Par Susannah George et Lori Hinnant (revue de presse : Métro Monréal /The Associated Press – 28/12/17)*
MOSSOUL, Irak — Sur environ quatre kilomètres le long de la rive ouest du Tigre, presque aucun édifice n’est intact. Le dédale des petites rues de la vieille ville de Mossoul est jonché de débris. Chaque parcelle de terrain croule sous les décombres. Des explosifs et des obus s’y trouvent, prêts à détonner au moindre faux pas.
Il faudra vraisemblablement des années pour nettoyer la ville des ravages causés par la guerre. L’armée irakienne et la coalition internationale menée par les États-Unis ont réussi à chasser Daech (le groupe armé État islamique) du pays, mais le coût de la victoire est pratiquement incalculable.
Trois années de guerre ont dévasté de vastes territoires du nord et de l’ouest de l’Irak. Le gouvernement irakien estime qu’il lui faudra 100G$ pour reconstruire le pays. Des dirigeants de Mossoul, la plus grande ville du pays à être tombée sous le joug de Daech, croient plutôt qu’il faudra cette somme uniquement pour rebâtir leur ville.
Jusqu’à maintenant, personne n’a levé la main pour éponger la facture. Les États-Unis ont déjà annoncé aux Irakiens qu’ils ne payeraient pas la note. Les autorités irakiennes espèrent que l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe se manifesteront, tout comme l’Iran.
Les Nations unies ont déjà pris les devants en remettant sur pied certaines infrastructures dans plus d’une vingtaine de villes à travers l’Irak, mais les deniers octroyés ne sont qu’une mince fraction des montants nécessaires pour rebâtir le pays.
Incidemment, la majeure partie des travaux de reconstruction effectués jusqu’à présent ont été payés par des individus qui ont pigé à même leurs économies pour remettre sur pied leur maison ou leur commerce.
Destruction généralisée
Pratiquement chaque ville ou village qui était contrôlé par Daech a besoin d’être reconstruit, bien que le niveau de dommages varie grandement d’un endroit à l’autre. Plus le processus de reconstruction s’étirera, plus les personnes déplacées par le conflit devront prolonger leur exil.
Environ 2,7 millions d’Irakiens sont retournés dans leurs terres, mais plus de 3 millions d’entre eux ne peuvent toujours pas envisager leur voyage de retour.
La ville la plus dévastée est sans conteste Mossoul. Les Nations unies évaluent qu’environ 40 000 maisons doivent être reconstruites ou grandement rénovées. Pour l’instant, quelque 600 000 résidants de Mossoul ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Avant de tomber entre les mains de Daech, la ville comptait environ 2 millions d’habitants.
La corruption endémique et les divisions confessionnelles rendent le processus de reconstruction encore plus ardu. Les régions qui sont les plus largement dévastées sont occupées majoritairement par des sunnites, alors que le gouvernement à Bagdad est dominé par des chiites.
On craint donc que les populations sunnites gardent l’impression d’avoir été abandonnées à leur sort, un ressentiment qui pourrait nourrir une prochaine génération d’extrémistes.
«La responsabilité de financer la reconstruction revient à la communauté internationale», croit Abdulsattar al-Habu, directeur de la municipalité de Mossoul qui est également conseiller à la reconstruction pour la province de Ninive, où la ville se situe.
Si la ville de Mossoul n’est pas reconstruite, «cela mènera au retour du terrorisme», prédit-il.
Source : Metro Monréal