Maryam Radjavi à la tribune d’une conférence organisée au camp Achraf 3, en Albanie
Par Gilles Munier/
En janvier dernier, j’évoquais le projet d’Israël de bombarder des bases militaires en Irak. Maintenant c’est fait, même si l’État dit juif ne le reconnait pas encore officiellement.
Selon le site Debkafile, proche des milieux du renseignement de l’armée israélienne, le raid du/ou des chasseurs furtifs F-35 israéliens sur l’ex-camp Achraf, situé à 40 km au nord-est de Bagdad (province de Diyala), a été organisé avec l’aide des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI).
L’ex-camp Achraf - prénom de la première épouse de Massoud Radjavi, fondateur de l’OMPI mystérieusement disparu – a été rebaptisé Montazer al-Muhammadavi. Il est aujourd’hui propriété de la Brigade Badr, principale composante des Hachd al-Chaabi.
Toujours selon Debkafile, Maryam Radjavi, épouse de Massoud nommée chef de l’organisation, a effectué une visite secrète en Israël quelques jours avant l’attaque. Elle était accompagnée de responsables présents dans le camp du temps de Saddam Hussein. Ils ont indiqué aux militaires israéliens l’emplacement des infrastructures à bombarder, notamment souterraines.
Maryam Radjavi n’a pas démenti l’information.
Après la dernière guerre du Golfe et le siège du camp Achraf par les milices chiites irakiennes, l’OMPI qui se déclarait jusque-là anti-impérialiste et anti-sioniste est « passée à l’ennemi avec armes et bagages ». Elle a été retirée, en 2012, de la liste étasunienne des organisations terroristes et ses biens gelés restitués. Ses 2 à 3000 membres ont été transférés par l’ONU, en janvier 2014, du camp Liberty près de Bagdad - où ils étaient protégés par l’armée américaine - en Albanie, seul pays ayant accepté de les accueillir.
Un missile balistique pour bombarder l’Iran
Les relations de Maryam Radjavi avec les services secrets israéliens ne datent pas des dernières attaques israéliennes en Irak. Selon le quotidien Haaretz, les meurtres, en janvier 2012, de deux savants iraniens impliqués dans le programme nucléaire de leur pays, auraient été commis par les Moudjahidine avec l’aide du Mossad.
Benyamin Netanyahou n’entend pas s’arrêter là. Mais, il attendra le feu vert du Pentagone, comme il l’a fait pour les raids en Irak. Début juillet, il a déclaré sur une base aérienne que les chasseurs furtifs F-35 israéliens livrés par les États-Unis pouvaient atteindre l’Iran. Récemment, après le test réussi du missile israélo-américain Arrow 3 sur l’île de Kodiak au large de l’Alaska, il a ajouté qu’Israël pourrait désormais « envoyer des missiles balistiques en Iran ». Restera à désigner les cibles : les Moudjahidine du peuple iranien sont là, aussi, pour les conseiller.
Abdel Mahdi fait profil bas
Les forces armées américaines, maitresses du ciel irakien, ont elles prévenu le gouvernement de Bagdad que des avions de chasse étrangers violaient son espace aérien ? En tout cas ce dernier n’a pas réagi, alors qu’il le fait parfois lorsque la chasse turque bombarde les bases du PKK au Kurdistan.
Lors de sa dernière visite en Irak, Mike Pompée avait prévenu Adel Abdel Mahdi que les États-Unis n’interviendraient pas si Israël bombardait des bases de milices pro-iraniennes, et l’avait enjoint à les dissoudre. Il s’y emploie, laborieusement.
Comment expliquer le silence du gouvernement irakien face à la violation de la souveraineté du pays par Israël ? S’agit-il d’éviter à l’Irak d’être entrainée dans une nouvelle guerre du Golfe ? Les mafias au pouvoir pensent-elles aux trafics générés par la signature d’un « Accord pétrole contre nourriture » imposé à l’Iran ? C’est possible. Ou alors, faut-il y voir le souci de ménager Israël ? Également possible.
(Ce sera le sujet d’un prochain article)
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