Analyses, informations et revue de presse sur la situation en Irak et du Golfe à l'Atlantique.
Traduction d'articles parus
dans la presse arabe ou anglo-saxonne.
Israël prépare ses civils à une prochaine guerre avec le Hezbollah
Publié par Gilles Munier
sur
22 Septembre 2016, 07:37am
L’opinion d’un analyste membre d’un think tank proche des milieux néoconservateurs et d’anciens dirigeants de la CIA.
Par David Daoud (revue de presse : The Long war journal – 17/9/16)*
Les forces de défense israélienne ont annoncé, le 16 septembre qu’elles commenceraient l’entraînement du front intérieur à l’échelon national, la semaine prochaine. Cet entraînement appelé « Restons fermes » a pour objectif de préparer les civils à des situations d’urgence et comprendra des exercices militaires intensifs pour la prochaine guerre avec le Hezbollah. Ces exercices laissent prévoir que cette guerre sera relativement plus destructrice que les confrontations précédentes pour les deux parties, mais loin du scénario apocalyptique que certains envisagent.
Au cours des dix dernières années, depuis la Deuxième Guerre du Liban, le Hezbollah est devenu indéniablement une force plus aguerrie mais qui n’est cependant pas en mesure de défier les FDI. Son arsenal a grossi pour inclure 150 000 roquettes, un réseau de tunnel plus étendu et amélioré dans le sud-Liban et il s’efforce d’ouvrir un second front sur les hauteurs du Golan.
Les exercices du Commandement du Front Intérieur prennent en compte la montée en puissance du Hezbollah et visent à habituer les civils au pire scénario de guerre. Cette guerre, selon les prévisions du Commandement, devrait être menée sur plusieurs fronts, plaçant presque tout Israël sous le feu, et engagerait l’Iran, la Syrie et le Hamas. Des simulations de tirs de roquettes intensifs sur des quartiers peuplés, des dommages à des infrastructures vitales, des cyber- attaques, et des défaillances de fourniture d’électricité et de communication sont aussi à l’ordre du jour.
Selon l’estimation des FDI, ces protagonistes ont à leur disposition 230 000 roquettes et des missiles de portée diverse, plus de la moitié figurant à l’arsenal du Hezbollah. Ils auront la possibilité de tirer ensemble une moyenne de 1500 roquettes par jour sur Israël. Par comparaison, lors de la Deuxième Guerre du Liban, le parti chiite avait réussi à tirer 160 roquettes maximum par jour sur l’Etat hébreu.
Alors que ces chiffres paraissent impressionnants, les FDI présentent une image plus sobre et rassurante. Selon le Commandement du Front, 95% de ces roquettes ont une faible portée, un rayon d’action de 28 miles (soit 35kms) avec une charge de 10 kg d’explosifs. En d’autres termes, ce sont des roquettes Katyusha et Grad peu précises et ineffectives. Si l’armée estime à 10 000, le nombre de bâtiments touchés, les dommages se concentreront sur le nord d’Israël et seulement une douzaine de frappes atteindra, à partir de Gaza, la région de Gush Dan.
L’armée pense que la plupart des tirs manquera ses cibles. Mais Israël ne laisse pas la sécurité de ses citoyens au hasard. Au cours des dernières années, Israël a développé et déployé le Dôme de Fer, son système de missiles de défense destiné à faire face aux roquettes Katyusha et un petit 1% de celles-ci frappera les zones urbaines, causant peu de dégâts en raison de leur faible charge.
Israël a aussi amélioré son plan d’alarme d’urgence déployant des systèmes qui peuvent identifier une zone de frappe dans un rayon d’un km2. Le pays a été ainsi divisé en 250 zones d’alerte (contre 25 lors de la guerre de 2006) et les grandes villes, en petites sections. Dans la perspective d’une attaque, les sirènes ne retentiront que dans la zone concernée, évitant ainsi les évacuations massives de civils vers des abris à chaque frappe.
Entre améliorations et armes ineffectives du Hezbollah, les FDI prévoient un quotient faible de victimes civiles en Israël. Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, avait menacé, par le passé, « de tuer des dizaines de milliers » d’Israéliens avec ses attaques à la roquette, mais le Commandement du Front intérieur évalue le nombre de victimes à 250/500.
Si les dégâts infligés au front intérieur et le nombre de victimes ne s’avéreront pas catastrophiques, il sera cependant bien supérieur à celui subi par l’Etat juif depuis la guerre d’indépendance de 1948. Un tel prix ne sera accepté que si les FDI arrivent à porter un coup sérieux au Hezbollah au cours de la prochaine confrontation.