Revue de presse : Le Grand Soir (extrait - 10/3/13)
(…) Peu après l’invasion de mars 2003, Jim Steele était à Bagdad comme un des plus importants « consultants » de la Maison Blanche, d’où il envoyait des rapports à Rumsfeld. Ses rapports étaient tellement appréciés que Rumsfeld les transférait à George Bush et Cheney. Rumsfeld parlait de lui en termes élogieux. « Nous avons eu une conversation hier avec le Général Petraeus et j’ai eu une réunion avec un dénommé Steele qui travaille sur le terrain avec les forces de sécurité et qui fait un travail magnifique, en tant que civil. »
En juin 2004, Petraeus arrive à Bagdad avec la consigne de former une nouvelle force de police irakienne dédiée à la contre-insurrection. Steele et le colonel US en exercice, James Coffman, présentent à Petraeus un petit groupe de durs-à-cuire des commandos de la police, dont beaucoup étaient des survivants endurcis de l’ancien régime, dont le général Adnan Thabit, condamné à mort pour un complot raté contre Saddam mais dont la tête fut sauvée par l’invasion US. Thabit, sélectionné par les Américains pour diriger les Commandos Spéciaux de la Police, noue des relations étroites avec les nouveaux conseillers. « Ils sont devenus mes amis. Mes conseillers, James Steele et le colonel Coffman, étaient tous les deux des anciens des forces spéciales, j’ai donc pu profiter de leur expérience... mais mon contact principal était David Petraeus. »
Avec Steele et Coffman comme hommes de confiance, Petraeus a commencé à injecter de l’argent tiré d’un fonds de plusieurs millions de dollars dans ce qui allait devenir les Commandos Spéciaux de la police. Selon le US Government Accounts Office (comptable du trésor – NdT), ils ont reçu une partie des 8,2 milliards de dollars de l’argent des contribuables. Le montant exact est classifié.
Avec des fonds et des armes en quantité quasi illimitée, et l’expérience de Steele en matière de contre-insurrection, tout était prêt pour l’entrée en scène de commandos dotés d’une puissance terrifiante. Un élément de plus allait compléter le tableau. Les Etats-Unis avaient interdit aux membres des milices chiites violentes telles que la Brigade Badr et l’Armée de Mahdi, de rejoindre les forces de sécurité, mais au cours de l’été 2004, cette interdiction fut levée.
Des miliciens chiites sont arrivés de tout le pays « par camions entiers » à Bagdad pour rejoindre les nouveaux commandos. Ces hommes étaient impatients d’en découdre avec les sunnites : nombreux venaient chercher vengeance après des décennies de règne de Saddam soutenu par les sunnites, et la possibilité de riposter aux insurgés violents et au terrorisme aveugle d’Al-Qaïda. (…)
* Lire : Du Salvador à l’Irak : l’homme de Washington derrière les escadrons de la mort (The Guardian)
The Guardian (6/3/13) :
http://www.guardian.co.uk/world/2013/mar/06/el-salvador-iraq-police-squads-washington
James Steele: America's mystery man in Iraq (video - 51’08)
http://www.guardian.co.uk/world/video/2013/mar/06/james-steele-america-iraq-video