Paris: Un dimanche, place de la République
Par Gilles Munier/
Vers l’avènement d’une IIème République ?
En France, la diaspora algérienne s’organise pour être en phase avec le mouvement populaire qui rejette le système imposé en 1962 et les personnalités qui l’ont servi. C’est le cas de Nadia Bey, journaliste, qui m’a invité à une « Conférence-débat-propositions » le 25 avril dernier, à Saint-Denis.
Pour commencer, il a évidemment été question de démocratie, de pluralisme et de liberté de la presse. Les femmes, très nombreuses, ont réclamé l’abrogation du Code de la famille, inspiré par la charia. Ces revendications, défendues passionnément des deux côtés de la Méditerranée, seront du ressort du Parlement de la IIème République algérienne dont l’avènement est souhaité par tous.
En attendant, le système perdure. L’heure est à la mobilisation et au combat. La création d’une ou de plusieurs fédérations représentatives de la diaspora est à l’ordre du jour. L’interdiction faite aux bi-nationaux (article 51 de la Constitution) d’accéder à de hautes responsabilités en Algérie est perçue comme une offense à leur patriotisme et les empêche de revenir dans leur pays pour contribuer à son développement.
Lutter contre la corruption
Intervenant à mon tour en fin de soirée, j’indiquais qu’en Suisse, où une loi permet de bloquer à titre préventif les avoirs des « potentats », un avocat d’origine algérienne avait entamé des démarches pour que soient gelés les comptes du clan Bouteflika afin que l’argent ne puisse être transféré vers des destinations sans traçabilité.
Parmi les propositions destinées à aider le peuple algérien à lutter contre la corruption qui gangrène le pays, j’ai proposé que la diaspora algérienne interpelle les parlementaires français pour qu’ils votent une loi permettant, comme en Suisse, de mettre préventivement sous séquestre les avoirs et les biens de dirigeants corrompus.
Je me suis aussi demandé comment des sommes considérables d’argent sale sont déposées sans problème dans des banques françaises, alors qu’un simple citoyen doit justifier l’origine d’un transfert dépassant 10 000 euros.
J’ajoutais : « Qui dit corruption dit corrupteurs ». Je me suis alors interrogé tout haut, en me demandant si des surfacturations effectuées par certaines entreprises ou si des rétro-commissions n’aboutissaient dans les caisses de partis politiques français.
Gaïd Salah n’est pas « Monsieur mains propres »
Le 30 avril dernier, à Constantine, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’État-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense, qui dirige de facto l’Algérie a déclaré avoir en sa possession « des dossiers lourds de corruption … dévoilant des faits de spoliation des fonds publics avec des chiffres et des montants faramineux ». Ces derniers temps, il a ordonné l’incarcération de généraux et d’oligarques corrompus. D’autres arrestations sont annoncées. Mais, pour la rue algérienne, Gaïd Salah n’est pas pour autant « Monsieur mains propres ». Dans un câble datant de 2007 révélé par WikiLeaks, Robert Ford, ambassadeur américain à Alger, le présentait comme «peut-être le fonctionnaire le plus corrompu de l’armée ».
Ahmed Gaïd Salah devrait se retirer pendant qu’il en est encore temps.
Par Gilles Munier, sur le même sujet et sur You Tube :
Au fond des choses (invité Gilles Munier) – sur Amel TV (54')
Algérie : qui remportera le bras de fer entre Gaïd Salah et le peuple ? – sur Oumma.com (8'12)
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