Par Gilles Munier/
Les Français qui poussent des cris d’orfraie devant l’arrivée dans l’Union européenne de dizaines de milliers de réfugiés des guerres d’agression de l’Occident, n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes pour avoir élu des va-t-en-guerre irresponsables, et de ne pas avoir réclamé qu’ils secourent au moins les « victimes collatérales » de la déstabilisation des régimes afghan, irakien, libyen, malien, syrien, et maintenant yéménite.
Parmi les 54% de Français qui seraient hostiles à l’accueil des réfugiés, combien s’apprêtent à réélire les mêmes hommes politiques au lieu de leur demander des comptes ? Sarkozy, Juppé, Fillon, Hollande sont impliqués dans les désastres humanitaires actuels et en provoqueront d’autres si l’occasion leur est donnée.
En réduisant le flot d’arrivants à une « invasion barbare », Marine Le Pen n’apporte aucune réponse sérieuse à la crise dite des migrants.
Les réfugiés syriens sont, pour beaucoup, de jeunes hommes diplômés à la recherche d’un emploi pour subvenir financièrement aux besoins de leurs parents qui croupissent dans des camps insalubres. Ils feront venir leurs proches et s’implanteront définitivement en Europe, car aucun d’entre eux ne veut connaître le sort des réfugiés palestiniens, oubliés depuis 1948 par la « communauté internationale » dans les ghettos de Syrie, de Jordanie ou du Liban.
En donnant l’ordre de bombarder l’Irak (Opération Chammal) en septembre 2014, et bientôt la Syrie, François Hollande n’a fait qu’ajouter du malheur au malheur. Il a accru et va accroître le nombre de déplacés ou de réfugiés venant de ces pays, pousser des familles entières à l’exil, creuser encore plus le fossé séparant la France du monde musulman.
Quand viendra-t-il le jour où une majorité de Français s’apercevra que la politique agressive de ses gouvernants au Moyen-Orient et en Afrique perturbe un peu trop la stabilité de leur environnement social et culturel, et que le moindre mal serait de reconnaître enfin le droit aux peuples musulmans à disposer d’eux-mêmes ?
Photo : Avions Rafale (Opération Chammal)
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