Revue de presse : Le cri des peuples (19/3/21)*
Rencontre avec des représentants de Crimée et de Sébastopol, le 18 mars 2021.
Le Président a tenu une réunion, par vidéoconférence, avec des représentants de la République de Crimée et de la ville d’importance fédérale de Sébastopol.
Transcription :
[...] Polina Bolbochan, Coordinatrice des bénévoles du Festival international de musique et représentante de l'Université fédérale de Crimée : Monsieur le Président, j'ai une question un peu personnelle pour vous. Hier, le Président Biden a été assez dur dans son entretien, y compris à votre égard. Que lui diriez-vous ?
Vladimir Poutine : En ce qui concerne la remarque de mon homologue américain [qui a qualifié Poutine de « tueur » à qui il ferait « payer cher ses actions »], nous nous sommes effectivement, comme il l’a dit, rencontrés en personne. Que lui répondrais-je ? Je dirais « Restez en bonne santé ! ». Je lui souhaite une bonne santé. Je dis cela sans ironie ni arrière-pensée. C'est mon premier point.
Deuxièmement, en adoptant une approche plus large de cette question, je voudrais dire que les événements difficiles, dramatiques et sanglants abondent dans l'histoire de chaque nation et de chaque État. Mais lorsque nous évaluons d'autres personnes, ou même d'autres États et nations, nous semblons toujours être face à un miroir, nous nous voyons toujours dans le reflet, car nous projetons notre for intérieur sur l'autre personne.
Vous savez, je me souviens que quand nous étions enfants et que nous jouions dans la cour de récréation, nous avions des disputes de temps en temps et nous disions [en réponse à une insulte] : « C'est celui qui le dit qui l'est ». Ce n’est pas une coïncidence ou juste une blague d’enfants. Ce propos exprime une vérité psychologique très profonde. Nous nous voyons toujours dans une autre personne et pensons qu’elle est comme nous, et évaluons les actions de l’autre en fonction de notre propre vision de la vie.
En ce qui concerne le gouvernement américain, la classe dirigeante –je ne parle pas du peuple américain, qui est majoritairement composé de gens honnêtes, dignes et sincères qui veulent vivre en paix et en amitié avec nous, une chose dont nous avons conscience et que nous apprécions, et nous comptons sur lui pour l'avenir–, mais pour ce qui est de la classe dirigeante américaine, son état d'esprit s'est formé dans des circonstances plutôt difficiles dont nous sommes tous conscients. Après tout, la colonisation du continent américain par les Européens est allée de pair avec l'extermination des populations locales, le génocide, comme on dit aujourd'hui, le génocide pur et simple des tribus indiennes suivi d'une période très dure, longue et difficile de l'esclavage, une période très cruelle. Tout cela a fait partie de la vie en Amérique tout au long de l'histoire des États-Unis et jusqu'à ce jour. Sinon, d'où viendrait le mouvement Black Lives Matter ? Jusqu'à ce jour, les Afro-Américains sont confrontés à l'injustice et même à l'extermination.
La classe dirigeante des États-Unis a tendance à aborder les questions de politique intérieure et étrangère en se basant sur de telles considérations [racistes et criminelles]. Après tout, les États-Unis sont le seul pays à avoir utilisé des armes nucléaires, qui plus est contre un État non nucléaire, le Japon, à Hiroshima et à Nagasaki à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il n'y avait absolument aucun besoin militaire justifiant ce bombardement. Ce n'était rien d'autre que l'extermination de civils. J'en parle, car je sais que les États-Unis et leurs dirigeants sont déterminés à maintenir certaines relations avec nous, mais sur des sujets qui intéressent les États-Unis et selon leurs propres termes. Même s'ils croient que nous sommes comme eux, nous sommes différents ! Nous avons un code génétique, culturel et moral différent. Mais nous savons comment défendre nos intérêts. Nous travaillerons avec les États-Unis, mais dans les domaines qui nous intéressent et à des conditions qui nous semblent bénéfiques pour nous. Ils devront en tenir compte malgré leurs tentatives visant à arrêter notre développement, malgré les sanctions et les insultes. Ils devront en tenir compte et reconnaître [qu'ils doivent traiter avec nous sur un pied d'égalité et non depuis une position de domination, de pression et de coercition].
En gardant à l’esprit nos intérêts nationaux, nous développerons nos relations avec tous les pays, y compris les États-Unis. C'est en gros tout ce que je veux dire à ce sujet. [...]
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Poutine lance un défi à Biden : débattons devant les caméras !
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=bw4i5j6ClS0
Transcription :
Vladimir Poutine : Pour ne pas seulement parler par médias interposés, nous devons continuer notre relation. De plus, je viens de penser à quelque chose. La dernière fois, l'initiative de la conversation téléphonique est venue du Président Biden. Je voudrais suggérer au Président Biden de poursuivre notre discussion, mais à condition que nous le fassions réellement en direct, sans aucun délai, directement dans une discussion ouverte et diffusée en direct. Je pense que ce serait intéressant pour le peuple russe et le peuple des États-Unis et de nombreux autres pays.
Il me semble qu’en tant que plus grands pays nucléaires, nous avons une responsabilité particulière en matière de sécurité stratégique mondiale. Nous pourrions parler de nos relations bilatérales, de cette stabilité stratégique, de la solution aux conflits régionaux (et il y en a beaucoup), ainsi que des autres problèmes auxquels l'humanité est confrontée, y compris la lutte contre la pandémie C'est bien connu, c'est une situation difficile aux Etats-Unis, où ils sont encore loin de résoudre ces problèmes. Pour notre part, nous sommes plus confiants pour aller de l'avant avec la question. Nous avons beaucoup de choses à discuter, des opinions à partager...
Je répète une fois de plus, à condition que ce soit une conversation ouverte et franche, qui soit diffusée en direct.
Journaliste : À tout moment ? Que suggère le côté américain ?
Vladimir Poutine : Je ne voudrais pas repousser cela trop longtemps. Je veux aller dans la taïga (forêt) le week-end pour me reposer, mais nous pourrions le faire demain (vendredi), ou disons lundi. Comme il leur plaira. Nous sommes prêts à tout moment qui convient à la partie américaine. Après notre échange, je donnerai des instructions en ce sens au ministère des Affaires étrangères. [...]
*Source : lecridespeuples
Traduction : lecridespeuples.fr