Revue de presse: Assawra (30/1/15)
"Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration d'Hitler pour exterminer les musulmans ?" C'est la question que pose l'hebdomadaire marocain El Watan Al Ane, dans son édition du 29 janvier, en présentant en une le président français avec les attributs du leader du IIIe Reich. Une façon pour le journal de protester et de tirer la sonnette d'alarme quant à la politique intérieure française.
Le directeur de la publication du journal, Abderrahim Ariri, assume totalement le choix de sa couverture ainsi que l'analogie avec le régime nazi. Interrogé par le site du magazine Tel Quel, il "assume" sans problème cette couverture et cette comparaison : "François Hollande mérite pire", estime-t-il. Et d'ajouter : "Le gouvernement français n'assure pas la sécurité des citoyens musulmans en France, comme c'est le cas pour la communauté juive. Plusieurs lieux de culte musulmans sont attaqués quotidiennement sans que cela alerte les autorités françaises"..
Rebondissant sur la flambée des violences à l'encontre des musulmans depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, Abderrahim Ariri estime que "la gauche comme la droite française sont parties dans une compétition à qui va causer le plus de tort à la communauté musulmane après ces attentats". Selon lui, la France prépare "le pays à priver les musulmans de leurs droits, logements et emplois, si ça continue comme ça".
Cette une intervient alors que les relations entre la France et le Maroc ont rarement été aussi froides. D'ordinaire alliés, les deux pays ont cessé tout contact diplomatique depuis près d'un an. En effet, le Maroc a suspendu fin février 2014 sa coopération judiciaire avec la France et la coopération sécuritaire a également été affectée, alors que les deux pays sont engagés dans une lutte de longue haleine contre le djihadisme. Les deux partenaires, à la relation d'ordinaire bien cadrée, ont le plus grand mal à tourner la page d'une crise inédite, née de dépôts de plainte en France contre de hauts dignitaires marocains.
En février 2014, des policiers s'étaient rendus à la résidence de l'ambassadeur marocain pour notifier une convocation à l'encontre du patron des services de renseignements Abdelatif Hammouchi, contre qui des opposants marocains avaient déposé à Paris des plaintes pour torture. "Nous n'avons jamais demandé une immunité judiciaire, quelle qu'elle soit, pour aucun de nos responsables", a réitéré le ministre marocain de la Justice Mustapha Ramid, en visite à Paris vendredi, démentant une nouvelle fois que Rabat soit à la recherche d'une exception au principe de compétence universelle autorisant la justice française à poursuivre des responsables étrangers sur son territoire. "Ce que nous demandons depuis le début (de la crise), c'est la révision des conventions d'entraide judiciaire", a-t-il ajouté, sans entrer dans le détail.
La suspension de la coopération judiciaire a de nombreuses répercussions. Paris est le premier partenaire économique du royaume, où vivent entre 60 000 et 80 000 Français tandis que plus de 1,3 million de Marocains résident en France.
Source et photo de couverture: Assawra