Par Abdulrahman al-Rashed (revue de presse : iranmanif- 4/2/14)*
Al –Arabiya, 1er février - Deux événements semblables dans deux pays voisins, deux régimes alliés et deux dirigeants sont sur le point de
tomber en Irak et en Syrie. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et le Président Bachar al-Assad sont confrontés aux mêmes défis et problèmes, et doivent quitter le pouvoir alors que les
deux sont alliés dans la guerre. Maliki a réaffirmé qu'il ne permettra pas l'effondrement de son allié, le régime d’Assad, malgré ses crimes horribles.
Ce n'est ni mon histoire, ni mon point de vue, mais les deux régimes se sont battus contre le soi-disant Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL). Il n'y a rien de suspect concernant le combat d’EIIL puisqu'il s'agit d'un groupe terroriste, sauf que son apparition est parallèle à la crise des deux régimes et qu’il n’a joué de rôle actif que dans les régions contrôlées par l'opposition. Maliki et Assad ont utilisé l’EIIL pour manipuler les opinions publiques occidentales et locales. Le combat d’EIIL est associé à la survie des deux régimes qui vivent vraisemblablement leurs derniers jours de pouvoir !
Maliki, le paria
Maliki est un gouvernant légitime élu par scrutin, mais qui ne veut pas quitter le pouvoir d’autant plus qu’il ne reste que deux mois avant les élections législatives qui détermineront son
avenir. Ce sera difficile pour lui de gagner, voire impossible.
Aujourd'hui, Maliki est devenu un paria que de nombreuses forces politiques, y compris ses alliés ont abandonné alors qu’il n'a pas gagné à la majorité des voix. Il a gagné avec les voix des
sadristes, le Conseil suprême dirigé par Ammar al-Hakim et des Kurdes. Désormais, il est presque certain que les sadristes et le Conseil d'al-Hakim sont contre lui, il a donc perdu la majorité
des votes chiites. Par ailleurs, M. Maliki est en désaccord avec le gouvernement régional du Kurdistan et en conséquence, il a perdu les voix des Kurdes. Ce qui est encore pire, c'est que ses
candidats ont honteusement perdu lors des dernières élections municipales, au cours desquelles la majorité des Irakiens a rejeté Maliki, qui a passé huit ans à déchirer le pays par la corruption
et le terrorisme.
Lorsque Maliki s'est rendu à Washington, le gouvernement américain l’a mis en garde contre l'utilisation de la lutte contre le terrorisme comme excuse pour annuler les élections. Ils ont même dit
au Président du parlement irakien, Oussama al-Nujaifi, qu'ils craignaient que la lutte de Maliki contre l’EIIL dans la province d’Anbar entraine le report des élections dans le but de
rester au pouvoir.
En effet, cela peut être le plan de Maliki : provoquer les tribus et des clans d’Anbar sous le prétexte de la lutte contre l’EIIL et entrainer la population d'Anbar dans une guerre
sectaire. Maliki veut redorer son image en s'engageant dans le combat contre la province sunnite d’Anbar en tant que protecteur des chiites. Il a pour but de regagner les votes des sadristes et
du Conseil Suprême d’Ammar al-Hakim ! Par conséquent, il a estimé qu'il ne peut pas faire pression sur les chiites depuis que les sadristes l’ont explicitement mis en garde de ne pas lutter
l’EIIL dans le but de gagner les élections.
Scénario catastrophe
Le cas le plus probable et le pire des scénarios est que Maliki va en effet utiliser les affrontements contre l’EIIL et les insurgés à Anbar pour déclarer l'état d’urgence, puis
reportera les élections jusqu'à la fin juillet, date à laquelle le parlement irakien expire et perd ses pouvoirs législatifs. Par conséquent, Maliki seul décidera quand et comment organiser les
élections, une année ou deux plus tard et par conséquent, restera un cauchemar pour le peuple irakien.
Maliki reproduit le plan d'Assad en Syrie. Il utilise l’EIIL pour intimider le peuple irakien et menacer l'Occident afin de rester au pouvoir. Les connexions de Maliki avec l'Iran sont
probablement une répétition du scénario d’Assad.
*Abdulrahman al-Rashed est le directeur général de la chaine d’information d'Al Arabiya.
http://iranmanif.org/index.php/integrisme/3773-irak-syrie-assad-maliki-et-l-utilisation-de-l-eiil