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France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

France-Irak Actualité : actualités du Golfe à l'Atlantique

Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique. Traduction d'articles parus dans la presse arabe ou anglo-saxonne.


Election présidentielle en Irak: que s'est-il passé le 2 octobre?

Publié par Gilles Munier sur 22 Octobre 2018, 08:46am

Catégories : #Irak, #Kurdistan, #Barzani, #Bagdad

Le journaliste Hevidar Ahmed a été élu député au Parlement kurde

Par Hevidar Ahmed (revue de presse : Rudaw/Libre opinion – 17/10/18)*

Peu de temps après avoir appris sa nomination par le Parti Démocratique du Kurdistan (PDK) en tant que candidat à l’élection présidentielle irakienne, j’ai appelé Dr. Fuad Hussein pour savoir si cela était vrai. Il m’a répondu que la nouvelle serait rendue officielle dans les jours qui suivent.

Je savais que le PDK et l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK) cherchaient à remporter la présidence irakienne et je me demandais de quelle façon les deux partis pourraient bien s’entendre.

Deux jours plus tard, lors d’une conversation avec un représentant du PDK, j’ai déclaré que leur candidat n’avait aucune chance d’être élu par la voie parlementaire en raison de ses liens avec des groupes chiites irakiens et l’Iran. Pour sa part, Barham Saleh voulait tellement ce poste qu’il était prêt à tout, y compris à sacrifier son parti.

En Irak, Bafel Talabani représentait la délégation de l’UPK, Nechirvan Barzani celle du PDK et Qassem Suleimani l’iranienne. Le trio a tenu une réunion qui était connu de Brett McGurk, l’envoyé présidentiel américain dont le but est de battre Daech.

Talabani, inquiet par la possibilité que son frère Qubad puisse perdre son siège au sein du gouvernement en raison du nombre de vote décevant obtenu par l’UPK, a déclaré qu’il était prêt à lâcher Saleh et retirer sa candidature en faveur de celle de Hussein. En échange de quoi l’UPK et le PDK dirigeraient le gouvernement régional kurde à tour de rôle pour une durée de deux ans.

Nechirvan Barzani, Premier ministre du Gouvernement régional kurde (GRK), a accepté cet accord. Quant à Hero Ibrahim Ahmed, mère de Bafel Talabani, et figure centrale au sein de l’UPK, elle s’est entretenue avec le dirigeant du PDK Massoud Barzani et le Premier ministre kurde pour déclarer son opposition totale à la candidature de Saleh.

Tout semblait réglé, et Talabani avait lui-même personnellement félicité Hussein, en lui demandant seulement de nommer  Adel Abdul-Mahdi à la tête du nouveau gouvernement.

Hussein était donc destiné à entrer au parlement pour en devenir président. Mais au même moment, l’UPK manœuvrait en coulisse pour convaincre les partis arabes chiites et sunnites de voter pour Saleh. La délégation de l’UPK, et Saleh lui-même, ont averti les dirigeants sunnites et chiites que l’homme du PDK menacerait l’intégrité de l’Irak, et que, dès sa première allocution en tant que président irakien à l’assemblée des Nations unies, Hussein prônerait l’indépendance de la région kurde.

« Nous craignons que vous voir plaider pour la séparation lorsque vous irez à l’ONU » ont déclaré les dirigeants chiites Nouri al-Maliki et Falih Fayaz  à Hussein le jour avant la tenue des élections à la présidence irakienne.

Maliki avait même demandé à Hussein de lui fournir des garanties écrites qu’il ne chercherait pas à promouvoir l’indépendance du Kurdistan s’il devenait président.

Alors que Hussein se dirigeait vers le parlement pour recevoir la bénédiction de ses pairs, le dirigeant Kosrat Rasul, chef par intérim de l’UPK, proposait au Premier ministre Barzani de diviser le terme présidentiel en deux périodes, une pour chaque parti. Barzani a rejeté la proposition arguant qu’elle était anticonstitutionnelle. Ce à quoi, Rasul a répondu que Saleh resterait donc le candidat de l’UPK.

Au moment où Hussein arrivait au parlement, Saleh y était déjà, ventant sa propre candidature auprès des membres du parlement irakien. L’UPK racontait ainsi aux membres du parlement chiite que Hussein était un séparatiste qui démembrerait l’Irak.

Le candidat du PDK est lui-même chiite, a rappelé l’UPK, alors comment peut-on avoir un président et un Premier ministre chiite ?

Avant le vote, les Etats-Unis auraient rayé Saleh de leur liste en raison de son allégeance iranienne. Sur la question du pourquoi l’UPK a soutenu Saleh en fin de compte, il semblerait que Bafel ait expliqué à McGurk que la décision ne relevait pas de lui et qu’elle avait été prise par le politburo de l’UPK.

Ce qui s’est passé en fait, c’est que le Conseil de Sécurité National iranien avait déjà décidé que Saleh serait le prochain président irakien.

La position de l’Iran ainsi que la façon avec laquelle Saleh a été porté au trône pourraient causer de nombreux casse-têtes à l’UPK.  Saleh sait que ses pouvoirs sont limités à Bagdad. Il pourrait vouloir utiliser ce poste afin de renforcer sa position au sein de l’UPK, mais Qubad Talabani, Hero Ibrahim Ahmed, Shanaz Ibrahim Ahmed, et Mala Bakhtiar opposeront toute montée en puissance de ce dernier.

Hevidar Ahmed vient d’être élu au Parlement de la Région autonome du Kurdistan. Il est membre du PDK et un ancien journaliste du site Rudaw.

*Source (version originale): Rudaw

Traduction et Synthèse: Z.E pour France-Irak Actualité

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