rasés ainsi que la grande mosquée. Pourquoi dynamiter des bâtiments historiques ? Les terroristes obéissent à une seule devise : faire table rase de la Syrie actuelle, tout à la fois société laïque moderne et mémoire des civilisations, afin d'imposer un islam radical.
- Lattaquié, grande ville portuaire qui commence à se remettre de l'agression des rebelles et des terroristes. L'électricité est aussi intermittente.
- Soueïda, grande ville du sud syrien. Électricité défaillante et de facto pas de chauffage. Il faut préciser que les États-Unis ont créé dans la région de la localité syrienne d'al-Tanf (frontalière avec la province de Soueïda), une base sur l'axe stratégique Bagdad - Damas pour soutenir les rebelles de l'armée syrienne libre (ASL) composée de terroristes islamistes.
- Daraa. Dernière étape de notre visite. Comme Alep, c'est une ville martyre. Un accord récent - moins de deux mois - pour déposer les armes a été négocié entre le gouvernement syrien légitime - avec l'aide des Russes - et les chefs des groupes rebelles.
80 % des Syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les prix des produits alimentaires ont grimpé de 133 %. Ce qui se passe sur le sol syrien est un crime contre l'humanité. Mais, malgré le fait que le gouvernement est obligé de donner des cartes de rationnement pour les produits de base afin de lutter contre la spéculation et malgré le fait d'une grande quantité d'immeubles dont la construction est paralysée depuis des années, les échoppes revivent. Des légumes, des fruits et des produits de première nécessité se vendent à tous les coins de rue. La ténacité, le courage et le patriotisme du peuple syrien forcent le respect.
Un fait récent permet de vérifier que cet embargo constitue en soi un acte de guerre déguisé. En effet, sous couvert d'aide humanitaire, des semences de blé contaminantes ont été livrées fin novembre 2021 au peuple syrien. Les effets auraient été dévastateurs : pourriture des épis et baisse de la germination de plus de 80 % par stérilisation des sols. (1)
Ce mépris intolérable de la vie humaine doit s'arrêter sans délai. La France, patrie des droits de l'homme, doit manifester sa vocation et affirmer ses valeurs humanistes.
Nous demandons solennellement l'arrêt immédiat de l'embargo affamant le peuple syrien. Les morts inutiles et les souffrances des nourrissons et des enfants doivent cesser immédiatement et impérativement.
Nous remercions M. Adnan Azzam, écrivain syrien, humaniste et homme de cœur, pour avoir parfaitement organisé ce périple. Nous remercions chaleureusement M. Mahdi Dakhlalah, membre du commandement central du parti Baas pour son aide précieuse et nous remercions vivement M. Mohammed al Hourani, président de l'Association des Écrivains Arabes Syriens et ses membres de nous avoir invités.
Signataires de la délégation française :
Jean-Michel Vernochet (Journaliste et écrivain)
Emmanuel Leroy (Politologue et président de l'Institut 1717)
Pierre-Emmanuel Thomann (Géopolitologue, président d'Eurocontinent)
Maria Poumier (Universitaire émérite et Maître de Conférences Paris VIII)
Yves Béraud (Général (2S) en retraite de l'armée de terre)
Claude Janvier (Ecrivain et essayiste)
Notes : 1.Pars Today .com
*Source : Cactus