Revue de presse : DEBKA (8/5/17)*
Il est important de relativiser l’avalanche de supposées victoires des forces combattantes soutenues par les USA sur l’Etat islamique (EI) en Syrie, Irak et Afghanistan, qui, en particulier suggère que ce dernier s’effondre dans ses places fortes de Mossoul et Raqqa et que la défaite est juste au coin de la rue.
Le 8 mai, il a été dit que le Cheikh Abdul Hasib, commandant la province afghane du Khorasan, avait été tué au cours d’une intervention, le 27 avril, des forces spéciales américano-afghanes qui avait fait deux morts parmi les Rangers US. Tous ces rapports sont exacts tels quels, mais ils ne prennent pas en compte l’optimisme qui règne au sein du commandement de l’EI. Les stratèges de l’organisation islamique, anciens officiers de l’armée du régime de Saddam Hussein et du parti Bath, sont persuadés d’avoir mis au point une réponse tactique appropriée pour contrecarrer la poussée des Américains visant à les écraser à Mossoul. Ils ne pensent pas être proches de la défaite ou encore que le califat d’Abou Bakr al-Baghdadi est en voie de disparition.
Les services de renseignements de Debka et les sources du contre-terrorisme offrent six raisons pour entériner la confiance des djihadistes, à savoir que la bataille de Mossoul n’est rien moins que consolidée :
- Le nombre de combattants de l’EI dans la vieille ville de Mossoul est très sous-estimé, à 300 ou 400 individus selon les sources militaires américaines et irakiennes, alors que le nombre exact est dix fois supérieur, soit 3000-4000.
- Les commandements américain et irakien ne savent pas encore comment contourner l’astuce des forces de l’EI qui est de relier les tunnels courant sous les immeubles, accessibles par des trous percés dans les murs des immeubles voisins. Les djihadistes peuvent donc se mouvoir d’une attaque à l’autre sans être vus.
- La seule force capable de répondre aux tactiques militaires de l’EI est la Division Or Irakienne, la seule force d’élite du commandement américano-irakien. Elle n’est cependant pas assez importante pour combattre dans plus d’une zone à la fois et est, de plus, trop lente dans ses déplacements pour dominer les combattants islamistes plus mobiles. La plupart des troupes irakiennes, après avoir été décimées, ont été retirées de Mossoul.
- L’EI a abandonné la stratégie de défendre de grands centres urbains, comme cela a été le cas au début à Ramadi, Tikrit et Fallujah et au cours des premiers stades de sa défense de Mossoul. Au lieu de cela, les combattants ont été divisés en petits détachements de 10 à 15 membres par commando et pour préparer des attentats suicides contre leurs adversaires. Ces détachements sont couverts par un groupe important loin derrière les lignes de front qui assemble des chaînes de véhicules piégés livrés à ces détachements. Chacun d’eux dispose de plus d’une douzaine de voitures bourrées d’explosifs devant être précipitées contre les Irakiens et les Américains afin de faire le maximum de victimes ainsi que d’une grande quantité de ceintures d’explosifs pour des attaques suicide.
- L’effet de ces tactiques a été désastreux. Capable de s’enfoncer jusqu’à 10kms à l’intérieur des lignes irakiennes, les véhicules et les auteurs d’attaques suicide sont arrivés à ralentir l’avance des forces irakiennes et américaines, et, dans certains endroits, à la stopper. Cette méthode a été qualifiée par le commandement américain en Syrie et Irak de « Défense par couches mobiles ». En bref, l’offensive de Mossoul, ne devant durer que quelques mois, va sur son huitième mois avec aucune fin en vue. Un exemple vivant en a été donné le 7 mai quand au moins cinq individus ont fait exploser leurs ceintures sur les forces Peshmerga Kurdes, à l’extérieur de la base K1 près de la ville pétrolière de Kirkouk où les instructeurs américains sont déployés. Deux soldats kurdes furent tués.
- Forts du succès de leurs tactiques en Irak, les chefs de l’EI les répètent sur le champ de bataille de Raqqa en Syrie. Ils ont commencé à relocaliser leurs centres de commandement à Deir ez-Zor dans l’est de la Syrie, dans la vallée de l’Euphrate, à cheval sur la frontière entre la Syrie et l’Irak. L’organisation terroriste a choisi la petite ville de al Mayadin dans le désert, à l’est de Deir ez-Zor comme le prochain siège de son commandement central en raison de cet isolement. Seules cinq routes rejoignent la ville, la plupart n’étant pas accessibles à la circulation permettant ainsi à un ennemi approchant d’être repéré. L’EI envisage de poster des escadrons de son « système mobile terrestre » le long des 170 kms de route reliant Madayin à Raqqa.
Nota (AFI-Flash): Debka est une agence de presse israélienne proche du renseignement militaire.
Traduction et Synthèse : Xavière Jardez
*Source : Debka