L’échappée de Nouri al-Maliki en tête des candidats au poste de Premier ministre tourne à la course contre la montre. Après son adoubement par Ali Khamemeï, Guide de la révolution iranienne, Al-Maliki devait bien se douter que son entretien avec Moqtada al-Sadr, le 21 octobre, à Qom, ne serait pas facile, mais il ne s’attendait certainement pas à subir une douche froide. Le Sayyed l’a reçu rapidement pour lui donner jusqu’à la fin du mois d’octobre pour former un gouvernement – ce qui est pratiquement impossible à réaliser - comprenant des membres d’Al-Iraqiya, du Conseil Suprême Islamique (ISCI) et du Bloc kurde (1). Si ces conditions n’étaient pas remplies, a-t-il prévenu, le courant Sadr lui retirerait son soutien.
A moins que Moqtada al-Sadr n’entende réintroduire dans la course les candidats arrivés les premiers au referendum qu’il a organisé en avril dernier (2) - Ibrahim al-Jaafari et son cousin Jaafar al-Sadr, fils de l’ayatollah Baqer al-Sadr, fondateur d’Al-Dawa - ce rebondissement remet en selle Adel Abdel-Mahdi, candidat du bloc chiite INA au poste de Premier ministre, et par voie de conséquence renforce Iyad Allaoui. Ces deux derniers dirigeants, apparemment opposés, ont des atomes crochus : ils étaient tous les deux baasistes dans les années 60.
Le feuilleton électoral irakien doit donner le tournie aux Américains qui avaient ordonné à leurs forces spéciales, en 2004, de capturer Moqtada al-Sadr « mort ou vif » et qui l’ont inscrit, depuis, sur leur liste noire. A peine James F. Jeffrey, ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, avait-il mis en garde Nouri al-Maliki contre la menace que représentait le Sayyed pour la démocratie en Irak (3), qu’il a appris qu’Iyad Allaoui, favori de la CIA et du MI6 britannique, et Moqtada s’étaient téléphoné à plusieurs reprises, ces derniers jours, pour parler de la formation du prochain gouvernement !
A suivre…
Notes :
(1) Allawi – Al-Hakim Alliance to be Announcement Soon, par Asharq al-Awsat
http://www.aawsat.com/english/news.asp?section=1&id=22737
(2) Moqtada al-Sadr et la « démocratie participative »
(3) Nouri al-Maliki : dernière ligne droite avant second mandat ?