Tariq Ramadan a donné une interview au journal "Libération" : celle-ci est reprise ici dans la formulation exacte des questions auxquelles le professeur à Oxford a répondu ; ses réponses, comme le lecteur pourra s’en rendre compte, sont extrêmement claires. Le journaliste en a ignoré la substance en commettant un article où la malveillance le dispute à la malhonnêteté*. Lors d’un entretien téléphonique, le journaliste a affirmé avoir visionné une centaine de vidéos des conférences de Tariq Ramadan, et n’y avoir jamais entendu la moindre critique à l’égard du Qatar !!! Quant à la position du professeur sur les Frères Musulmans, la seule lecture de son dernier ouvrage ("L’islam et le réveil arabe" - Presses du Châtelet - Nov.2011), aurait suffit à éclairer la lanterne du journaliste peu scrupuleux.
Confirmez-vous la fin de votre contrat à Oxford qui courait sur 3 ans ?
La chaire d’Oxford est une chaire permanente que le Qatar a certes financé mais dont la gestion est sous l’autorité exclusive d’Oxford. L’appel à candidature, la sélection puis le choix du professeur ont suivi les règles académiques établies de façon stricte par l’université. J’ai été choisi sur la base d’un dossier de candidature et d’une interview comme ont dû le faire tous les candidats à ce poste professoral permanent (une vingtaine à ma connaissance).
Est-ce la fin de votre collaboration à Oxford ?
Absolument pas, la chaire d’Études islamiques contemporaines est une Chaire permanente établie a Oxford selon le règlement de l’université d’Oxford.
Enseignez-vous, outre au CILE, à la faculté islamique de Doha ?
Au moment de l’établissement de l’accord entre la Qatar Foundation et l’université d’Oxford, il a été établi que le détenteur du poste serait un "Professeur invité" à la Faculté d’Études Islamiques du Qatar pour enseigner un cours unique sur huit semaines et ce pendant les dix premières années de la Chaire. C’est ce que je fais.
Touchez-vous une rémunération de la part du Qatar au titre de vos enseignements ?
Non, je ne reçois aucune rémunération. Mon enseignement au Qatar fait partie de mon contrat avec l’université d’Oxford et mon salaire est celui d’un Professeur enseignant à Oxford à temps plein, établi et versé par Oxford selon le barème officiel de l’institution.
Pourquoi, alors que vous êtes très attentif (à raison) aux discriminations subies par les musulmans de France, ne vous entend-on jamais parler de la situation des travailleurs immigrés à Doha ?
Manifestement, vous ne devez pas être au courant de toutes mes prises de position. Non seulement j’en ai parlé et j’ai dénoncé cette situation. J’ai parlé aux plus hautes autorités au Qatar et cette semaine nous avons organisé, pour la première fois au Qatar, une table ronde sur les "immigrant workers", les manquements à l’éthique et les nécessités de réformes (voir lien ci-dessous**). Mes positions critiques sont claires sur le plan politique, sur la question des libertés (j’ai pris position publiquement sur le poète emprisonné) ou sur l’immigration.
Le Qatar peut-il devenir un partenaire privilégié pour l’islam de France ?
Le Qatar n’a pas à s’occuper de l’islam de France comme ne doivent pas s’en occuper ni le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ou l’Arabie Saoudite. L’islam de France est une affaire française et les citoyens français de confession musulmane doivent rester indépendants intellectuellement, financièrement, et religieusement. Je le répète depuis 25 ans et je m’oppose à toutes interférences du Qatar ou autres pays.
Source :
http:// http://www.tariqramadan.com/spip.php?article12857
* L’article paru dans Libération :
** http://cilecenter.org/media-center-fr/press-releases-fr/press-release-fr?item=151&backArt=222